Rhume des Glaces l Prio Eper & Alth

Il arrêtait pas d'éternuer, et ça faisait un boucan du diable. A chaque fois, il sentait la goutte lui monter au nez et lui chatouiller la truffe, l'obligeant à renifler de façon peu élégante. Il avait vraiment un air de chien battu, toujours en train de miauler son inconfort, pestant contre le froid, pestant contre la neige, pestant contre la glace et contre les monstres qui en sortaient. Et, finalement, il s'était rendu compte qu'il était seul à connaître à la fois la violette et le loup tricolore. Prenant les devants, il attaqua tout de suite dans le gras de la conversation :

Aloooors Tarko, voilà là Faiseuse-De-Grenouilles, c'est ma meilleure amie !

Déjà, parce qu'elle méritait ce titre tout désigné pour la personne que l'on pouvait facilement déclarer la plus drôle du continent (les autres étaient tous des pisse-mémère), et ensuite parce que son rôle exigeait qu'il ait une meilleure amie. Il passa à la seconde :

Et Faiseuse-De-Grenouilles, je te présente Tarko. C'est...

Il rougit violemment, cherchant les termes. Ah, oui, celui là pouvait convenir :

C'est mon preux chevalier qui est venu à mon secours quand la force me manquait. Et qui a, encore une fois, fait preuve de grand courage et de témérité, pour venir à mon secours !

Asclepia se pencha vers Lewis :

Toi aussi, ma soeur, et attaquant de front ce monstre.

Il fait quelques pas avant de reprendre, incapable de stopper son flot de parole, alors qu'ils se rapprochaient de l'entrée du Dédale. Il en connaissait vaguement l'emplacement, bien que jamais il ne se serait osé à l'intérieur.

Vous l'avez vu, la louve, n'est-ce pas ? Qu'elle était belle, et imposante !

Ses yeux brillent, alors qu'il enferme le groupe de son regard :

Il faut y retourner.

Il veut savoir. Sa curiosité n'a pas de limite. Il est venu sur ces terres, il a acquis la couleur de la déesse de la beauté, et son office ici était fait. Son but n'avait pas varié, tout au plus s'était-il affirmé : c'était avec Tarko et Lewis qu'il souhaitait s'amuser pour l'instant, eux qui étaient de si bonne compagnie.

Lewis

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Froid.

Ils avaient attrapé froid, comme de pauvres p’tits louveteaux sans défense. Lewis renifla. Dire qu’en plus ils avaient dû laissé Monsieur Cochon dans la glace… même si ils allaient y retourner cela avec quelque chose d’agaçant. Tss ! Oh moins, y’avait Maître Corbeau pour tenir compagnie à la louvette, ainsi que l’étrange loup digne du surnom « Princesse. »

La queue de la pirate balaya le sol en entendant les présentations de solitaire.

« — C’était si drôle ! Dis, dis Corbeau, on va bientôt retourner en taper d’autres hein ? J’veux pas que la glace nous aide cette fois, c ‘est pas drôle… »

C’était une forme de triche en plus et tricher = ennui mortel.

Lewis sautilla partout, malgré les blessures que lui avait infligé le cochon préhistorique. Ça picotait un peu, m’enfin pas si grave que ça ! Le pire, c’était le nez bouché, alors ça !

« — Va falloir qu’on s’équipe contre le froid, parce que le nez bouché c’est vraiment nul… »

La louve bondit alors sur Princesse — alias Tarko, mais fallait qu’elle lui trouve un p’tit nom — toute joyeuse.

« — Hein, hein t’en penses quoi Princesse ? »

Invité

Ils parviennent tous les trois à s’échapper.
Devant eux, la grotte s’effondre. La poudreuse soulevée par le vent frai vient se poser sur leurs poils. Le soleil rayonne et réchauffe les corps. Tarko soupire, soulagé d’être sorti de là dessous et déçu de ne pas avoir pu suivre la louve inconnue. Mais ce n’est que partie remise, il le sait. Les mots d’Asclepia lui confirment qu’il n’est pas le seul à souhaiter retourner là-bas au plus vite. Mais avant il faut se reposer. Le mâle ne connaît pas celle que l’hybride nomme « la faiseuse de grenouilles » et quand il est proposé de se rendre chez elle, le solitaire reste septique. Sa truffe gelée ne lui permet pas de sentir d’où vient la femelle. Confus et fatigué, il accepte tout de même de suivre celle qui est accompagnée par de petits animaux qui semblent très attachés à elle. Sa tanière à lui est trop éloignée et il n’a pas spécialement envie que deux femelles s’invitent chez lui.

