Une odeur de feu de bois [PV Lùgh]

-Ted-

Sans s'en rendre compte, Ted s'était endormi à côté des vestiges rougeoyant du feu allumé plus tôt. Roulé en boule, un peu à la manière d'un félin, c'était le froid perçant à travers son épais pelage qui l'avait finalement réveillé. Il s'était sorti du sommeil avec difficulté pour se traîner jusqu'au devant de sa tanière et se rendormir. La position n'était pas idéale, et dès les premiers rayons du soleil, il avait ouvert les yeux avec l'impression que sa soeur Agathe lui avait marché dessus pendant la nuit.

Encore engourdi, il avait marché jusqu'à leur réserve de nourriture avant de se souvenir d'un pont important : Lùgh était là. Lùgh était arrivé hier, et Lùgh était une femelle maintenant. Ha, et puis, il était mort, puis revenu. Le grand mâle brun se frotte les yeux. Avait-il rêvé ? Mais la simple présence de l'odeur de l'autre mâle ne lassait pas de doute quant à la réalité de sa soirée d'hier. Visiblement, il avait eu besoin de dormir plus longtemps, ou bien était déjà reparti. Le grand corps dégingandé de Ted se remet en branle vers le garde manger, où il prend des légumes, des oeufs et quelques plante aromatiques. De quoi faire une omelette pour deux. Car il espérait, quelque part, que le beige ne soit pas parti sans rien dire pendant la nuit.

Il revient vers le foyer et pose  avec délicatesse ce qu'il avait ramené. Les oeufs étaient précieux : il revoyait encore son père et lui fabriquant les maisonnettes où à présent ils  pouvaient ramasser ces denrées rares ... Mais au printemps, ils devraient s'en passer pour laisser les nichées se faire. Lui irait chercher de la viande, mais il s'inquiétait souvent du régime alimentaire de ses soeurs, qui n'en mangeaient pas. Le foyer était humide, après la nuit passée, heureusement qu'un stock de bois sec se trouvait dans l'une des grottes de l'antre. Il les entrepose, ajoute de l'herbe séchée, et se penche avec ses silex pour tenter de faire partir le feu.


Quelques étincelles jaillissent, et après quelques minutes, viennent dévorer les herbes bien sèches et lécher les buches. Ted pousse un peu les flammèches au centre, veillant sur son bébé feu pour pas qu'il ne soit soufflé par le vent, assez fort en cette matinée. Ensuite, il pourra passer à la préparation.

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'PC - Réussite' :

-Ted-

Le feu parti avec entrain, Ted s'attaque à la préparation. Dans un bol en terre cuite, il mélange les légumes et œufs qu'il casse avec précaution. Il reste toujours une coquille, même lorsqu'il fait vraiment attention, et habituellement cela ne le gène pas. Mais aujourd'hui, il s'applique à l'attraper d'une griffe pour l'envoyer valser au dehors de sa préparation. Puis, il ne reste plus qu'à mettre sur le feu et bien mélanger. Les légumes seront croquants, il le sait : ses sœurs, elles, savent cuisiner des fondants de courgettes avec les mêmes ingrédients, mais lui manque cruellement de maîtrise. A l'aide d'un morceau de bois chauffé au feu, il mélange en restant attentif : il ne fallait pas brûler la préparation.

C'est lorsque le fumet de la cuisine commence à s'élever qu'il aperçoit Lùgh sortir de sa tanière. Il tourne le museau vers lui, constate que son corps est resté celui d'une femelle. Après tout, pourquoi n'aurait-il pas changé pendant ces quelques heures ? On pouvait s'attendre à tout. Il le laisse approcher, avant de lui offrir un sourire timide. La lumière du jour semblait trop vive, sur son visage plus fin, exposant trop fort les secrets qu'il lui avait dit hier. Mais Ted ne dit rien, se contente de le saluer de la tête : heureusement, le beige semble vouloir parler ce matin.

