Kinda Lost l PV Elle

Il s'était un peu perdu.

Ca faisait maintenant des jours qu'il trainait dans ces montagnes, et il n'en voyait pas la fin. C'était GRAND. Il avait l'impression de tourner en rond - non il tournait carrément en rond. Il avait un excellent sens de l'orientation, en général, mais ces derniers jours il se sentait un peu malade et ça avait complètement dérangé sa capacité à se diriger.

Alors il marchait, à flanc de montagne, sur un petit sentier de proies. Asclepia cherchait un moyen d'entrer sous le dôme, cette énorme boule verte (très dégueu baaah) qui enfermait toute une partie du territoire. Il l'avait sentie trembler, ces derniers temps. Comme si quelque chose était en train d'arriver. Mais fort peu coutumier de ces terres, il était bien incapable de conclure quoi que ce soit.

Alors il avait rôdé dans les environs, et avait fini par retourner dans les

Comment les appelaient-ils déjà ?

Ah oui, les Monts Célestes.

C'était pas ouf, mais il y avait pire, comme nom.

Asclepia s'assit. Sa longue queue de paon s'étalait en couverture derrière lui, reposant sur le sol comme une parure merveilleuse. Ses pattes, longues, fines, délicates, tremblaient légèrement. Ah, il n'était pas fait pour cette vie ! Il soupira, et avisa un minuscule cours d'eau en contrebas, qu'il rejoint en quelques bonds avant de pencher son long cou gracile vers le fruit de sa convoitise.

Ca faisait du bien - un peu trop froid, brûlant la gorge, mais revigorant.

Il se roula en boule à même la berge et posa sa tête sur son épaule, pensif. Il était un peu désœuvré. Il voulait se rendre au temple de la déesse rose, mais il était inaccessible. Devait-il rentrer ? Il ne pouvait s'y résoudre : il avait fait tant de chemin !

En entendant des pattes crisser dans la neige, Asclepia relève la tête et scrute les environs, curieux de ce qui peut bien approcher. Il ne pense pas risquer grand chose, prêt à déployer ses grandes ailes de paon, mais il reste un animal curieux. Et il fait bien : ce qui se dévoile sous ses yeux fait pétiller ses rétines.

C'est un loup. Mais il ressemble autant à un loup que lui, avec ses grandes plants dorées qui lui sortent des épaules et de la queue, qu'il a d'aussi longue que touffue, et ses... Mains ? Qui foulent le sol délicatement. Et il le regarde ! Il l'observe ! Et ça, Asclepia aime vraiment beaucoup beaucoup. Alors il se redresse, lentement, et étire ses quatre pattes les unes après les autres avec une lenteur exaspérante. Histoire de bien montrer la courbe de son dos, la pointe de ses plumes, le reflet du soleil sur son pelage plumage iridescent couvrant toutes les teintes du bleu azur au violet en miroitantes étincelles.

Le loup bleu clair en face de lui semblait fasciné. Ah ! Depuis longtemps, il n'avait pas ressenti ce pincement au coeur d'être admiré. Enfin ! C'était agréable, et ça lui avait manqué. Et l'autre, de prendre la parole et de l'encenser comme ça ! Il l'appréciait déjà. Enfin, comme Asclépia pouvait apprécier quelqu'un : avec intérêt.

Il roucoula, et roula des hanches.

Bonjour ~ 

Il savait, que les loups n'arrivaient jamais à le genrer à la première rencontre. Il n'avait pas encore décidé. Serait-il mâle ? Ou femelle ? Il n'arrivait pas à déterminer de quelle façon il marquerait le plus de points avec le loup en face de lui.

Asclepia s'approcha du loup bicolore et frôla sa joue de son museau, avant d'étendre ses longues ailes vertes et les agiter doucement dans la brise.

Merci. Je suis un aviaire, mes semblables couvrent les continents plus à l'Est d'ici.

Il fit un pas en arrière et l'admira, les yeux brillants.

Mais vous êtes vous aussi un individu exquis, je dois dire. Votre poil a l'air si doux, et ces mains, je n'imagine pas ce que leur contact doit pouvoir provoquer. Vous devez avoir une précision sans pareil non ? 

L'autre, en face, n'était pas avare de compliment : il fallait donc se plier à l'exercice, et enchaîner aussi. Sa voix, chantante, oscillait entre deux octaves. Trop aigüe pour être masculine, trop grave pour être féminine, androgyne et envoutante.

Et voilà qu'il lui tourne autour, qu'il l'approche, qu'il l'effleure à son tour. Il est fier, Asclepia. Il est fier comme un paon, il est presque à se dandiner pour pouvoir être observé tout entier, il se laisse papouiller, se laisse observer même de trop près - il en a l'habitude. D'ailleurs peut-être qu'il va essayer de garder le contact avec ce loup bleu et ses branches de lumière qui lui sortent des fesses, c'est le premier à enfin lui témoigner ce respect dû, et il en reprendrait bien une pelletée ou deux à l'occasion.

Alors Asclepia roucoule et se pavane, fidèle à cet oiseau auquel il emprunte des traits.

Mais vite, il se rend compte qu'il n'arrivera pas vraiment à l'effet escompté. Le loup en face de lui est fasciné, mais c'est une curiosité candide avec laquelle Asclepia ne pense pas pouvoir jouer bien longtemps. C'est un loup juste trop gentil, qui de toute évidence se damnerait pour n'importe qui. Il pourrait bien le mener par le bout du nez - mais tout le monde le pourrait.

Et il pose beaucoup de questions. Asclepia arrête son manège pour s'asseoir tranquillement. La chasse a perdu de son gout, et le loup bleu et vert se contente de se repaître de l'attention de l'autre, sans plus chercher à la provoquer davantage.

Voler est sensationnel.

Bon, ils n'étaient et ne seraient jamais les meilleurs aviaires, leurs corps bien que léger n'était pas autant taillé pour ça que celui des rapaces ou autres oiseaux. Mais, il pouvait voler, et ne s'en plaignait pas. Pour illustrer ses paroles et répondre à la question du grand curieux, il les déploya entièrement, de chaque côté de son corps, tirant sur ses rémiges pour bien distinguer chaque plume, chaque oeil qui fixait son interlocuteur comme une entité indépendante.

Oui, nous avons les os creux, mais notre système de reproduction se rapproche plus de celui des mammifères.

C'était plaisant, toute cette attention. Asclepia relança, lui aussi voulait en savoir un peu plus sur ce loup-jardinier. Et puis, les fleurs, c'est formidable : c'est Beau.

Et tu es ? ~