"Crac" - Teddy

Ça, c’était pas de bol.

Elle aurait pas trop su raconter comment ça s’était passé, Onyx et encore moins se souvenir du pas maladroit qui lui avait fait perdre l’équilibre.
Est-ce que c’était important, de toutes manières ? Ca changerait rien au fait qu’elle se retrouvait désormais étalée sur le sol, les quatre pattes écartées, les yeux et la truffe humides.
Ah, et qu’elle braillait, aussi. ‘Fallait bien l’avouer : Ça faisait un mal de chien.

Sur les pattes avant, il n’y avait pas d’autres dégats que des égratignures très légères, gagnées lorsqu’elle avait tenté de se raccrocher à la paroi. Le plus gros problème se situait à l’arrière et Onyx avait su, rien qu’avec la douleur, que ce n’serait pas demain la veille qu’on la verrait cavaler dans le refuge comme un p’tit cabri.
Elle s’était retournée, tant bien que mal, pour découvrir, avec effroi et dégoût, ses deux pattes déformées.
Y’avait pas moyen de les toucher et encore moins d’se mettre debout.

Quelle bonne grosse journée de merde.
Comment est-ce qu’elle était censée rester optimiste quand il lui arrivait des trucs comme ça, hein ? C’était pas comme si elle avait plein de trucs à faire et qu’elle pouvait pas s’permettre de se blesser, surtout à c’point.
A coup sur, elle s’était pété les pattes.

Putain, heureusement qu’elle était pas partie s’paumer elle ne savait où sur les terres où personne n’aurait pu la retrouver. C’était la seule chance qu’elle avait, dans son malheur.
Dépitée, en colère et en souffrance, Onyx rejeta la tête en arrière pour hurler.
Un appel à l’aide.

Y'avait son Papa.
Bien sûr, qu'y avait son Papa ! Son Papa, c'était son héros, toujours l'premier à accourir lorsqu'elle avait besoin d'aide.
Et là, elle en avait putain de besoin.

- J'crois que j'me suis pété les pattes. Les deux.

Ca avait produit un sacré craquement, lorsqu'elle s'était ramassée et les deux lui faisaient un mal de chien.
Elle serra les crocs un peu plus fort et fronça les sourcils.
Y'avait pas l'temps de se péter les pattes, bordel. Il lui restait encore tellement de recherches à faire, elle devait protéger Mimi, encore.
Ce serait pas possible de le faire dans cet état.

Quatre.
Mois.

Ce fut tout ce qu'elle retint, dans toute cette parlotte : L'annonce de ces quatre putains de mois de convalescence forcée. Par ce que c'était pas comme si elle allait pouvoir faire autrement, même avec toute la bonne volonté du monde, même avec toute sa détermination, si ses pattes arrières refusaient de soulever l'arrière de son corps.
A moins de ramper.
Et d'empirer les choses. En v'la, une idée de génie.

Elle fronça les sourcils, frustrée et très malheureuse mais laissa, tout de même, son père la soigner sans broncher. C'était de sa faute, à son pauvre vieux et il était déjà bien mignon de lui venir en aide et de chercher à la rassurer.
Si elle était en colère, c'était contre elle même.
Ah putain mais quelle idée elle avait eu, d'vouloir passer par là !

Elle savait qu'ils viendraient, les amis et la famille.
C'était pas ça, qui la rendait malade et qui lui donnait, presque, envie de chialer.

- J'ai trop de trucs à faire. Ca m'arrange pas, je préfèrerais plus tard. On peut pas décaler la convalescence à plus tard, le temps que j'fasse tout ce que j'ai à faire avant ?

'Valait mieux en rire qu'en pleurer, non ? De toutes manières, ça lui rendrait pas ses pattes par magie.
Onyx ne put réprimer un soupir.

- Merci papa.