Une odeur de feu de bois [PV Lùgh]

-Ted-

Ted s'avance encore, ne réalisant pas tout de suite que Lùgh s'était arrêté. Il renifle un peu l'air frai et humide venant de la rivière, avant de s'arrêter brutalement. Il se retourne, et constate que le beige est resté figé sur place. Pire, il pleure. Les oreilles du gris se couchent, ne sachant pas vraiment ce qu'il y avait. Est-ce que c'était la rivière, qui lui rappelait son chez-lui ? Ou bien autre chose, un souvenir traumatisant, peut-être sa noyade ? Ted était confus, le revirement était assez violent. Il pensait que la rivière lui ferait plaisir, Lùgh lui avait même dit, et la mer ...

Le grand loup à crête ne sait pas vraiment comment réagir. Mais il a compris qu'il fallait être patient, sans forcément comprendre. Alors, il se rapproche un peu, et cette fois-ci, c'est lui qui choisit d'avancer sa patte pour la poser sur celle du mâle changé en femelle. Il garde les yeux baissés, sentant ses joues s'empourprer, un peu. Le contact physique, il l'a eu par surprise, mais son corps était toujours étonnement contre. Pourtant, ça lui faisait du bien aussi, et il espérait que cela rassurerait le beige. Les loups en avaient besoin, ils étaient sociaux, Ted l'avait lu dans un livre. Il s'éclaircit la gorge et tente de le rassurer :


Il lève son autre patte pour la passer dans ses cheveux, le regard déviant un peu vers la droite, gêné. C'était tout ce qu'il pouvait faire, de toute manière, et il comprendrait si le loup voulait rester seul. Parfois, c'était de ça dont on avait besoin, lui le savait le premier. Il déglutit : il y avait autre chose, qu'il pouvait faire. Il écarte un peu sa patte, ses joues devenant presque cramoisies, sa voix plus rauque. Il pense à son père, qui l'avait bien élevé, sans pouvoir s'empêcher de prier qu'il ne soit pas en train de les espionner à ce moment là.


Il fait un geste montrant sa poitrine. Il acceptait un contact un peu plus prolongé, si cela lui faisait du bien. S'il refusait, et bien ... Peut-être qu'il irait s'enterrer de honte.

-Ted-

La gorge serrée, Ted observe du coin de l'oeil le mâle hésiter. Il n'y avait plus de chemin de retour maintenant, et il se maudissait, si fort ! D'être aussi gênant, d'être aussi gêné. C'était quelque chose de normal, pourtant, face à la détresse d'un autre de vouloir le réconforter, mais pourquoi devait-il toujours rendre tout plus gênant que cela ne le nécessitait ? Non, décidément, Ted était mieux seul, accompagné de ses livres et de son luth, sans avoir à communiquer avec personne. Et maintenant, il était piégé dans une situation où il n'y avait plus aucune bonne solution : refuser, c'était gênant. Accepter ? Encore pire ! Sa gorge se noue, le regard toujours fuyant, attendant la réponse du loup beige en se demandant s'il n'allait pas s'enfuir.

Et puis, finalement Lùgh choisit la pire solution. Il accepte le contact, vient dans ses bras et alors que Ted se tend un peu, il se sent étrangement bien. Comme si au delà de la gêne, c'était un geste naturel. Finalement, le gris se détend légèrement, acceptant la sensation nouvelle malgré son coeur qui tambourinait dans sa poitrine. Il semblait que son corps avait accepté Lùgh, comme son père ou ses sœurs. Peut-être que c'était le signe qu'ils devenaient des sortes d'amis. Et ça, Ted avait l'impression que c'était bien. Il n'avait pas beaucoup d'amis, il pouvait citer Vanhir, peut-être, et puis ... C'était tout probablement. Alors il profite un peu, jusqu'à ce que ça soit terminé.

Là, il s'écarte, le regard toujours fuyant et les rouges enflammées -probablement rouges comme une pivoine. Il passe une patte dans sa crête, essaye de cacher sa gêne (c'était la première fois, de mémoire de Ted, qu'il faisait un câlin à quelqu'un d'autre que sa famille proche il fallait le noter) et hoche la tête en entendant les souhait du beige. Il avait l'air apaisé, c'était tout ce qui comptait. La gêne reflue, et Ted peut enfin le regarder dans les yeux. Il y rencontre une promesse : celle de se revoir d'ici quelques jours. Il comprenait le besoin d'être seul, et était soulagé de voir que Lùgh avait toujours ... Envie de vivre. Il fallait dire que depuis hier, le loup à corne était plutôt découragé.


Sa gueule parle brièvement et s'éclaire d'un sourire, mais ses yeux disent bien plus. C'est une promesse. Il ne voulait plus perdre d'amis comme il avait perdu Fenouil, du jour au lendemain, après un au revoir plutôt qu'un adieu. Son regard reste neutre cependant : Lùgh est libre, et il a le droit d'aller où bon lui semblait. Ted en ferait de même : il avait d'ailleurs du travail à continuer. Alors, lorsque le beige s'éloigne, il le regarde partir un instant avant de repartir lentement vers sa tanière, le ventre plein de sentiments mitigés.