Deux soleils plus tard - Désastre et Narcisse

Proche.
Trop proche.

Le poil se gonfle, alors que la queue s’abaisse, pas dans un geste de soumission, mais plus dans une attitude de défense. Stupide. Le sauvageon le traitait de stupide. Les yeux dorés viennent soutenir le regard du sauvageon, parce qu’il n’y avait rien d’intimidant chez ces bêtes. Aux mots de l’ami, l’oreille s’agite, alors qu’il incline la tête sans pour autant quitter leurs interlocuteurs des yeux. Il ne chercherait pas le conflit, les mots de l’atteignaient pas, ce n’étaient que des sauvages après tout. Quelle valeur accorder à leurs paroles ?  Le Phénix lui est mécontent, car il trouve tout cela trop calme, bien sûr, maudit oiseau qui se répand du malheur.

Imbécile.

Les deux parlent entre eux.

Avoir pitié des petits loups.

Non, bande d’imbéciles, ils nous ont juste trouvé davantage dignes que vous, si tant est qu’à un moment ils se soient intéressés à votre piètre existence.

Le loup garde ses remarques pour lui, écoutant l’ami prendre la parole. Ils sont contrariés les sauvageons, que leur portrait ne soit pas vivant. Le gris s’approche de la fontaine, sous le regard de Narcisse, prêt à couvrir ses arrières. Ses babines frémissent, presque tentées de s’étirer en un sourire alors que l’autre s’amuse à le surveiller. Tss. Ils évoquent la brèche, leur pouvoir trop faible pour rivaliser avec les leurs.

Nos arbres.

Le premier sauvageon s’approche un peu trop de Désastre. Le disciple de Kiro n’aime pas ça, choisissant alors de poser des questions.

« — Toi. »

Celui qu’ils avaient rencontré la première fois.
Le premier sauvageon.

« — Pourquoi vos arbres diraient-ils quelque chose ? Qui vous parle au travers d’eux ? »

Une curiosité sincère cette fois.
Parce que les arbres ne parlaient pas.

Fronçant le museau, la louve bleue réfléchit aux paroles tout juste prononcées par les deux étrangers.
Elle ne pensait pas, comme semblait le soulever Narcisse, que les arbres soient, pour ce peuple, les même que pour eux. Voyait, en ce terme, quelque chose qui feraient peut-être lien avec les paroles d'Anette, la flore en rose. Et pourtant, elle restait incertaine, trouvant cette pensée hasardeuse, étant donné la façon dont les arbres étaient mentionnés. Ils semblaient être des guides, pour ces loups du Nord, et la louve bleue ne croyait pas en la supériorité d'une couleur en particulier.
A moins que leurs coutumes soient, là aussi, bien différentes.
Tâtonnant dans ses recherches, elle n'exprima rien pour le moment.

Ce qu'avait remarqué Daisy était, de toutes manières, plus intéressant. Elle contempla, à son tour, les traces laissées, indiquées par leur panseur. Releva la tête, surprise.

- Mais oui ! Ca ne fait aucun doute, ce sont bien leurs traces. Les coussinets de la tigresse, les griffes de la dragonne, le sillon laissé par le corps de l'anaconda.

Accompagné de ces couleurs, cela ne pouvait pas être un hasard.
Elle sourit à Daisy, heureuse de ses découvertes. Où en seraient-ils, sans son fantastique esprit d'analyse ?

- Alors, allons-y.

Mais pas d'empressement, elle vint se placer aux côtés du panseur gris, toujours prête à le soutenir, si il se sentait pris de faiblesse à cause de son état.
Tout en cherchant à suivre les traces, se demandant où elles les mèneraient. Chez eux ? Cela ne lui paraissait pas si absurdes, puisqu'ils avaient ces divinités là, sur leurs terres... Et que l'hypothèse de clones la laissait plus sceptique.

PC Réussite ING (1)

Holly aussi voit quelque chose dans la fontaine, quand le disciple de Kiro se méfie encore des intentions de leurs interlocuteurs. Il voit Désastre prêt à partir sur-le-champ pour suivre la piste. Mais Narcisse le sent encore trop faible, le Phénix aussi, les blessures étaient encore trop récentes, ils ne pouvaient se lancer dans voyage plus grand que celui déjà entamé aujourd’hui. La queue féline s’agite, alors que les oreilles se couchent sur son crâne.

« — Attendez, on doit… »

Le hurlement est terrible. Autant que celui de la bête qui pourfendit la glace. Le silence plane un instant. Un silence terrible, pendant lequel Narcisse se met en position d’attaque, le poil gonflé. Les babines se retroussent, alors que monte de sa gorge un grognement. Les sauvageons bougent pour se placer devant le petit groupe, alors que l’assassin, lui, n’aime pas cela. Ce n’était pas de la peur. Juste de la méfiance. Il ne leur faisait pas confiance. Les avaient-ils conduit dans un piège en les menant jusqu’aux fontaines ?
Et si c’était le cas ? Ils te tournent le dos, là, Narcisse. Ne serais-ce pas l’occasion de leur briser la nuque ? De leur trancher la gorge de tes griffes ? C’est peut-être ta seule chance…
Le Phénix fait naître l’incertitude, alors que les sauvageons parlent. Trop dangereux. Fuis avec les petits loups. C’est le premier, celui avec lequel ils avaient communiqué au début qui parle. Les yeux dorés soutiennent le regard de braise alors que l’hybride se poste devant les siens. La Conseillère et son ami blessé. Il devait les protéger. C’était son devoir. C’était pour cela qu’il était là. Veiller à ce qui ne leur arrive rien. Qu’ils ne finissent pas comme Anita. Que plus personne ne soit blessé.

Pourtant, le poil retombe, alors que Narcisse accepte d’accorder confiance au sauvageon. Pour cette fois. Parce que si le Phénix venait, il ne serait pas contrôlable et que la bête qui rugissait là-bas, leur été inconnue. Son corps élancé se redresse, alors qu’il laisse les amis passer devant, avant de les suivre pour fermer la marche.

Cet adversaire, ils n’étaient pas encore prêts à l’affronter.
Mais bientôt.
Car les sauvageons ne seraient pas toujours là.