Leurs pattes les portent jusqu’au territoire Nakhu. Jusque là aucun problème, lui même est passé par là à l’aller. Lorsque le solitaire comprend qu’ils ne font pas que traverser, il se braque. Hors de question qu’il accepte l’aide d’une meute, il se débrouille assez bien tout seul. Et puis Tarko est secoué d’un long frisson qui n’augure rien de bon. Celui qui annonce la maladie qui couve. Le bleu à le choix. Se soigner seul avec se qu’il trouve et perdre un temps précieux ou profiter de cette précieuse aide pour être sur patte en un rien de temps. Il ronchonne. Tiraillé entre ses principes et Elle. Un grognement sonore s’échappe de sa gueule. C’est la première et dernière fois qu’il accepte de l’aide d’une meute. Bougon, il suit Asclepia et « la faiseuse de grenouilles » jusqu’à l’entrée du Dédale.

Des terres Nakhu, le Dédale est le seul lieu qu’il n’a pas visité. Il ne l’a même pas approché de loin. La meute rode beaucoup plus à cet endroit. C’est trop dangereux. Lui a préféré profité d’endroits plus calmes comme la vallée des murmures. Il passe, l’échine courbée, devant deux impressionnantes statues et se dépêche de rejoindre le reste du trio. Pourquoi Asclepia semble si à l’aise ici ? Le voilà qui grogne à nouveau. Décidément, elle a bien changée la demoiselle en détresse. Maintenant en plus de s’être entichée des dieux elle fricote avec les meutes c’est quoi la suite ? Elle lui annonce être un mec ? Pffff. Et puis quoi encore ?
Ici, Tarko ne se sent pas bien. Déjà car il est de nouveau dans un labyrinthe et qu’il en a sa claque de marcher indéfiniment dans des couloirs. Merde quoi, il est pas sorti des boyaux gelés pour se foutre à nouveau sous terre. Ensuite, car dans le Dédale, se sont tous les Nakhus qui les observent, les jugent et murmurent à leur sujet. Et lui, le solitaire, le paria, il n’est pas le bienvenu, il le sent. Alors il ne fait pas l’effort de sourire, son regard se durci un peu plus et quiconque le croise reçoit un regard noir.

Alors que Tarko est au même niveau que ses camarades, Asclepia prend les devants pour les présentations. Le brossage de poil ne suffit pas à lui faire oublier sa mauvaise humeur mais une autre des paroles du loup-paon fait pivoter les oreilles du mâle.

— Magnifique.

Un seul mot presque chuchoté à lui même pour toute réponse. L’image de la louve est gravée dans son esprit. Il est pensif. La scène tourne en boucle dans sa tête comme un film que l’on ne cesse de rembobiner. La rencontre de deux mondes séparés uniquement par un mur de glace. Curieux l’un de l’autre. Puis cette brève apparition, si lointaine à la limite du réel. Magnifique.

— Il faut y retourner.

Tarko répète machinalement la phrase d’Asclepia. Il est convaincu qu’il peut la retrouver.

C’est finalement la voix de « la faiseuse de grenouilles » qui le sort de sa rêverie. Il l’écoute d’une oreille distraite et hoche la tête en signe d’approbation par moment. La fatigue lui tombe dessus, son corps commence à se couvrir de frissons. Il a froid et chaud à la fois. Comme Asclepia il éternue. La maladie n’a pas attendue bien longtemps avant de se manifester. Il jette un coup d’œil à ses coussinets. ‘Sont dans un sale état. Quand la louve se jette sur lui, il manque de s’étaler sous son poids. Est-ce qu’elle vient vraiment de l’appeler « Princesse » ? Ils ont des drôles d’habitudes ses Nakhus à se donner ce genre de surnom. Il lui répond d’un ton bourru.

— Oui, faut qu’on s’prépare à r’partir au plus vite.

