Il n'en restera rien - Violette

Si seulement elle avait su que les choses se seraient passées comme ça…
Comment aurait-elle réagi ? Ptet qu’elle aurait essayé de convaincre Isrâ que c’était pas une bonne idée, de se lancer dans ce genre de choses. Elle l’avait senti, après tout, avant même qu’ielles n’en viennent à ouvrir le premier ouvrage. Pourtant, Onyx n’avait rien dit, par ce qu’elle n’avait pas trouvé le courage et craint une maladresse.
C’était tellement plus simple, de marcher dans les pas d’Isrâ, pour voir fleurir sur ses babines un sourire si ravissant.

Mais ça ne servait à rien de regretter amèrement, pas vrai ? Par ce que ça ne ramènerait pas Isrâ et ça ne rétablirait pas l’équilibre. Penser, c’était bien, mais agir c’était mieux. Onyx n’était pas du genre à se morfondre dans son coin, de toutes manières, d’autant plus qu’elle savait ce qu’elle avait à faire, maintenant.
Elle ne pourrait, clairement, pas tout réparer et devrait vivre avec cette bourde magistrale sur la conscience, mais elle pouvait, tout de même, minimiser les dégats et tout mettre en œuvre pour éviter que l’histoire se répète.

Il fallait qu’elle détruise les recherches d’Isrâ et tous les documents qu’ielles avaient pu trouver à la bibliothèque.
De toutes manières, Onyx comptait bien passer par la vasque de la lune, au cas où elle y trouverait une trace de Miraj.

Miraj…
L’enfant occupait actuellement une bonne partie de ses pensées. On aurait presque pu comparer ça à de l’obsession, même si Onyx s’y refusait : Ce n’était là qu’un devoir à accomplir, une responsabilité qu’elle avait et à laquelle elle ne pouvait se soustraire.
Pourtant, dans les poches de sa cape, les figurine de pierre s’entrechoquaient à chacun de ses pas. Elle les avait gardées, précieusement, pour les remettre à la petite louve lorsqu’elle la reverrait.

Par ce qu’elle la reverrait, n’est-ce pas ?
Il y avait déjà quelque chose, qui la liait à Miraj ; elle en était persuadée et ce lien ne serait pas brisé après les recherches, quelles qu’elles soient. Elle était, après tout, l’une des responsables, si l’on pouvait utiliser tel mot, de son retour et, par conséquent, de ce qu’elle vivait actuellement.
Oh, évidemment, elle n’était pas sa mère mais… Mais peut-être que si, un peu quand même ? C’était pas si différent, de concevoir un enfant, à part dans la façon de faire. Si elle n’avait pas été étreinte, si elle ne partageait pas de sang avec Miraj… demeurait d’autres actions qui faisait, qu’aujourd’hui, elle était là.

C’était trop bizarre. Elle peinait encore à se placer, dans tout ça. Ses pensées étaient sûrement un peu trop perchées.
Surtout qu’il y avait cette louve, enlevée avec l’enfant. Elle semblait prête à tout, celle là, pour rester près de Miraj sans avoir été impliquée, auparavant, dans l’histoire. Là où elles étaient actuellement, peut-être que des liens se créeraient entre elle et l’enfant ?
Onyx ne savait pas vraiment si cette idée lui plaisait, ou pas. C’était une bonne chose que Miraj ne se retrouve pas seule, ouais.

Pourtant, ce n’était pas le rôle de la louve sable d’être là bas, d’assumer à sa place.
La petite louve se mordilla la langue.

Mais si elle ne l’avait pas fait, Miraj serait seule. Par ce qu’elle, Onyx, elle avait bien merdé , face au monstre, et ptet qu’elle merderait encore.
Quel merdier, c’était le moment de le dire. Elle avait envie d’aider et sûrement l’envie, aussi, de récupérer la p’tite Miraj pour s’assurer qu’elle soit heureuse. Ne risquait-elle pas, cependant, d’empirer les choses en agissant ainsi ?
Est-ce que ce serait mieux, de laisser les autres gérer, comme le lui avaient conseillé ses parents ?

