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| Sujet: Maternité [Défi RP + PV Mozarthames] Dim 14 Juin 2020, 12:19 | |
| Dans un minimum de 1500 mots, Serket-Beatriz se rendra à la Bibliothèque pour en apprendre plus sur la maternité. Après quelques temps passés à rechercher des ouvrages, celle-ci tombera sur un vieux journal de sage-femme nourrice, une louve qui avait pour fonction d'aider aux naissances et de s'occuper des louveteaux une fois nés. Des passages qu'elle lira devront être détaillés dans le RP, des anecdotes de cette mystérieuse louve racontant une grossesse et un accouchement difficile, puis des histoires liées à l'éducation d'un enfant orphelin. Serket devra réfléchir à ces passages d'un autre temps, d'abord du point de vue de la narratrice du journal (Serket est-elle sympathique à cette louve ? Ou au contraire, celle-ci l'agace-t-elle ?), puis, d'un point de vue théorique, en comparant les situations écrites à des situations qui pourraient se produire aujourd'hui, faisant le point sur ce qu'elle aura appris comme nouvelles connaissances. __________________________________________________________________________________Le jour se pointait à l’extérieur et doucement, la louve fleurie sortit de son sommeil. Elle cligna des yeux, chercha ses lunettes pour les remettre sur son museau. Son esprit était encore embué, pris encore dans les tourments de ses rêves. Elle bailla, se releva et s’étira. Elle cligna plusieurs fois des yeux. Où était-elle ? Elle ne sentait pas l’odeur de la terre autour d’elle. Le sol était dur. Puis tout lui revint. Son voyage effectué ces deux derniers jours, son arrivée laborieuse à la Bibliothèque chez les Nakhus, sa recherche sur la chasse datant d’hier … Tout lui revenait petit à petit tandis qu’elle quittait son état de fatigue d’un nouveau bâillement. Elle fit de nouveau quels petits étirements, caressa pour la première fois de la journée son ventre. Elle esquiva un sourire. L’heure de la mise à bas approchait à grand pas. Bientôt la Vie en elle connaitrait l’extérieur. D’ailleurs, il lui faudra trouver un lieu propice pour mettre au monde. Cela n’allait pas être évident. Sans doute serait-il nécessaire de descendre jusqu’à l’antre de Teddy ? Elle connaissait sa compagne, Leikn, herboriste qui devrait lui être d’un grand secours. Non, elle ne le pouvait pas. Elle était au Nord quant eux d’eux vivaient au Sud. Elle ne pourrait pas avoir la force suffisante pour faire un si grand voyage. Alors peut-être devrait-elle demander asile aux Nakhus le temps de mettre bas ? Pourquoi pas mais hors-mis Lestat, elle n’en connaissait aucun autre et ne se sentait pas dans la capacité de demander une telle faveur … Puis sans doute que ce clan avait d’autres louves à aider à accoucher. Elle serait donc une gêne. Elle soupira et envoya valser ses pensées. Serket-Beatriz ne voulait pas orienter cette journée sur des sujets stressants. Elle était là pour des recherches, elle verrait après ce qu’il en est de l’avenir. Nouvel étirement, nouvelle caresse et hop, la voilà qui grignotait deux trois réserves de nourriture. Dieux que c’était salé ! Elle regrettait son erreur de les avoir fait trempé dans la mer traversée hier mais comment aurait-elle pu faire autrement ? Elle fit la grimace. Cet apport de sel n’était pas très bon. Il lui faudrait rapidement trouver une autre source de nourriture une fois sa présence ici plus nécessaire. La fleurie regarda autour d’elle. La Bibliothèque était encore bien vide. Il fallait dire qu’il était tôt. Une heure où d’autres dormaient toujours quand certains arpentaient déjà de nombreuses terres. Bon elle, ce serait des rayons garnis de