Il était désolé pour hier. Ted couche légèrement les oreilles. Lui aussi était désolé, un peu. Alors, comment ils faisaient ? Il écoute ses excuses, les yeux rivés sur la nourriture, un mélange de culpabilité et de soulagement dans le ventre. Le beige avait l'air d'aller un peu mieux, en tout cas, plus reposé. Ted, lui, a du mal à formuler une réponse, alors il applique ses gestes sur sa cuisine pour déconcentrer son corps. Finalement, il se frotte la tête d'une patte avant de lâcher :


Trop tôt pour en parler, c'était ça, sa faute. Il se saisit d'un deuxième bâton pour pousser le bol hors du feu : les œufs étaient prêts. Il en fait glisser la moitié -laborieusement- dans un deuxième bol, avant de donner celui qui n'était pas bouillant à Lùgh. Il lui sourit. Pense à son papa, qui aurait été fier de lui : il savait recevoir des hôtes, même si la conversation n'était pas son fort.

-Ted-

Le grand brun hoche la tête, sourit, puis revient à son bol. Une griffe tapote le bois alors qu'il écoute le beige s'excuser à son tour. Il aurait aimé lui dire que c'était normal, de se sentir comme ça après ce qui lui été arrivé. Qu'il était heureux aussi, peut-être, de le voir mieux après seulement une nuit. Qu'il avait été soulagé de ne pas retrouver une tanière vide le matin, ne lui laissant qu'une odeur fleurie et une belle tripotée d'angoisses. Mais évidemment, il se tait. Parce qu'il a peur de faire encore une gaffe, et parce qu'il sait que de toute façon, cela ne sortira jamais bien. Il avait longtemps envié son père, pour ça, mais finalement avait trouvé d'autres manières de le montrer. Peut-être un bol d'œufs brouillés.

La remarque le fait relever les yeux de son plat. Il sourit, un peu amusé. C'est vrai que pour un solitaire, il avait des compétences ... Variées. Mais en survie, il était nettement plus mauvais. Il était mauvais chasseur, mauvais pisteur, mauvais combattant. Mais mine de rien, il cherchait à s'améliorer : c'était ça qui comptait. Il baisse les yeux pour regarder sa cuisine et s'amuse, d'une voix douce :


De la cuisine, notamment des gâteaux, qu'il n'avait jamais réussi à faire bien. Et pourtant, qu'est-ce qu'il les aimait ! Prudence, lorsqu'elle passait, leur en rapportait parfois, et lui profitait souvent des restes, vu qu'il restait nettement plus au refuge que les trois voyageuses. Parle de sa famille était plus facile, alors il souffle sur ses œufs, en mange une bouchée avant de continuer :

-Ted-

Concentré sur ses oeufs, le grand mâle est courbé au dessus de son bol pour ne pas en perdre une miette. C'était rare, ce genre de denrées, et il ne fallait pas gâcher. Et puis, garder les yeux baissés et les pattes occupées l'empêchait de trop penser à ce qu'il devait dire. C'était toujours lorsqu'il distrayait son corps qu'il arrivait à parler le mieux. D'ailleurs, il se sent déjà plus détendue, alors que la chaleur de sa préparation lui descend le long de la gorge. La question de Lùgh lui fait tourner une oreille alors qu'il prend une autre bouchée d'omelette, et il hoche la tête.


Il déglutit. Le beige avait deviné vite, peut-être parce que lui aussi était frappé d'un sort du même genre ? Ted cille. Ses soeur s'étaient acclimaté à leur condition, grâce à maman notamment. Mais Lùgh était seul, enfin, il avait l'air seul depuis qu'il était ici. Sûrement pour ça qu'il avait échoué au refuge, comme beaucoup d'autres loups sans famille et sans clan. Le grand brun enfoui son museau dans ses oeuf avec délicatesse pour en lécher la partie liquide (sa préférée). Il renchérit, essayant de donner plus d'informations sans vraiment en savoir beaucoup :


Il se redresse pour passer une patte dans ses cheveux, réfléchissant. Sa mère ne pouvait même pas regarder de cadavre sans se sentir mal, mais cela ne s'était pas passé à ses filles, ou moins. Lui, évidemment, en avait été exempté : il ne portait pas le sang de ses parents. Il sourit à Lùgh, relevant brièvement les yeux avant de les laisser retomber sur sa nourriture.


Il pousse une feuille d'une griffe, un peu indécis.