À peine a-t-il fini sa phrase qu’une forte quinte de toux le prend à la gorge. Même malade il retournera là-bas. Même s’il doit y laisser sa peau, il retournera la chercher.

Ce sont les pas de Lewis, qu'ils suivent, tous deux incapables de se diriger dans ce lieu. Asclepia, s'il le cache, n'est pas plus à l'aise que Tarko. Il n'aime pas les foules, qui l'empêchent de jouer de son talent de grand joueur. Cependant, personne ne vient vraiment les embêter, tenus en respect par l'odeur du sang et leurs mines fatiguées. Ils sont des rescapés, ils ont besoin de calme et de soins, et c'est ce qui leur est apporté. On reconnaît bien là les Nakhus, tous aussi bêtes à manger du foin. Heureusement qu'il y avait Lewis pour remonter un peu le level ! Asclepia voit bien par contre les réticences du grand loup tricolore. Ca n'est pas sa came, tout ça. Il se souvient de son regard quand il avait aperçu son glowstick.

La fascination dans la voix de son ami lui tire un long regard de jalousie. Cette louve, bien sûr qu'elle a attiré son attention aussi, mais au point de le faire oublier complètement ! Ca c'était fort de café ! Le grand loup-paon s'approcha un peu plus de son ami et lui glissa son museau dans le cou, le recouvrant de son aile pour le réchauffer, avant de lui susurrer doucement :

Mais d'abord il faut se remettre sur pied.

Et il éternua, comme pour confirmer ces paroles. Il se tourna vers Lewis :

Ouais. Faut que j'double ma cape. Elle est si belle pourtant !

Sur les gros monstres, il n'était pas si sûre. C'était pas vraiment un combattant, Asclepia ! Et s'il pouvait éviter de se coller du sang plein les poils, ce serait pas mal. Prendre des risques, tout ça. Il avait confiance en sa capacité à s'échapper, mais leur taper dessus... Bon. Il gloussa.

C'est là qu'Eva apparut, oreilles en avant, un air... Curieux et indéchiffrable sur le visage, devant la scène que formait l'aviaire et le solitaire.

... Asclepia ? Qu'est-ce que tu fais là ?

S'il y en avait bien un qu'elle ne pensait jamais revoir, ici, c'était bien lui. Elle le connaissait peu, ce petit aviaire, mais assez pour comprendre qu'il était parfaitement intégré à la hiérarchie des paons, et que la quitter ne lui apporterait que des ennuis. Elle avisa la boucle rose qui luisait à son col. Disciple de Moiro, avec ça.

Ah, eh, bonjour Eva !

Il aurait du y penser avant, putain... C'est vrai que sa gourde de cousine créchait là. C'était attendu, que de la croiser.

Mais heureusement Eva était du genre à classer ses priorités dans le bon ordre, et elle bondit vers la louve violette.

Lewis ! Tu es blessée. Montre moi ça ! Que s'est-il passé ?

Et elle s'affaira pour aller chercher des bandages dans un coin et les appliquer sur les plaies encore sanguinolentes de sa... Disciple. Si on pouvait l'appeler ainsi.

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'PC ING - Soin' :
Rhume des Glaces l Prio Eper & Alth Reussite1

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Lewis

Hum, oui il allait falloir se voir contre le froid. Lewis pourrait peut-être doubler son capuchon de l’intérieur ? Histoire d’avoir plus chaud, même si son pelage était plutôt épais dans son genre. Tout cela était à réfléchir ! Oh moins, s’accordaient-ils tous sur le point qu’ils devaient y retourner.

Mais Lewis n’eut pas le temps d’élaborer un p’tit programme, que déjà Oiseau-Qui-Échappa-À-L’-Océan fondit sur eux, venant étudier les blessures de la mauve qui se laissa manipuler sans protester, ses babines étirées en un large sourire.

« — Evaaaaaaaaaaaaaaa ! »

C’est que l’ancienne pirate était contente de la retrouver quand même, Cendres devait pas être trop loin non plus, sauf si il avait commencé une aventure sans elle… Le vilain !

« — T’aurais dû voir l’état du cochon géant en face ! On s’est bien amusé, hein Maître Corbeau et Princesse ? »

C’était vraiment très, très drôle comme petite aventure.