livre plus que de la terre. Elle pouffa un peu de rire puis elle se lança dans son exploration. Elle avait déjà repéré le rayonnage dédié à la maternité la veille, il ne lui restait plus qu’à le retrouver. Elle alla tout droit, tourna à gauche, s’avança encore pour bifurquer à droite et la voilà à l’endroit souhaité. Elle entra avec discrétion dans l’allée comme si elle craignait de déranger. Elle se mit au travail. Elle dérangea et feuilleta de nombreux ouvrages. Certains étaient bien pauvres en information, d’autres bien trop sinistres ou traiter de durs sujets avec bien trop de légèreté. Elle mit un bon moment avant de jeter son dévolu sur un livre qui ressemblait plus à un journal. Elle hésita, fronça les sourcils. Ne manquerait-elle pas de respect à la personne l’ayant rédigé ? Après tout, elle allait s’immiscer dans sa vie … La mère tergiversa un instant, réfléchissant. Elle murmura quelques mots d’excuse avant de déloger le livre. Comme la veille, elle chercha et trouva une petite table. Elle s’y installa, regardant l’ouvrage abîmé et sans conteste ancien. Elle tourna la couverture et constata les pages jaunies. La rédactrice, une louve sage-femme, ne semblait plus être de ce monde au vu de la vieillesse apparente de son journal. Serket-Beatriz réajusta ses lunettes puis elle se pencha, prit sa respiration et dans l’expiration, elle commença à dévorer les lignes. J’ai travaillé de nombreuses années avant de me décider à écrire ce journal. Il est là pour servir de témoin à certains événements, à éclaircir des naissances ou encore à former de nouvelle louve sage-femme. Mes souvenirs sont quelque peu troubles au moment où j’écris. Je ne me souviens pas forcément de tous les détails mais je sais d’ores et déjà qu’il y aura de la joie et de la peine dans ces lignes … J’espère que ces mots te seront utiles, lecteur.
Pour commencer, je vais me présenter. Je me nomme Lumiris. La vieillesse m’arrache des grimaces à la rédaction de cet témoignage. Je suis une louve sage-femme ainsi qu’une nourrice. Au moment de ta lecture, j’ignore si tu sais ce que signifie mon premier rôle alors laisses moi t’expliquer.
Ma fonction est d’accompagner les louves qui souhaitent des enfants ou non. Je suis donc tout aussi capable d’aider la Vie à se former tout comme à la supprimer … Ne sois pas choqué lecteur. Le monde n’est jamais si rose et au moment où j’écris ces lignes, saches que nombreuses sont celles à pleurer d’actes odieux envers elles, à désirer la mort de ce qui grandit en elles.
Quant à celles qui en désirent, je leur propose de nombreux soins, potions pour favoriser leur fertilité pour ainsi augmenter les chances d’en porter. Lorsque c’est chose faite, mon rôle continue. Je deviens un soutient. J’assure le suivi de leur grossesse jusqu’à ce que la naissance ait lieu. Ce n’est pas un travail de tout repos, il faut savoir être présente quand une mère en a besoin. Mais je ne m’occupe pas que de leur corps. Sais-tu qu’une femme enceinte à besoin d’être entourée, de soutien psychologique ? J’ai aussi ce rôle. Ce n’est parfois pas évident. Tu ne peux pas t’entendre avec tout le monde mais dans ce métier, il faut savoir mettre de côté tout cela pour aider.
Lorsqu’une mère met au monde, je suis là pour l’accompagner, la guider dans la respiration à adopter, à suivre les contractions. Je m’assure du bon déroulement et d’un côté, j’ai aussi une formation de soigneur car il faut savoir les premiers gestes de secours en cas de défaillance de la mère ou dans le cadre d’une réanimation de petit. A la fin de l’accouchement, je continue à suivre la mère, veillant au bon développement de ses enfants que je pourrai garder.