-Ted-

Le regard se pose sur l'omelette, et la patte se tend de nouveau avec délicatesse pour amener les oeufs vers Ted. Il finit son bol, profitant une dernière fois de la chaleur du repas dans son ventre, avant d'entendre la voix un peu tremblotante de Lùgh. Ses yeux se relèvent, légèrement inquiets, avant qu'il ne réalise que les mots avaient du mal à sortir, comme lui lorsqu'il était tendu. Il cille. Regroupe les informations qu'il avait. Lùgh était maudit, et revenait après la mort, s'il avait bien compris. Dons ... Si les deux malédictions avaient trait à la mort, est-ce qu'elles ne pouvaient pas intéragir l'une avec l'autre ?

Il se redresse, les sourcils légèrement froncés. L'anxiété avait trouvé le chemin de son coeur, lui aussi : et si Lùgh mourrait près de ses soeurs ? Allait-il les tuer ? Il passe une patte dans sa crête, réfléchissant. Il savait deux ou trois trucs sur leur malédiction, quand même, mais bien trop peu sur celle de Lùgh. Le regard baissé dans les flemmes, il répond d'une voix lente, cherchant à être précis :


Il prend une mine désolée. Lùgh n'allait jamais vouloir toucher ses soeurs après ça. Pourtant, il n'était pas un danger en soi, si ? Il ne risquait pas de ... Mourir spontanément ? Le stress de Ted s'amplifie un peu. Il sera quand même fâcheux que son invité prenne feu d'une sorte de colère divine et meure devant lui. Il sourit, essaye de se rassurer :

-Ted-

Le regard brillant de Ted coule vers Lùgh. Et il doit avouer que ce qu'il croit y lire ne lui plait pas beaucoup beaucoup. Ses doutes se renforcent, et il se pend aux lèvres de l'autre dans l'espoir qu'il les dissipe. Malheureusement, ce que le beige lui dit est loin de dissiper son inquiétude. Une mort rapide et imprévisible, une marque le ramenant à la vie sans qu'il ne sache si elle fonctionne ou pas, et puis maintenant ses soeurs qui pouvaient débarquer n'importe quand, toucher le solitaire et BOUM ! La catastrophe était possible, probable même si Lùgh continuait à rester avec Ted. Sa gorge s'assèche. Il y avait forcément quelque chose à faire. Ses yeux sont plantés dans ceux du beige, pour une fois sans chercher à dériver vers le sol. Car ce qu'il lui présente est une situation complexe, horrible et à laquelle Ted veut trouver une solution.


Il secoue doucement la tête. Il n'y avait pas d'autres mots. Son esprit, lui, est déjà en train d'essayer de trouver des solutions. Attirer la chance, les bons esprits, cela pouvait se faire de multiples façons. Talismans, rituels, pacts avec des Divinités ou même des démons ... Il avait lu beaucoup de choses, mais n'avait jamais eu l'occasion de tester. Et surtout, il n'avait rien noté de tout ça ! Ses babines se serrent. Ted était un loup calme, une sorte de .... Jeune bibliothécaire, casanier et timide, et il le savait. Mais parfois, parfois s'allumait en lui une sorte de flamme étrange qui guidait sa volonté. Il l'avait vécu après avoir décidé de partir à l'aventure, et le vivait encore ici : il pouvait peut-être aider Lùgh. Alors, il voulait essayer. Il porte une griffe à sa gueule, réfléchissant à voix haute :


Son débit se fait plus rapide, maintenant qu'il a lancé son esprit cavaler derrière un problème. Son regard s'éclaire, mais la solution ne plaira pas à Lùgh : il fallait revenir à la bibliothèque. Si le beige ne voulait pas, alors Ted irait seul. C'était peut-être même mieux ainsi. Ou alors, ils pouvaient demander à Onyx si elle ne connaissait pas quelques talismans, au moins pour le voyage ... Mais prendrait-il le risque de rapprocher Lùgh de sa sœur ? Si ils ne se touchaient pas, tout irait bien non ? Il se passe une patte dans la crête.


Il lui jette un regard désolé, oreilles couchées. C'était bizarre, comme demande, mais nécessaire. Ted ne voulait pas perdre ceux à qui il tenait.