Elle gronda pour elle même.
Ce sale chien de monstre, il n’avait pas le droit, de faire ça !

Et puis après, si c’était bien elle qui récupérait la môme, qu’est ce qu’elle allait faire ? Est-ce qu’elle la remettrait bien gentiment aux Nakhus et à leur déesse qu’avait pas déçu grand monde en continuant sa p’tite vie tranquillement ? Y’avait toujours cette peur si grande, en elle : Et si la corneille ne faisait pas preuve de bienveillance envers cette enfant porteuse du chaos et de la mort ? Si elle préférait protéger les siens, chose légitime, quitte à zigouiller la gosse ou à l’enfermer quelque part ?
Quelle vie, pour la p’tite Miraj, hein?

Si elle n’aurait pas du vivre… Onyx ne pouvait, cependant, se résoudre à la voir mourir jeune. Maintenant qu’elle était là, Mimi, fallait qu’elle vive comme n’importe quel gosse : elle avait droit, tout comme eux, à un foyer aimant et stable.
Est-ce que les Nakhus sauraient lui offrir ça ? Est-ce que certains risquaient pas de la voir comme un monstre et donc de la discriminer ?
Et si ça se passait comme ça mais qu’ils savaient gérer le chaos et la mort… Elle devrait faire quoi, elle ? L’enlever pour l’éloigner tout ça, quitte à laisser le chaos s’étendre ? Puis, est-ce qu’elle était stable, Onyx ?
Elle avait pas prévu d’élever un gosse, après tout. Pas maintenant, du moins.

C’était compliqué, putain.
Elle allait quand même pas enlever une môme, c’était une idée tellement dingue ! A coup, sûr, en plus, elle se retrouverait avec tous les Nakhus à ses trousses… Et ses darons, ohlala, ils seraient vraiment pas contents.
Elle entendait déjà sa mère lui crier dessus et taper de la patte contre le sol, super énervée. Puis son daron claquerait ptet face à cette nouvelle : elle pouvait pas leur infliger ça.

Faudrait être raisonnable, un peu : trouver un juste milieu.
Mais c’était quoi, le juste milieu ?

Ce fut sur ces pensées qu’elle débarqua à la vasque de la lune.
Ses yeux de chat balayèrent les alentours. Ca allait n’allait pas être facile, de trouver l’endroit où habitait Isrâ, ici. La zone était quand même vaste et les chances étaient grandes pour qu’elle doive la quadriller.
C’était une chance, tout de même, qu’Isrâ lui ai désigné cet endroit comme étant chez iel, par ce qu’elle avait pas vraiment envie de fouiller les autres terres aussi, et qu’en plus, ça lui conférait un avantage certain sur d’autres qui auraient, éventuellement, pu vouloir mettre la patte sur les recherches menées pour accomplir un dessin plus sombre.
Mhh.

Elle jeta un coup d’œil par dessus son épaule et inspira, à la recherche d’une odeur, d’une silhouette qui aurait pu lui faire penser qu’on l’aurait suivie.
Seule, elle se devait de rester pour accomplir cette tâche.

C’était comme une parenthèse dans les recherches de l’enfant, enfin, une semi-parenthèse, puisque ça lui était tout de même lié mais c’était aussi quelque chose d’urgent, d’important, à faire. Elle ne pouvait être certaine que quelqu’un ne pourrait pas découvrir la baraque d’Isrâ et toutes ses recherches, par hasard, avant elle, et les utiliser à mauvais escient : que ce soit pour ramener l’un de ses proches à la vie, à son tour, maintenant qu’on avait vu que ça marchait, ou alors pour répandre ce savoir maudit. Ce serait deux choses qu’elle ne pouvait permettre. Ces ouvrages ne devraient même pas regagner les rayons de la bibliothèque.
Les Nakhus ne seraient peut-être pas très contents de cela mais… eh, au pire, qui pour leur dire ? C’était pas aussi pour ça, qu’elle gérait ça toute seule ?