Invité

À son tour, Asclepia s’approche de Tarko et le couvre d’une aile rassurante. Le voilà soudainement bien entouré ce rustre peu habitué au contact. D’un côté l’amicale louve et ses petits familiers, de l’autre l’hybride, plus intime. Et au milieu, un solitaire, plongé dans un conflit intérieur inédit. Depuis leur rencontre, il sent cette tension au contact du loup-paon. Aujourd’hui, il n’a pas hésité une seconde à se mettre en danger pour lui venir en aide. Sa présence le rassure et l’apaise. Et pourtant. Et pourtant ils ne se connaissent pas tant que ça et suivent des chemins radicalement différents. L’un refusant toute autorité, l’autre, disciple d’une entité supérieure qui se proclame « dieu ».

Tarko ferme les yeux un instant alors qu’Asclepia chuchote à son oreille. Il a envie de se laisser bercer par ce sentiment de volupté. Puis apparaît devant ses yeux cette silhouette. Libre, sauvage, inconnue et fascinante. Le loup a du mal à mettre des mots sur tout ce qu’il ressent en ce moment. Il ouvre à nouveau les yeux et tente de repousser au fond de son esprit ce trouble qui l’habite. Il écoute sa camarade. Lui aussi doit améliorer sa cape. Avant qu’il n’ai le temps de parler une grande ombre approche. Une louve ailée monochrome qui porte la lumière violette. Il sent se poser sur eux ses yeux dorés. Eva. Il se rappelle de son intervention aux Champs Mystiques. Ah ! Elle connaît Asclepia. Ah ! Et « la faiseuse de grenouilles » se nomme Lewis. Ok, ok.

Le solitaire prend le temps de nettoyer le dessous de ses pattes. Ses engelures se sont transformées en plaies ouvertes et s’il ne les soigne pas il peut dire adieu à leur expédition. Il réfléchit également à la suite de ses soins. Comme toujours il lui faudra de l’argile pour ses plaies, ensuite des fleurs de Souci. Le végétal aux pétales orangées devrait être efficace en infusion contre la grippe.

Alors qu’il fait une liste mentale de tout ce dont ils vont avoir besoin pour se soigner, le mâle ne dit d’abord rien, préférant se faire discret. Il hoche la tête en signe d’approbation quand Lewis mentionne le cochon géant avant d’ajouter des précisions.

— On a trouvé une grotte ’vec une brèche, l’bestiau est sorti d’là et nous a attaqué. On a réussi à l’tuer en faisant s’ffondrer la grotte.

Il fait une pose, coupé par une nouvelle quinte de toux. Il s’éclaircit la gorge puis reprend.

— ‘S-qu’on peut rester ici pour s’reposer quelques jours ?

Tarko redoute que la grande femelle Nakhu refuse qu’ils squattent ici allègrement. Il ne connaît pas bien les mœurs de cette meute. Il les sait plutôt ouvert mais jusqu’à quel point peuvent-ils abuser de leur hospitalité ?

La louve bicolore s'était focalisée, en arrivant, sur les blessures ouvertes et apparentes de la louve violette, mais de toute évidence elle n'était pas la seule à avoir souffert de leur petite expédition à la grève gelée. Curieuse, Eva pencha la tête sur le côté et considéra Lewis, puis les deux autres. Ils n'avaient pas du abattre un mammouth, ou en tout cas elle n'y croyait pas, pas sans un piège de génie. Mais une autre bête des temps passés, peut-être ? Ce qui justifierait leurs vivats, plaies et...

Asclepia se faisait très discret. Il n'avait qu'une envie, pouvoir se barrer d'ici, mais en bonne santé. La compagnie d'Eva n'était pas pour l'intéresser, et au contraire se révélait dangereuse. Alors il demeurait tapi contre Tarko sans rien dire. Lorsque ce dernier observe ses coussinets, Ascle se rend compte de l'état dans lesquels ils sont. Eeeh, il a pris bien plus cher qu'eux, à rester ainsi collé au sol !

Tarko ! Tes pattes !

Il en attrape une entre les siennes sans oser palper la zone sensible. Oh la la !

