-Ted-
Les frontières étaient-elles toujours fermées avec les nakhus ? C'est porté par cette question que le « petit » Ted est parti ce matin, en direction du clan nakhus. Ses préparatifs pour son départ avancent bien, les parchemins qu'ils fabriquent sont de plus en plus résistants et légers, et ilen a de plus en plus. Bien sûr, ça n'égalera jamais la qualité des livres de la bibliothèque nakhu, il en est conscient. Mais au moins ce projet lui semble utile, permettrai d'avoir peut-être un autre condensé de connaissances destiné uniquement aux solitaires : les bestioles dangereuses, où trouver ce qu'ils cherchent, mais surtout comment soigner, et peut-être même des contes et histoires, écrites par des congénères. Ce rêve là lui semble tout de même très loin, à Ted. Mais son d »part lui est bien plus proche, même si cela l'angoisse un peu.
En approchant de la frontière nakhu, plongé dans ses pensées, il entend un léger caquètement. Le loup redresse la tête, cherchant la bestiole produisant le son, et tombe sur … Une poule. Picorant le sol dans un buisson, l'animal ne semble pas du tout effrayé par la stature imposante de Ted. Bon … Une poule imprégnée, qui n'a pas peur des prédateurs, c'est qu'elle doit bien appartenir à quelqu'un. Et puis, Ted sait que les nakhus élèvent des poules, peut-être qu'elle s'est simplement échappée ? Elle retrouvera son chemin seule, probablement, vers son poulailler.
Ted s'éloigne, avant qu'une idée macabre ne vienne le déranger : une poule qui n'a pas peur des prédateurs, elle ne tiendra pas la journée. Il se fige, un peu embêté. La meilleure solution serait de l'attraper, et de la rendre aux nakhus … Il pense à sa maman et ses sœurs licornes, elles n'auraient pas laissé la pauvre poule toute seule, abandonnée ... oh et puis zut autant faire sa bonne action du jour !
Il revient sur ses pas, attentif aux sons. Il entend les petits claquements du bec de la poule sur le sol, ses petits gargouillis. Mais comment la choper ? D'abord, un plan : il faudra essayer d'attraper ses pattes arrières, peut-être de les nouer ensemble pour ne pas qu'elle s'enfuie. Ou alors, la diriger vers une cage ? Oui, ça serait moins violent pour elle ! Bon, maintenant, il allait lui falloir une cage, et il n'en avait pas sous la patte. Heureusement, à force de travailler pour le refuge, Ted commençait à être manuel : il se mit en quête de bâtons assez solides et d'herbes pour nouer des cordes de fortune.
Dans sa besace qui ne le quittait jamais, il avait déjà quelques cordes, mais qui ne suffiraient pas. Alors, il en tressa trois autres, qu'il utilisa pour attacher entre eux les bâtons qu'il avait trouvé, formant une cage de fortune. Pas très solide néanmoins … Il se remit en quête de plantes, trouvant et tressant, pour consolider l'édifice. Bon, maintenant la porte ! Il allait falloir une sorte de « piège », et Ted n'était pas spécialiste. Une simple porte se fermant serait-elle assez ? Utilisant des bâtons pour faire une porte, il la fixe sur seulement un côté, lui permettant de tourner autour de son axe. Maintenant pour le déclencheur …
Ted retourne sur les lieux, aussi silencieusement que possible. La poule est toujours là, cherchant des vers ou des graines sur le sol, le guettant d'un œil inquiet, mais pas apeuré. Bon. Il met en place la cage, attache la porte en équilibre grâce à une branche, qu'il pose en bascule sur un arbre. Un édifice bien précaire, qui devrait faire l'affaire. Ne manquait plus que l'appât, et pour ça, Ted savait faire : il s'éloigne pour trouver un bout de terrain humide, et se met à creuser. Très vite, il trouve un, puis deux, trois vers de terre, les ramasse délicatement pour les placer dans la cage, sur une feuille. Et voilà, tout était prêt !
La poule est toujours inquiète, mais Ted se cache. Bien vite, les glougloutement se rapprochent, et la poule inspecte la cage. Encore quelques dizaines de minutes d'attente, et elle ose entrer, lentement, jusqu'à atteindre les vers, qu'elle engloutit. C'est le moment ! Ted pousse la branche, qui se déséquilibre, et vient fermer la porte d'un claquement mou. Il sort du buisson, se jette sur la porte pour la maintenir fermée alors que la poule panique d'avoir été enfermée. Mais elle est saine et sauve ! Il souffle de soulagement, au milieu des piaillements et des griffures de la poule qui passent son bec à travers la cage grossière. D'un geste appliqué, il ferme la cage, puis la juche sur son dos en utilisation sa sacoche pour la stabiliser : c'est l'heure de la rendre aux nakhus !
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