Maintenant, tu sais ce que je faisais dans ma jeunesse. Mon âge ne me le permet plus aujourd’hui. J’espère que ces lignes t’aideront, sincèrement.Serket-Beatriz s’arrêta un instant. La présentation la touchait. Un tel dévolu était magnifique à lire. Même en sa qualité d’herboriste, elle ignorait si elle serait autant capable que cette Lumiris. Elle avait aidé à quelques accouchements mais en tâche de fond sans oublier que ceux qu’elle avait vu, c’était tous déroulé sans encombre. Elle caressa son ventre. Et le sien ? Elle, la mère non entourée alors que selon l’écrivaine cela était nécessaire ? Elle fronça un instant les sourcils. Sa solitude, pouvait-elle provoquer des dommages sur ses enfants ? Elle esquiva une grimace. Elle pria que non mais comme pour chercher un cas similaire, elle tourna les pages. Intervention n°1 J’étais qu’une enfant à ce moment-là. Je venais à peine de quitter l’âge de l’enfance quand je me suis enrôlée auprès d’une vieille sage-femme, Chamama. Elle cherchait un disciple et moi, ne sachant pas quoi faire de ma vie, je me suis proposée. Je ne savais pas à quoi m’attendre ! J’avais assisté qu’à l’accouchement. c’était la première fois que je voyais autant de sang. La mère hurlait de douleur tandis que ma mentor essayait de la calmer et la faire pousser. C’était effrayant. Je ne savais pas quoi faire. J’essayais de suivre les directives de Chamama du mieux que je pouvais. Je ramenais de l’eau dans des pots, j’essuyais le sang, le front de la mère. Je me souviens pas vraiment de tout mais ce que je peux t’assurer, c’est que mère et enfants survécurent à cette épreuve. Terrible accouchement qui se finit sur une touche positive. Les premières interventions étaient semblables, se déroulant plus ou moins sans encombres avec une fin heureuse. Serket-Beatriz les survola, souriant tendrement sur ces lignes, caressant son ventre puis son sourire s’évapora à cette intervention … Intervention n°16 C’était un jour d’orage quant une louve enceinte se pointa dans le refuge de ma mentor et moi. J’avais déjà deux ans d’expérience. Je l’ai donc accueilli en souriant mais elle était dans un piteux état. Ses os étaient prêts à transpercer sa peau tant elle était maigre. Ses yeux étaient vides comme s’il ne restait plus aucune trace d’âme. Elle se laissa guider vers une couchette, elle mangea et bu mais elle restait une coquille vide. Chamama et moi lui parlions mais aucune réponse ne nous venait. Ce fut la même chanson jusqu’à ce qu’elle mette bas. Elle suivait les contractions avec une facilité folle laissant voir qu’elle n’était pas à sa première portée. Elle ne pleurait et ne hurlait pas. C’était un accouchement sinistre et entouré de silence. C’était impressionnant et terrifiant. Je retenais mon souffle tandis que les petits sortaient un à un … Tous morts. Nous nous en doutions, ils ne bougeaient que très peu ces derniers jours dans le ventre de la mère. L’expulsion leur avait été fatale. Et la mère ne broncha pas à la vue de ses enfants. Elle prit du repos puis le lendemain, sans que nous nous en apercevions, elle n’était plus là. Elle avait laissé derrière elle ses morts-nés que nous avons enterré.
J’ignore ce qui est advenu de la mère. Elle nous a fait réfléchir. A ce moment-là, nous n’accueillions que les louves prêtes à mettre bas. Chamama a accepté de changer cela. Nous avons demander de l’aide et tous ensemble, nous avons creuser plus amples galeries. Des couchettes ont été rajouté et nous sommes devenues un refuge, accueillant des louves de partout, qu’elles soient sur le point d’accoucher ou non. Nous avons travailler le social. Nous avions grandi dans notre manière de faire. Des louves volontaires devinrent à leur tour sage-femme. Nous n’étions plus le petit terrier mais un vaste terrier prêt à aider au mieux. Une tragédie qui en évita d’autres … Une tragédie qui nous fit aussi apprendre l’art de l’avortement ...La fleurie sécha une petite perle lacrymale. Elle se doutait que la mère devait avoir subi un traumatisme pour ainsi peu réagir et s’en aller sans emmener ses enfants. Cela était dur mais combien d’autres subissaient cela chaque jour ? Elle retint un frisson. Si elle, elle désirait ses enfants, d’autres autant enceinte qu’elle, ne souhaiteraient que leur mort. Comme cela était difficile. Elle s’arrêta de lire un instant, se laissant aller à quelques sanglots. Lorsqu’elle se calma, elle reprit l’ouvrage. Elle reprit la lecture. Intervention n°22 C’était notre premier cas d’avortement. Il s’agissait qu’une louve, Milmi qui venait à peine de rejoindre l’âge adulte. Elle était bon vivant, rigolote. Elle était venue parmi nous sans en expliquer la raison. Chamama n’était plus, j’étais devenue l’aînée du grand terrier. J’étais encore assez naïve et j’ai cru que cette jeune louve venait pour devenir sage-femme. Mais ce n’était pas le cas. Une nuit, je l’ai retrouvé dans notre petite pharmacie, elle zieutait les potions que nous élaborions pour cesser une grossesse. Je pensais que cela l’intéressait, d’un ordre clinique, et ce fut à cet instant qu’elle m’expliqua la raison de sa présence. Elle portait en elle une Vie non désirée. Un mâle lui avait volé sa vie, commettant l’odieux acte. C’était la première fois que je la voyais sans son entrain habituel. Elle ressemblait à une fleur qu’on avait fané trop tôt. Une louve discussion découla de cet aveu. Je lui expliquai que nos remèdes pour l’avortement n’étaient pas encore sûrs. Nous n’avions pas eu d’occasion de les tester et nous ignorons les conséquences que cela pourrait avoir sur la mère. Cependant, Milmi ne démordit pas de son envie de ne pas être mère alors au petit matin, je lui ai fais prendre l’une de nos potions. La plus élaborée de toutes, celle que nous jugions la moins dangereuse. Quelques heures après, elle perdit les Vies en elle. Elle nous remercia et elle décida de venir nous aider. Elle devint sage-femme, accompagnant plus en particulier celles qui désiraient de pas porter la vie.