Eva finit de bander les plaies de la louvette et jette un coup d'oeil audits coussinets. Elle en profite pour répondre à la question de Tarko, d'un ton dégageant l'évidence même :

Oui, bien sûr que vous pouvez rester. Si vous ne faites pas de bêtises.

Ce disant, elle jette une oeillade d'avertissement à Lewis, sachant que ça ne servirait à rien. Elle savait pourtant pertinemment que les ennuis viendraient de l'intérieur. C'est ce moment que choisit Cendres pour bondir de son petit recoin pour aller voir Lewis.

Grenouille !

Depuis qu'il l'avait retrouvée en sang sur la plage, il s'inquiétait un peu plus. Elle trottina vers elle, ignorant royalement les deux autres pour venir renifler ses plaies. Ca sentait le sang... Mais beaucoup moins que la dernière fois. Le louveteau tâché de blanc effleura l'épaule de son amie.

Tu dois faire attention.

Il avisa ensuite sa mère, et les inconnus.

Je vais chercher de l'eau chaude et des plantes.

Ses sorties avec Lewis lui apportaient l'assurance dont il manquait jusque là, et son efficacité s'en trouvait grandie. Eva hocha la tête, avant de compléter :

On va bien s'occuper de vous.

Elle hésita, avant d'ajouter, curieuse :

Vous y retournerez, ais-je entendu ? Vous avez vu d'autres choses, de la brèche ? Elle est accessible ?

C'est que ça l'intéressait fortement.

Lewis

Mister Princesse demanda l’hospitalité pour plusieurs jours. Lewis adopta une mine faussement outrée par une telle demande. Le cochon allait être dans un mauvais état après tout ce temps !

« — Oh non pas trop longtemps hein ! J’veux la peau du cochon, ça doit être tout chaud ! »

Et soudain, ils furent encore plus nombreux ! Poe sortit sa tête du capuchon en reconnaissant la voix, alors que Lewis bondissait à la rencontre du louveteau. Lui qui se préoccupait bien trop des blessures de la mauve, qui elle préférait s’en amuser. Bah, prendre tout à la légère était sa manière de relativiser !

« — Cendreeeeeeeees ! »

Il disparut pour récupérer de l’eau et des plantes. Oh… ils étaient dans un si mauvais état ?

« — Oui c’est trop drôle là-bas Eva ! Viens avec nous on va bien s’amuser ! Cendres pourra venir aussi ? »

Lewis sautilla tout autour de la louve noire et blanche.

« — Dis oui ! Dis oui ! »

Parce que plus il y a de fous, plus on rit !

Invité

Très vite, Asclepia remarque ses blessures et s’empresse de les examiner des plus près. Tarko serre les dents. Bien que l’hybride soit attentif à ne pas toucher les plaies la douleur s’est propagée dans toute sa patte et la moindre pression lui tire une grimace. Il écoute la réponse de Eva et cela le rassure un peu. Il se détend enfin et baisse sa garde. La pression qu’il s’imposait s’envole et il se sent plus en sécurité. Il jette un coup d’œil à la louve qui donne des surnoms à tout le monde. Cette dernière semble toujours dans son monde. Son attention passant d’une chose à l’autre à une vitesse folle comme une loupiote hyperactive. Pourtant elle ne semble pas plus jeune que lui. Elle proteste vivement au moment où il est mention de rester et ses mots font tilt dans la tête de Tarko. S’ils veulent retourner là-bas il faudra qu’ils soient bien équipés. La peau de leur immense proie va sûrement faire l’affaire. Il se tourne vers sa camarade bleue et verte.

— Lewis a raison, on peut utiliser la peau d’la bête pour améliorer nos t’nues. Il se tait pendant un instant. Ascle’ ? Ça va ?

Étrange, pourquoi fait-elle cette tête tout à coup ? Le mâle tente de percer le mystère en se plongeant dans ses yeux verts. Mais une question de la louve monochrome détourne son attention. En effet, ils ont vu quelque chose en plus. Tarko hésite. Doivent-ils parler de la mystérieuse louve qu’ils ont vu ?

— J’sais pas si la brèche est encore ouverte av’c l’effondr’ment du plafond.

Finalement il décide de ne répondre qu’à une moitié de la question. À voir si les deux autres aborderont le sujet.