Motivée à accomplir cette tâche seule, elle commença à quadriller la zone, méthodiquement. Ca allait prendre un temps fou mais, malheureusement pour elle, Isrâ n’avait pas eu l’idée géniale, aussi génial•e soit-iel, de lui fournir un plan détaillé qui la mènerait jusqu’à chez iel. Sans doute préférait-iel garder l’endroit secret, ce qui se comprenait aussi.
Qui avait envie de voir débarquer un parfait inconnu chez soi, en cas d’absence ?

Elle s’arrêta un instant.
Réfléchis, Onyx, où est-ce qu’iel se serait posé, Isrâ?
Sûrement pas loin de chez Mido. C’est qu’iel avait l’air de bien le kiffer, son p’tit Dieu.
Il en pensait quoi, d’ailleurs, lui, de tout ça?

Les recherches menées l’avaient été brillamment et le résultat obtenu relevait presque du miracle, si l’on ignorait les si grandes conséquences.
Mais, est-ce que ce n’avait pas été un peu bête justement, de se lancer à corps perdu là dedans ? Elle même se sentait pas super maligne, en tout cas, d’avoir fait ça. Isrâ qui semblait si intelligent•e, avec ses bouquins et ses mots savants, est-ce qu’iel avait compris, avant le rituel, à quel point c’était dangereux, tout ça ?
Ça n’avait pas plu à Yurai, après tout… Mais c’était logique, par ce que c’était sûrement déraisonnable, de songer à ramener son gosse à la vie.

Onyx soupira.
Ce n’était pas comme si elle trouverait des réponses à ces quelques interrogations, pas ici, en tout cas : Elle comptait pas aller prier le Raptor, après ce qu’il avait pu infliger à ses darons et par ce que, de toutes manières, toute sa foi était offerte à la dragonne. Quand bien même elle éprouvait aussi de la sympathie envers la tigresse.

Elle observa le Raptor qui rodait, un instant.
Est-ce qu’il allait pas lui faire la misère?
Visiblement, non.

La petite louve reprit donc ses recherches. Là, juste là, il y avait une tanière ! Le coeur battant, elle s’avança et s’y engouffra. Ce n’était pas très profond, alors peut-être que…
Non.
C’était juste le temple de Mido. Elle marmonna.

- Désolée pour le dérangement.

Puis partit, par ce que ce n’était pas du tout ce qu’elle cherchait.
C’était presque un retour à la case départ, ou pas, elle ne savait pas trop. Ce n’était pas bien grave, dans tous les cas : Elle finirait bien par trouver ce qu’elle cherchait par ce que le contraire n’était pas acceptable.
Lorsque Onyx avait un objectif, elle s’y tenait.

Ses efforts finirent d’ailleurs par payer : Ses yeux de chat en trouvèrent d’autres.
Ce chat, particulièrement, elle l’avait déjà vu, elle s’en souvenait, maintenant ! C’était à la bibliothèque, il y a un moment, déjà et il était… Il était le joli chat de Isrâ. Alors, peut-être qu’il la guiderait jusqu’à l’Antre.
Elle tenait, là, une piste intéressante.

Pour ne pas l’effrayer, elle le laissa mener sa vie, le suivit de loin, lorsqu’il se déplaçait, jusqu’à ce qu’il se décide à rentrer quelque part.
Est-ce que c’était bien là, cette fois ci ?

Comme elle l’espérait : Ce n’était pas comme si elle cherchait depuis des heures, hein.
Elle entra, elle aussi.

- OUI !

Ce fut un cri du cœur. Putain, enfin, elle venait de trouver cette putain d’Antre. Iel s’était bien planqué•e, Isrâ et une part d’elle en fut rassurer. Au moins, les chances pour que quelqu’un d’autre ait pu mettre la patte sur les recherches avant elle étaient très faibles.
Elle remercia le chat, mentalement, pour avoir été aussi utile.

Sa joie fut cependant de courte durée.
Dans sa poitrine, son coeur se serra bien douloureusement, alors que son regard se posait sur les nombreuses décorations de l’Antre. C’était si joli.
C’était pour Miraj.

L’un de ses doigts effleura l’aile d’une grue et il y eut, sur ses babines, un sourire bien triste.

- Tu rêvais de la ramener ici, Miraj… Vous deviez vivre heureuses et ensemble, ici.