Ce que nous ignorions à ce moment-là, c’est que notre remède avait rendu Milmi stérile. Elle ne nous en voulut pas, ne souhaitant pas avoir d’enfant mais elle travailla alors sur une formule permettant à une mère de l’être plus tard. Elle réussit et nos eûmes alors de louves venant nous voir à ce sujet. C’était inquiétant de voir le nombre de non désiré.
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Intervention n°59 C’était un jour comme un autre quand une louve vint nous voir. Nous la connaissions bien. Il s’agissait d’Homare. Elle était venue la première fois pour un avortement. La deuxième fois pour une grossesse qui avait donné vie à trois adorables petits. Une troisième fois pour une nouvelle grossesse où 5 petits avaient vu le jour. Elle venait donc pour la quatrième fois. Elle était encore une jeune louve. Elle ne devait qu’avoir dans les cinq étés et pourtant, elle en était déjà à sa troisième portée. Elle n’était pas le genre de louve que nous apprécions. Elle était hautaine, le ton railleur et se pensait supérieure. Nous supposions qu’il s’agissait qu’une fille d’alpha ou une alpha en chair et en os pour ainsi nous considérer. Pour cette troisième portée, elle vint nous voir au tout début. Jusqu’à présent, elle ne venait que pour la mise à bas alors nous avons du supporter ses caprices durant des mois … Ce fut compliqué et je dois avouer que plusieurs fois, j’eus l’envie de la chasser du grand terrier. Elle nous importunais nous comme les autres mères. Elle n’hésitait pas à faire quelques coups bas à des enfants que nous avions en charge. C’était un cas difficile. Nous avions déjà eu des louves plus violentes et acerbes qu’elle mais généralement elles apprenaient à vite se calmer pour recevoir de l’aide. Ce n’était pas le cas d’Homare. Elle irritait les esprits et sa simple vue suffisait à faire perdre toute bonne humeur. Nous avons tenu bon jusqu’à son accouchement. L’ambiance était tendue. Nous avions remarqué que ses hanches ne s’étaient pas bougées comme autrefois. Son bassin restait étroit. Cela n’allait pas facilité la mise à bas. Le moment venu, nous nous sommes retrouvées désœuvrées. Homare hurlait de douleur tandis que les eaux coulaient mais que les petits restaient bloqués. Nous lui avons donné de nombreuses potions pour soulager sa peine, facilité l’acte mais rien n’y faisait. Cela dura plusieurs heures. La mère finit par mourir d’épuisement sans mettre au monde le moindre petit. Nous avons du aller les chercher en elle. Je me souviens de la scène comme si c’était hier. Nous l’avons éventré, nous avons creusé jusqu’à trouver la poche. Nous avons sorti les enfants un à un. Sur les quatre, deux étaient morts. Les deux autres étaient faibles. Nous les avons réchauffé et une mère allaitant ses petits, accepta de les prendre en charge. Ils survécurent grâce à elle. Quant à Homare … Aucun compagnon, aucun enfant, ne vint demander ce qu’il lui était arrivé. Elle s’arrêta. Son regard était brouillé. Parfois de larme de joie en voyant des dénouements heureux, parfois de tristesse … Elle songea à Homare. Aurait-elle pu supporter cette louve ? Elle savait qu’elle avait un côté méchant, elle qui avait empoissonné -pas trop méchamment … juste de la courante- bon nombre d’enfants dans sa jeunesse parce qu’ils l’embêtaient. C’était difficile à dire. Elle avait eu des patients énervants mais jamais ils n’étaient restés aussi longtemps dans son antre de soin. Ils repartaient rapidement alors partagé son quotidien avec une telle dame, cela devait être épuisant et énervant. Serket-Beatriz devait t’avouer qu’elle vouait