Trop drôle ? A voir l'état dans lequel ils étaient revenus, l'aviaire en doutait. Cependant, ils devaient bien aller y faire de plus amples recherches s'ils voulaient comprendre ce qui leur tombait sur le coin du museau. La louve fit la moue, et lorsque la petite louve violette évoqua son fils refusa tout net :

Hors de question.

Son ton s'adoucit :

Il est encore en croissance. Le froid lui serait bien plus nocif qu'à nous. Dans quelques mois peut-être, si les dieux veulent que nous vivions jusque là.

Elle se rendit compte que ses paroles sonnaient un peu sombre et gloussa :

Mais pour l'instant réchauffez vous, vous en avez bien besoin.

Eva fit claquer sa mâchoire à l'évocation des tenues.

J'ai fait quelques recherches. Je peux vous aider à les confectionner. Mais probablement les peaux que vous trouverez seront de meilleure qualité que ce qu'il y a ici, oui. Vous sentiriez vous d'en rapporter ? Je partirais bien avec vous, si vous acceptez ma présence. A plusieurs, on sera plus forts.

Sur ces mots Cendres revint avec une énorme bassine d'eau qui fumait, et un sac rempli de petits verres compressés les uns sur les autres. Il les posa délicatement au sol et dans chaque récipient versa l'eau qui infusa les plantes présentes au fond. Sans un mot, il glissa un bol à chacun et alla s'asseoir à côté de Lewis, fixant de ses grands yeux ronds Asclepia et Tarko qu'il ne connaissait pas. Sans rien dire.

Asclepia, de son côté, se contenta de se coller encore un peu plus à Tarko et d'observer la scène avec curiosité. Il aurait du se douter que Lewis connaissait Eva, après tout elles étaient du même clan. Il n'aurait pas cru, cependant, qu'elles s'entendent bien. Il n'avait pas souvenir d'Eva comme d'une louve particulièrement drôle. Mais c'est vrai qu'elle avait ce don irritant d'attirer la sympathie.

Il poussa Tarko du bout du museau.

Ca va. Mais toi ? Bouge pas trop-

Cendres finit par se relever et avancer en rampant vers Tarko, poussant le petit seau d'eau devant lui.

Il faut attendre que ça tiédisse avant de mettre les pattes dedans.

Asclepia sourit et tenta de donner un petit coup de patte affectueux à Cendres qui se déroba pour retourner se planquer derrière la violette.

Oh bah faut pas avoir peur mon chou !

Lewis

Les oreilles de la mauve s’abaissèrent à la réponse de la noire et blanche.

« — Oh… »

C’est que Lewis était dessus que son ami ne puisse les accompagner. Comment ils feraient des batailles de boules de neige ? Avec qui pourrait-elle embêter les vilains ours polaires en cherchant la louve bizarre qui traînait avec le cochon ? Franchement c’était pas juste. En plus elle sous-entendait des trucs par très joyeux Eva… Pff, comme si ils n’allaient pas revenir ! C’était pas un gros cochon qui aurait raison d’eux enfin !

« — J’peux partir maintenant moi Eva ! »

Parce que l’énergie à revendre, ça, la louve en avait, et pas qu’un peu… Surtout que l’idée de n’avoir pu terminer son combat contre monsieur cochon Mais avant qu’elle ne puisse ajouter autre chose, Cendres revint avec plein de matériels, dont des p’tits verres avec des plantes au fond. Une nouvelle version du mojito ? Maître Corbeau semblait effrayer le louveteau. Lewis prit appuie sur le poitrail du paon, un sourire innocent aux babines.

« — C’est parce que tu l’as pas chatouillé avec tes plumes ! »

Princesse lui semblait avoir apprécié la caresse des plumes en tout cas, vu qu’il chuchotait même à Maître Corbeau.

Lewis adopta une position de jeu, l’avant de son corps couché.

« — Alors, quant-est qu’on part ? »

Parce que c’était pas tout ça, mais ils allaient pas y passer trois ans quand même !