Un soupir.

- Mais elle devra vivre sans toi.

Pourquoi t’as fait ça, Isrâ, hein ?
T’avais pas le droit, de lui imposer d’être une orpheline… Tu sais, ce que c’est, d’être seul•e, en plus.

Onyx fronça les sourcils.

- Elle sera pas seule. Elle, elle sera pas seule. Et elle vivra.

Maintenant qu’elle est là, elle vivra.
J’m’en assurerai, personnellement.

Elle s’autorisa un instant sans rien faire, un instant dans le plus grand silence.
Un instant pour prier pour l’âme d’Isrâ, pour espérer qu’elle ne souffre pas trop. C’était tout ce qu’elle pouvait faire pour iel, désormais, ça, et veiller sur sa fille.

Cette âme… Où était-elle, d’ailleurs maintenant ?
Elle songea là, en cet instant, aux paroles prononcées par le Monstre, avant qu’il n’enlève Miraj. Il souhaitait alors la débarrasser d’Isrâ.

Se pourrait-il alors que…
Restait-il un peu d’Isrâ, juste un peu, dans Miraj ?

Son visage fut déformé par une grimace horrifiée.
Si c’était ça, putain, qu’est ce que c’était glauque. Pire encore… Est-ce que deux âmes pouvaient cohabiter dans un même corps sans qu’au moins l’une d’entre elles ne se retrouve en souffrance ?
Et le Monstre, pourquoi voulait-il débarrasser Miraj d’Isrâ ? Souhaitait-il étendre son emprise sur elle ?

Sur eux tous, en utilisant l’enfant ?

Putain…
PUTAIN.

Isrâ était intelligent•e, il y avait tout intérêt à se débarrasser d’iel pour assouvir un tel dessin. Ainsi, ne resterait que l’esprit encore malléable de Miraj et il en ferait alors ce qu’il voudrait.
La louve brune qui était avec eux serait-elle assez forte pour empêcher cela ?
Par ce qu’il fallait l’empêcher, c’était évident.

Personne n’utiliserait Miraj.

Elle ne devait, cependant, pas perdre de vue son objectif premier : C’était pour ça, qu’elle était là.
Alors, la louve rompit cet instant de silence et de réflexion pour prendre les livres, tous ceux qu’elle pouvait trouver là, cherchant un indice sur leur contenu en lisant ce qui était inscrit sur la couverture… Elle réunit ceux qui n’étaient pas intéressants en une pile.
Son cœur se serra, encore, lorsqu’elle découvrir quelques poèmes, probablement écrits pour Miraj.

Ça, c’était à préserver : La petite serait sûrement contente de pouvoir les lire, plus tard, si elle avait l’occasion de venir ici (Et elle l’aurait, Onyx le souhaitait). Alors la licorne les protégea du mieux possible, là, dans une chemise, à l’abri de la poussière et de l’humidité, elle l’espérait.

Elle préférait les laisser là, dans tous les cas. Par ce que si elle les emmenait, elle, elle risquait de les abîmer.

A celle des poèmes, succéda la découverte des recherches menées. Il y avait tout : Ce qu’ielles avaient trouvé à la bibliothèque, lorsqu’ielles s’y étaient rencontrées.
Il y avait tout ? Il lui fallait vérifier, encore, au cas où elle avait manqué quelques documents qui pourraient mettre quelqu’un sur la voie de la nécromancie.
Elle ouvrit donc d’autres livres, ceux qui n’avaient pas de lien indiqué avec ce qu’elle cherchait, les secoua pour en dégager quelques feuillets glissés entre les pages.
Au cas où, toujours.

Il ne resterait rien de tout cela. Ce serait mieux, ainsi.

Ses trouvailles furent rangées sur le côté et elle constata, d’un regard, le bazar qu’elle avait pu mettre en cherchant.
Elle ne pouvait pas laisser cet endroit là, toujours pour Miraj. Alors, ses pattes trouvèrent les ouvrages, les feuilles éparpillées, et elle les remit à leur place, à peu près là où elle les avait trouvées.

Il n’était pas question de saccager l’Antre, lorsqu’elle était l’une des rares choses qui restaient à Miraj de son parent.