un certain respect à l’écrivaine. Son métier n’était guère facile, elle voyait des choses affreuses mais aussi très belles. Sa vie était dédiée à ses mères et c’était impressionnant. La fleurie se mit alors à réfléchir … Cela l’inspirait, elle qui n’avait plus vraiment de réelles vocations. Ne pourrait-elle pas offrir un tel refuge ? Permettre à PW de reconnaître l’avortement pour éviter des vies encore plus déchirées qu’elles ne le sont déjà ? D’aider des mères de toutes horizons, leur offrir un gîte et leur éviter le danger extérieur. Elle songea aux louves solitaires … A son cas. Elle était seule et si elle parvenait à éviter de gros danger, c’était uniquement parce qu’elle vivait en terres désolées et que d’anciens Lazulis répondraient présents pour l’aider. Mais qu’en est-il des louves en terres libres ? Elle repensa à ce qu’elle voulait construire près du terrier lumineux. En réalité, ne devrait-elle pas aller en terres libres, fonder un abri pour offrir des soins itinérants ainsi qu’un refuge à des mères ? Ce projet grandissait dans son esprit mais elle ne pouvait le réaliser seule. Peut-être devrait-elle voir à s’installer et bénéficier de l’aide des Nakhus ? Elle soupira. Elle lut encore quelques interventions avant de voir qu’elles s’achevaient. L’ouvrage n’était cependant pas fini alors à quoi était-il dédié ? Elle tourna la page. Jusqu’à présent je parlais surtout des mères, de leur accouchement mais jamais de l’après avec leurs enfants. Généralement, je m’occupais que peu des petits. Les mères restaient un temps, reprenant des forces avant de s’en retourner vers leurs terres. Parfois elles avaient pas besoin de notre aide, le père étant là ou un autre membre de la famille. Mais parce que tout n’est jamais beau, il nous arrivait fréquemment d’avoir des orphelins. Certains étaient issus de notre grand terrier où leur mère périssait pendant la couche et qu’aucun autre parent venait les réclamer. D’autres nous venaient de l’extérieur, souvent âgés de quelques mois, cherchant un refuge et de la nourriture. Ou encore, des jeunes nés abandonnés au pied de notre porte.
J’ai eu l’occasion d’en éduquer plusieurs. N’ayant jamais été mère, ce fut très dur les premières fois. Je n’étais pas la première qui en recueillait, les autres louves -parfois des mères allant ou venant de mettre bas- s’en chargeaient. Au départ je n’étais une nourrice. Je restais dans mon premier métier, me déchargeant sur les autres pour la prise en charge des orphelins. Petit à petit, on m’a appris à m’en occuper.
Le premier orphelin que j’ai eu entièrement à ma charge se nommait Heinly. Il était le seul rescapé d’une fratrie, sa mère m’avait demandé de le nommer ainsi. Ce fut ses derniers mots et ainsi, je me suis retrouvée avec un louveteau entre les pattes. Au départ, j’ai fais comme avec les autres, je lui ai trouvé une mère nourrisseuse, je ne le côtoyais que trop peu mais lorsqu’il fut sevré, la louve l’allaitant s’en alla avec ses propres enfants, le laissant. Pour Heinly, c’était comme un deuxième abandon. Il avait perdu sa mère et le voilà qui perdait sa deuxième mère. Il était inconsolable, refusant de se nourrir. Si jeune et déjà il souhaitait la Mort. Je n’avais pas l’habitude des enfants mais je suis allée le voir. Je lui ai parlé de sa génitrice, de la douceur dont elle avait fait preuve en touchant son ventre tandis qu’il grandissait. Je lui ai parlé du miracle qu’il était pour avoir survécu, du vœux de sa mère sur son prénom. Il m’écoutait et je sentais comme un drôle de lien se tresser entre nous. Il finit par accepter de se nourrir.