-Ted-

Le beige baisse la tête, en une moue transparent de tout son mal-être. Ted se sent presque coupable, d'essayer de le maintenir loin de ses soeurs, de le traiter un peu comme s'il était malade. Son coeur se serre : il n'avait pas vraiment le choix, si ? Et puis, la malédiction licorne était peu répandue, il n'y avait qu'elles trois pour la porter. Lui, heureusement, pouvait rester auprès de Lùgh sans craindre pour sa vie. Son regard ne quitte pas le solitaire beige, suit ses mouvements avec une inquiétude certaine. Et puis, il lui parle de prier. Parle des déités d'ici. Ted n'est pas un expert, il les connait bien sûr mais ne pourrait vraiment le conseiller. Près d'ici, à moins d'une journée de marche et sans nager, on pouvait trouver le temple d'Ao, ou celui de Mido. Mais des deux ... Le brun voyait mal la dragonne ou le raptor accorder une bénédiction à un solitaire quelconque. Une pensée fugace le traverse : était-il en train de devenir comme Agathe ?

Lorsque le beige évoque la possibilité de s'exclure du refuge, Ted couche les oreilles. Il n'aimait pas cette idée, sans savoir trop pourquoi. Lùgh n'était pas un danger à part pour ses sœurs, il pouvait très bien les prévenir et elles feraient ce qu'elles voulaient. D'ailleurs, connaissant Agathe et Onyx, jamais elles n'accepteraient qu'il n'aille s'exclure pour elles. C'était important ... Qu'il ne se sente pas comme un pestiféré. Alors, Ted se rapproche un peu et lève une patte hésitante pour venir la poser sur l'épaule du beige. Le contact le surprend, un peu (comme souvent) mais il pense à son père, essaye de l'incarner lorsqu'il veut rassurer.


Il fronce le museau. Il pouvait comprendre le besoin de prier, oui, mais il n'avait pas confiance en les Dieux. Un mélange de peur et de rejet à leur égard, nourri par les paroles d'Agathe et entretenu par son quotidien. Il s'était longtemps tâté pourtant à se rendre chez Mido, juste pour vérifier ce que lui avait dit Agathe. Mais y aller pour demander un service était beaucoup trop, pour lui. Mais il sourit, lâchant l'épaule de Lùgh pour lui offrir un regard compatissant.


Il passe de nouveau sa patte dans ses cheveux, en un tic devenu récurrent lorsqu'il réfléchissait. A vrai dire, les Dieux solitaires n'étaient pas réputés pour être réellement bons. Il n'y avait que Yurai qui pourrait, de son avis, éventuellement bénir leur voyage. Ou alors Mido ... Mais il faudrait bien le justifier, de ce qu'il avait compris. Et puis, Mido ne parlait qu'aux illustres, et eux n'étaient ... Pas grand chose. Il parle avec hésitation, effrayé d'envoyer Lùgh vers une mauvaise piste :


Mido lui faisait peur.

-Ted-

Il ne sait pas vraiment ce qui l'a rassuré, mais Lùgh semble se détendre un peu après ce que lui dit Ted. Le brun hoche la tête lui aussi : il faisait ce qu'il voulait après tout. S'il préférait être excentré du groupe, alors le grand brun respecterait ses choix. Tous étaient libres ici, et de toute façon il ne pouvait pas continuer à dormir dans sa tanière sans que la situation ne devienne trop inconfortable. Il se redresse un peu, et hoche la tête : c'est vrai que les Dieux extérieurs pouvaient être priés mais n'avaient pas de pouvoir, du moins, Ted n'en avait pas vu de traces dans ses lectures. Il y avait bien d'autres entités mais ... Elles étaient dangereuses à invoquer, alors il n'en parle pas. Et s'il voulait voir Ao alors sa soeur était la plus indiquée pour l'y guider. Il serre les crocs un instant, espérant qu'il ne leur arriverait rien s'ils décidaient de partir ensemble : les deux étaient une sorte de bombe à retardement.

Et puis, son regard croise celui du mâle. Il s'y attarde, un peu plus que d'habitude. Il fallait dire que ces quelques jours avaient été intenses en émotions, et maintenant que Ted avait une sorte de but, il se sentait un peu plus à l'aise avec le beige. Un peu plus en confiance. Alors, lorsqu'il essaye de dire quelque chose, il lui sourit, empathique. Ils se ressemblaient tous les deux, à buter sur leurs mots, à ne pas savoir comment exprimer ce qui se passait dehors et dedans. C'était assez ... Etrange, comme de se retrouver devant un miroir. Ted aurait pu croire qu'en face de quelqu'un comme lui, il aurait mieux communiqué, mais pas du tout.