Onyx glissa, sous sa cape, ce qui se devait d’être détruit et quitta les lieux après un dernier regard dans l’Antre.
Elle n’avait plus rien à faire ici : Ce n’était pas chez elle et elle se sentait, déjà, un peu mal d’avoir violé de la sorte l’intimité d’Isrâ.

C’était pourtant nécessaire.

- Pardon, Isrâ.

Elle quitta les lieux sur ces paroles là, retrouvant ainsi la lumière.

Ce n’était pas terminé pour autant : Le plus important demeurait à faire et il lui fallait, justement, désormais, trouver un endroit où elle pourrait se débarrasser des recherches discrètement.
Le moyen de procéder était tout vu : Le feu détruirait tout.

Elle pensa, un peu, à ce qui qui avait brûlé la bibliothèque.
Elle n’était pas comme lui : Ce savoir là était maudit et elle avait ses raisons.

Elle n’était pas folle.

Son regard se posa sur le Raptor, plus loin, qui rodait toujours… Peut-être qu’elle devrait faire ça ailleurs. Brûler des livres, peu importe ce qu’ils contenaient, ne serait peut-être pas bien perçu et elle ne souhaitait (curieusement), pas s’exposer au châtiment du divin vert.
Alors elle s’éloigna, encore, en espérant ne croiser personne qui pourrait apercevoir les angles des livres sous sa cape fine.

Ce ne fut pas le cas et elle en remercia Ao.

Onyx récolta, sur le chemin, un peu de bois sec pour son foyer. Qui se devrait d’être à un endroit ou le feu pourrait-être maîtrisé, ça, c’était important.

Elle quitta la vasque de la lune pour rejoindre les terres de sa propre déesse, juste à côté. Là bas, elle se sentit mieux, plus proche de celle qu’elle adorait que de celui qui ne lui inspirait que méfiance.
Ao possédait, par ailleurs, un lac magnifique.

Sur ses berges, elle détruirait ce qui devait l’être.
Le bois sec fut rassemblé en un tas, dans un endroit préservé de tout ce qui pourrait s’embraser. Ses pattes plongèrent dans les poches de sa cape afin d’en sortir ce qui devrait lui offrir la première étincelle, elle posa les pierres devant elle.
Les recherches prirent place sur le tas de bois sec.

Il n’y eut pas un instant d’hésitation, dans ses gestes ou dans son attitude, avant que les pierres ne se trouvent, s’entrechoquent et que l’étincelle jaillisse et se lie au bois mort dans des crépitements caractéristiques.

Onyx s’assit face au feu, l’observa faire son œuvre : pas par plaisir de le voir, par ce qu’après la bibliothèque, elle peinait encore à trouver de la beauté dans un élément aussi destructeur, mais par ce qu’il fallait qu’elle s’assure qu’il n’épargnerait rien.
Les flammes léchèrent le papier puis l’embrassèrent, l’engloutirent.

Ce fut plutôt lent et Onyx n’en pensa rien.
A vrai dire, c’était comme si la petite louve brune s’était arrêtée de penser dès lorsque les flammes avaient pris le relais de ses actions : Il n’y avait rien de plus, qu’elle ne pouvait faire en cet instant, qu’attendre et surveiller.

Bientôt, ce chapitre là de sa quête serait terminé. Elle ne pouvait même pas s’en réjouir, après tout ce qu’il s’était passé et tout ce qui se produirait certainement à l’avenir.
C’était quelque chose à faire dans une liste précise, voilà tout. L’on brûlait des recherches maudites comme l’on se coiffait le matin par ce que c’était à faire, sans cérémonial particulier.

Onyx se leva.
C’était terminé : Des recherches d’Isrâ, il ne restait que des cendres.

Ao soit louée, elle n'était reconnue que maintenant.
En entendant son prénom hurlé par une voix connue et inquiète, Onyx détacha son regard du foyer pour le poser sur Violette. Elle n'eut, cependant, pas le luxe de réfléchir à ce qu'il se passait et encore moins celui de prononcer le moindre mot que, déjà, son ami venait la serrer contre lui.
Pour être inquiet, il était inquiet.