Invité

La proposition de la femelle noire et blanche intéresse le solitaire. Les loups qui savent confectionner des vêtements ça ne court pas les prairies. Son précieux savoir va leur être très utile pour la suite de leur aventure. Devant la précipitation de Lewis, Tarko lève un sourcil dubitatif. À l’entendre ils vont repartir pour la Grève demain. Lui aussi crève d’envie d’y retourner, mais il ne se sent pas apte à affronter le froids si tôt. Sa grippe ne va pas passer en un jour, il a besoin de repos. Ils doivent également tous être conscients du danger que représente cet endroit pour ne pas prendre de risque inconsidéré. Il en va de leur survie.
Le solitaire interpelle Eva.

— Z’avez d’l’équipement ? On peut s’divier en deux groupes. L’un va chercher d’la peau et à l’autre z’expliquez comment « confectionner ».

Tarko prend soin de bien prononcer ce nouveau mot qu’a employé la louve. Il observe tour à tour ses camarades de voyage et les autres Nakhus présents, questionnant du regard tout un chacun pour savoir si cette idée convient.
C’est à ce moment que le dénommé Cendres revient les pattes chargées. Sans attendre, il leur prépare une sorte de bouillon et leur tend à chacun. Une … infusion ? Le bleu approche sa truffe du bol pour renifler son contenu. Ça ressemble a du Souci. Apparemment ils ont eu la même idée. Un fin sourire étire ses babines. Il remercie le loup d’un léger hochement de tête avant de tourner la tête vers Asclepia et de lui rendre son geste d’affection.

— Ça va aller. J’en ai vu d’autres.

Alors qu’il va pour boire, on lui glisse sous la truffe un nouveau récipient. D’une petite voix, le loup bariolé lui explique quoi en faire. Tarko se sent presque mal à l’aise devant autant de gentillesse et d’amabilité. Ne sachant plus où se mettre, pensif, il se tait et laisse les autres échanger leurs idées pour la suite.

Alors c’est ça une meute ? Sont-ils réellement amicaux ou s’agit-il d’une façade pour mieux les berner ?

Asclepia souriait, même s'il restait discret, et le coup de museau de Tarko, en réponse au sien, l'amena à agiter sa queue derrière lui tel un balai à poussière. Ah, enfin ! Voilà qu'il retrouvait un peu de cette attention qu'il cherchait tant. Il lui faudrait beaucoup plus d'efforts, pour détourner le coeur de Tarko de la louve caramel, mais il était prêt à tenter. Pour beaucoup, parce que ça l'amusait. Un peu, un tout petit peu, parce qu'il en avait simplement envie... Sourire innocent, alors qu'il en profite pour venir lui grattouiller le cou. Saisir chaque opportunité qui se présente !

Eva leur jeta un vague coup d'oeil. Un peu soucieuse, peut-être ? Fatiguée ? Blasée ? Un peu de tout ? Loin d'être dupe, en tout cas, possédant un savoir qui à d'autres manquaient. Ah, les paons. Elle reporta son attention sur Tarko, tentant d'ignorer les bêtises de son cousin :

Je peux rapidement produire une cape, j'en ai une en cours. Et il est probablement possible d'en trouver une d'avance chez Crystal, si on promet de la lui rendre rapidement.

Cendres de son côté accordait à Lewis toute l'attention que les autres lui refusaient. Il l'observait embêter le paon, qui la laissait faire... A peu près ce qu'elle voulait. Finalement, il n'était probablement pas si méchant ? Mais il l'impressionnait toujours, et il n'osait pas venir effleurer ses plumes.

Il avait un peu envie d'y aller, à la Grève, lui aussi. Mais visiblement, ça n'était pas dans les plans.

Asclepia cligna des yeux et fronça le museau. Si ils faisaient deux groupes... Celui qui resterait ici serait probablement Tarko, il ne pouvait pas repartir tout de suite. Et Eva savait faire les capes, elle resterait ici. Ne restait...

Bien que ça lui pince le coeur d'abandonner son petit Tarko avec la pie, il était tout content de retourner dans le grand nord avec la louve violette. Il leva une patte vers Lewis, invitant cette dernière à venir taper dedans.

Parfait, on fait comme ça. Moi j'repars avec la Faiseuse-de-Grenouilles, et vous vous restez là à vous péter les yeux sur du tissu.

Ce qui, au final, lui allait parfaitement. Ca lui laisserait le temps de manquer au mâle.