Et puis, il fait quelque chose d'étrange : il pose sa patte sur la sienne. Ted se tend légèrement, surpris, mais ne se soustrait pas au contact. Lui s'est forcé tout à l'heure à lui toucher l'épaule, il se force à rester en place, même si, même si ce n'était pas vraiment désagréable. Les yeux posés sur la patte de Lùgh, il ne bouge pas, ne sachant pas vraiment quoi dire. Il n'y avait pas grand chose à dire, probablement. Et puis, c'était fini. La sensation de chaleur reste un peu, et le silence qui suit n'est pas si gênant. Enfin, jusqu'à ce que la voix de Lùgh vienne le tirer du coton où il s'était mis, et qu'il réalise qu'il était toujours en train de fixer sa patte comme un idiot.

Il rougit un peu, se redresse un peu et regarde les grottes vers la droite. Ha, elles sont soudain très intéressantes, ces grottes, oui. Il s'éclaircit la voix, et répond :


Oui, ça c'était bien. Il prendrait des parchemins, de quoi écrire et ferait des recherches en profondeurs. Il pourrait également en profiter pour se renseigner sur les capes, mais ça ferait sûrement beaucoup en une fois, surtout qu'il fallait traverser le bras d'eau pour revenir sur le continent, et il n'avait pas d'embarcation. Peut-être pourrait-il demander aux nakhus ... Ou bien se souvenir de tout ? C'était un casse-tête.

-Ted-

Le loup beige a l'air d'accord, car Ted le voit hoche la tête du coin de l'oeil. Il hoche la tête en retour : comme ça, c'était dit. Onyx passait souvent au refuge, d'ici quelques jours l'affaire serait pliée et il pourrait se rendre à la bibliothèque. Il avait hâte d'y retourner, in peu, mais aprehendait le retour. Est-ce que les nakhus avaient changé envers eux ? Surtout qu'il n'était pas présent lors de l'incendie, il n'avait pas pu aider, et maintenant il allait en profiter sans rien leur apporter en retour. En même temps, les nakhus avaient tellement plus qu'eux, et leurs Dieux ... Il se mord la lèvre. Décidément, il faudrait qu'un jour il aille rendre visite à l'un d'entre eux, seulement pour confirmer ou infirmer ses impressions.

La proposition de Lugh le tire de ses pensées. Le beige proposait d'aider, en retour de l'aide prodiguée par Ted. Ce dernier sourit : c'était le principe du refuge après tout. Il était heureux de voir que le projet de sa soeur continuait d'aller dans la bonne direction. Il regarde un peu autour de lui d'un coup d'œil rapide avant de se passer la patte dans les cheveux -un tic qu'il semblait avoir de plus en plus souvent. Il y avait toujours du travail, au refuge. Avec le printemps, les besoins étaient surtout du côté des plantations et du jardin, qui entretenaient la majorité des loups végétariens du lieu.


Il relève la truffe, comme pour chercher quelqu'un. Lui s'occupait régulièrement du jardin mais ne savait pas bien où étaient gardées les graines, si même il y en avait. Faudrait-il qu'il retourne chez les nakhus pour en chercher ? Cette pensée le fait légèrement grimacer. Son coeur aspirait à l'indépendance.


Le regard fuit un peu de nouveau. Il pourrait montrer l'endroit à Lùgh et le laisser faire, mais le travail à deux allait toujours plus vite.

-Ted-

L'idée d'aller jardiner fait fleurir un sourire sur les babines de Lùgh, et à Ted de faire de même. Il était soulagé de le voir un peu moins stressé, de le voir accepter de sortir. Lui-même à sa place serait peut-être resté cloitré de peur de mourir de sa malédiction. Il baisse les yeux vers les bols et commence à les ramasser, pour les ramener dans sa tanière. Il se lève pour aller les rincer dans un broc d'eau à quelques mètres. Il se concentre dans sa tâche, mais son sourire refuse de quitter ses babines, flottant alors qu'un peu de chaleur se répand dans son ventre.