Heinly retrouva rapidement du poil de la bête. Il était un enfant retord, plein d’énergie et de malice. Ce fut compliqué de lui apprendre bien des choses tant il était dissipé.
Je dois avouer que ma patience s’est accrue grâce à lui. J’étais devenue sa nourrice en charge, loupant des accouchements pour lui courir après. Son alimentation fut difficile à varier, il refusait tout apport végétal pourtant nécessaire. Il mettait impossible de le coiffer, de le laver … J’ai du travailler sa confiance envers moi ainsi que de trouver des astuces pour le calmer. J’ai rapidement compris qu’il me fallait le dépenser avant d’entrevoir de prendre soin de son hygiène. Je l’emmenais à l’extérieur, je jouais avec lui au combat puis je l’incitais à aller vers les autres. Il hésita un long moment puis un jour, il se décida. Il roula avec d’autres orphelins. Il commençait à retrouver le sourire.
Petit à petit, j’ai pu lui apprendre à faire sa toilette ainsi qu’à le rendre propre. Il avait la manie d’uriner où il ne fallait pas. J’avais du finir par mettre des plantes à forte odeur et dérangeantes pour les petits pour pas qu’il aille se délester dans nos réserves de soin. Heinly avait un peu de retard mais en persévérant et en voyant ses amis l’être, il a fini par le devenir. Son hygiène globale s’est améliorée, il a fini par accepter les toilettes, se les faisant ou me les demandant. j’ai pu voir que le côté social pouvait pousser dans l’évolution et l’apprentissage.
Petit à petit il s’est réellement épanoui. Je pense avoir eu un rôle majeur sur lui même si le côtoiement d’autres enfants l’a beaucoup aidé. Serket-beatriz continua à lire l’ouvrage jusqu’à la fin. D’autres anecdotes sur l’éducation fusèrent, des histoires incroyables aussi et elle dut s’avouer que le social était important. Elle caressa son ventre, songeuse. Actuellement, ses enfants grandiraient seuls. Deviendraient-ils des asociables, des loups difficiles ? C’était à envisager selon les dires de Lumiris. Elle lâcha un soupir. Mais la nourrice pouvait aussi se tromper. Après tout, elle n’avait connu que la vie dans son grand terrier avec des orphelins. Peut être que l’amour d’une mère pouvait combler le manque de sociabilité avec d’autres enfants. Les siens n’auraient pas le fardeau de l’abandon, à moins que l’absence d’un père jouerait aussi là-dessus. Elle ne savait plus trop quoi penser du journal. Il avait été très instructif mais aujourd’hui, était-il encore symbole de sincérité ? Elle esquiva un grimace. Elle ne doutait nullement que chaque jour, des louves connaissaient le quotidien de l’envie d’avorter -enfant non désiré, viol et bien d’autre- quand d’autres auraient un accouchement difficile. Quant aux orphelins … Aujourd’hui les meutes pouvaient en prendre soin, notamment les Nakhus berceau de la paix mais qu’en était-il de ceux qui trop jeune ne pouvaient se rendre jusqu’à leurs terres ? Etaient-ils condamnés ? C’était compliqué, notamment lorsque la notion géopolitique de l’écrivaine n’était nullement renseignée. Sans doute que les meutes d’aujourd’hui étaient différentes de celle d’avant, plus ouvertes ou alors plus étroites d’esprit. Elle lâcha un nouveau soupir. Elle se leva, s’étira et fit les cents pas. Il lui était difficile de comparer la situation de l’époque de Lumiris à la sienne. Elle caressa un instant son ventre. Que devait-elle penser ? Faire sa propre expérience. En soit, elle pourrait élever ses enfants seuls et s’ils se referment de trop, elle partira en quête de sociabilité pour eux. Elle ne voyait pas d’autres issus quand on était une mère seule. Abandonnée. Serket-Beatriz ferma un instant les yeux et les rouvrant, elle se décida à aller ranger le journal. Une longue réflexion à son sujet l’attendait encore mais pour l’heure, elle allait lire d’autres ouvrages. Elle en attrapa un autre, dédié à une théorie plus dans ses cordes de louve célibataire et future mère. |
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