Il ne voyait pas les regards suspicieux que Cendres lui lançait, plus loin.

Lewis

Yeah, les affaires reprenaient ! Princesse suggéra de se séparer en deux groupes, il semblait encore un peu souffrant. Eva avait même des projets en cours… Roh, promettre de rapporter la cape ça, il ne pouvait pas vraiment le faire, parce qu’on était jamais à l’abri d’une petite déchirure. Au moins allait-elle faire équipe avec Maître Corbeau, tapant avec enthousiasme dans sa patte. La fine équipe ! Ne manquait plus que la Dominatrice pour que tout soit complet !

Y’avait un tout p’tit détail à régler pour la pirate qui sortit Poe de son capuchon.

« — Cendres est-ce que je peux te confier Poe et Braise ? Fais trop froid pour eux… » La louvette poussa les p’tites bêtes vers le blanc. « T’as même droit à un bisous en échange ! »

La louvette colla sa truffe contre la joue du louveteau, avant de se tourner vers Maître Corbeau.

« — On y va ??? »

Parce qu’elle ne tenait vraiment plus en place…

Invité

L’idée fait le tour de la table. Eva confirme qu’elle possède une cape qu’elle peut prêter. Asclepia forme les groupes et répartit les tâches comme l’a suggéré Tarko. Enfin, Lewis, fidèle a cette image d’enfant turbulente, sautille partout.
Le solitaire est assez surpris de voir que les choses avancent rapidement. Ils parviennent tous plus ou moins à se mettre d’accord sur la marche à suivre sans problème. Pourvu que cela dure.

Il ne rechigne pas quand Asclepia propose que ça soit lui qui reste sur place pour apprendre auprès d’Eva. Dans son état, il ne serait qu’un boulet à leur cheville. Il prendra sur lui le temps qu’ils reviennent, les pattes chargées de peaux.
Puisse qu’il ne repart pas sur la Grève, il n’a plus besoin de sa propre cape pour le moment. Il décroche la dent du sanglier qui sert de bouton puis fait glisser la peau sur le sol. On ne va quand même pas s'en débarrasser ? Il jette un coup d’œil autour de lui. Ses iris bleus se posent sur Lewis qui batifole avec Cendres. Maladroitement il se redresse. Ses pattes sont engourdies. Des tremblements secouent son dos de nouveau nu. Vivement qu’il aille se coucher.
D’un pas traînant il s’approche de la louve hyperactive et dépose à ses pattes sa cape. Elle en aura plus besoin que lui.

— Pour un rapide voyage là-bas j’pense ça peut suffire. C’cadeau.

Une forte quinte de toux le reprend. De nouveau cette sensation de chaud et de froid le fait frissonner. Il se tourne vers la louve monochrome le regard fatigué.

— Où j’peux m’reposer sans déranger ?

Cendres recueillit les deux petites bêtes sans broncher, bien qu'un peu nerveux comme le prouvait ses sourcils légèrement froncés. Soucieux. Il ouvrit à demi la gueule lorsqu'elle effleura sa joue de son museau. Ah ! Pris de court ! Pourquoi elle avait fait ça ? C'était inattendu ! Mais. Pas désagréable ? Il attrapa Poe et reporta sur lui son attention, pour se donner contenance. C'était donc si dangereux. Déjà qu'elle venait de revenir blessée... Son petit coeur se serrait à l'idée de la voir repartir. Mais pas un instant pourtant il ne songea à la retenir. Libre, elle était, et demeurerait.

Eva observa son fils en silence, avant de reporter son attention sur le blessé :

Tu peux t'installer où tu le souhaites dans le Sanctuaire, parmi les nôtres. Si tu préfères une cache pour toi seul on peut te trouver ça à proximité dans le Dédale, mais bien qu'il ne devrait pas y avoir de soucis nous serions loin en cas de problème, je te le déconseille.

On ne sait jamais. Surtout dans son état.

Asclepia observa Tarko donner sa cape à la violette (pourquoi pas à lui ? ): ) et se rapprocha pour effleurer sa joue.

Ne m'oublie pas ! Je reviens vite !

Et il plongea le museau dans le breuvage fumant, avant de s'étirer et suivre Lewis vers l'extérieur. Quelle pile !

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