- Pardon Vio' !

Elle lui rendit son accolade.

- J'voulais pas t'inquiéter ! J'ai eu quelques impératifs, après l'incendie et avec les frontières fermées... Bref, c'était un peu compliqué, j'ai pas trop eu l'temps de te prévenir.

Ce qui n'était pas cool, elle le savait.
Mais pour le coup, elle n'avait, vraiment, pas pu faire autrement : Nocera l'avait directement renvoyée à la plaie du monde où elle avait découvert les corps sans vie d'Isrâ et de Lewis, puis elle avait parlé à ses parents de ce qu'il s'était passé et, pour terminer, était partie de son côté pour chercher Miraj et brûler les recherches d'Isrâ.
Ce n'était toujours pas terminé, d'ailleurs, en ce qui concernait les recherches de l'enfant et c'était à peine si elle s'autorisait à se poser.

Oui, mais Violette, il avait l'air épuisé, et si inquiet.

- Alors, la traque ? Ca s'est passé comment ? Vous avez pu arrêter le coupable ?

Wow, ben ça alors.

- Meh, un grand malade, à coup sûr !

Fallait être un grand malade, de base, pour brûler la bibliothèque.
Ou alors... s'y trouvaient des documents que le pyromane souhaitait voir disparaître. Ne venait-elle pas, elle-même, de brûler des recherches ?
Elle préférait, en tout cas, cette option là à un incendie déclenché pour le simple plaisir d'un individu pas net.

C'qu'elle venait faire ici ?
Alors mon p'tit Violette, j'me fais un p'tit feu oklm pour brûler des recherches dangereuses. La nécromancie, ça t'dit quelque chose ? Bah figure toi qu'quelqu'un que j'connais y a eu recours, que j'l'ai même aidé•e pour ça et bon, du coup, on a ptet bien fait pop un monstre ainsi qu'une môme qui porte la mort et le chaos !
Rien qu'ça !

Mais la discussion s'orienta vers son glowstick, alors elle ne dit rien à ce sujet. Elle n'avait, d'ailleurs, même pas envie d'impliquer Violette là dedans.
Désolée, Papa, mais j'crois bien que j'vais devoir me démerder seule. J'peux pas mettre d'autres gus', et encore moins ceux qui me sont chers, en danger.

- Oui, il est là, derrière la cascade, son temple !

Onyx la pointa de la patte.

- Pardon d'cet oubli ! Mais ouais, j'suis d'venue la disciple de la m e i l l e u r e déesse ! Sois pas triste, personne peut rivaliser avec Ao !

Et elle rit, un instant.
Oubliant, cet instant, un peu ses problèmes.

Son sourire disparut aussi vite qu'il était apparu.
Visiter, genre maintenant ?

La petite louve brune hésita. En soi, le temple d'Ao était vraiment juste à côté et ça ne leur prendrait que quelques minutes, pour s'y rendre, p'tet plus pour répondre aux questions que Violette pourrait se poser...
Est-ce qu'elle pouvait vraiment s'accorder une p'tite pause, comme ça, dans sa quête, arrêter de chercher cette gosse dont elle était pourtant responsable juste pour passer un p'tit moment avec un pote ?
Clairement pas.

Oh, il avait un cadeau pour elle...
Ca la gênait encore plus hhhh.

- Merci Vio', c'est super gentil !! Malheureusement j'vais pas avoir le temps de te faire visiter aujourd'hui, j'ai... Pas terminé ce que j'dois faire. Mais dès qu'c'est fini, j'viendrai te chercher et ce s'ra avec plaisir que j'te montrerai le temple de la meilleure Déesse !!

Elle piétina un peu.

- Faut que j'te laisse d'ailleurs, plus vite ce s'ra terminé et plus vite je reviendrai !

Onyx lui offrit un sourire désolé.

Onyx hocha la tête.

- C'est promis !

Elle lui donna un coup d'épaule, bourrin mais affectueux.

- Allez je file, a plus, Vio' !

Sur ces mots, elle disparut.
Elle avait une p'tite Miraj à retrouver.