La voix de Lùgh lui fait tourner la tête, alors qu'il termine de nettoyer les bols. Faire quelque chose maintenant ? Pourquoi pas, oui. Il n'avait, de toute manière, pas vraiment envie de le laisser seul au refuge après ce qu'il avait vécu. Enfin, sauf s'il le voulait. Enfin, voilà. Ca lui faisait plaisir qu'il veuille continuer de s'occuper, même s c'était dans l'optique de repayer sa "dette" envers le refuge, dette qu'il n'avait pas vraiment. Le grand loup brun réfléchit un peu, avant d'hocher la tête :


Il s'assoit devant Lùgh, se gratte la joue en réfléchissant. Qu'est-ce qu'il comptait faire, lui ? Ecrire un peu, sûrement, continuer à chercher des plumes, rien de bien passionnant. Surtout, très individuel : peut-être que le beige préférait une activité plus ... Collective. Ils pouvaient inspecter les grottes pour les renforcer, mais à dire vrai, Ted se sentait fatigué d'avance de faire ce travail. Il hausse les épaules avant de sourire :

-Ted-

Lorsqu'il évoque la pêche, il voit les yeux du beige s'allumer d'une lueur vive d'intérêt. Et il se met à parler, d'une voix plus claire et plus rapide, au point que Ted n'en comprends pas tous les mots. Il se stoppe, de lui-même, comme s'il avait honte de sa soudaine passion. Mais Ted, lui, sourit face à la soudaine vie de Lùgh. Il ne savait toujours pas pourquoi il avait du quitter sa terre natale, la question devenait plus étrange à chaque fois qu'il en parlait tant l'amour qu'il lui portait transparaissait dans ses mots. En un sens, c'était un peu triste. Mais si la pêche pouvait le faire se sentir un peu comme chez lui, alors le grand brun était prêt à l'amener jusqu'à la mer.


il se lève, tourne sa truffe vers le Sud où il savait qu'une rivière se trouvait. Ils pourraient y arriver en peu de temps, mais évidemment, ce n'était pas du même acabit que la mer qui se trouvait de l'autre côté de la savane. Il se met en route, sans prendre la peine d'aller chercher de quoi pêcher. C'était simple : il n'avait pas grand chose. Il était mauvais, en pêche, préférant dessiner les poissons que de les attraper alors qu'ils étaient bien plus rapides que lui. Il tourne son museau vers Lùgh et demande :


Visiblement, Lùgh en connaissait un rayon en pêche et poissons. Ted pourrait apprendre de lui, surtout avec son projet de départ dans le Nord : une autre source de nourriture ne devait pas être négligée. Même si l'idée de se plonger dans les eaux froids du Nord ne l'attirait pas vraiment, il avait toujours soif d'apprendre de nouvelles choses. Il devait en profiter, alors que la présence du loup beige lui était agréable, contrairement à l'immense majorité des autres en dehors de sa famille.

-Ted-

Les oreilles de Ted bougent légèrement, au fil de son pas et de son écoute. Oui, il connaissait ces coquillages là, il ne savait pas leur nom cela dit ... Mais les connaissances du mâle beige l'impressionnait, un peu. Et puis, il lui parle d'une langue nouvelles, qui titille encore plus sa curiosité, et son envie de partir à l'aventure découvrir d'autres cultures, d'autres langues, d'autres choses. Mais partir, ça voulait dire quitter ceux qui restaient ici, son père, ses soeurs peut-être, et puis, et puis maintenant Lùgh, qui avait pourtant encore besoin d'aide. Alors qu'il écoute le loup aux cornes de cerf lui parler de cuisine avec des yeux brillants et une voix heureuse, il se promet de l'aider définitivement avant de le quitter.

Il porte son regard vers l'avant, une petite pointe amer dans le coeur. Il fallait bien laisser certains derrière lorsqu'on voulait avancer. Il avait déjà du faire ce choix avec son père, et maintenant il continuait à se lier d'amitié avec ceux d'ici. Ne devrait-il pas plutôt prendre ses distances ? Il pense à Vanhir. Lui était revenu, du Nord. Peut-être que c'était la solution, mais elle était contraignante. Non, il fallait qu'il parte sans regrets, et pour ça, il devait tout faire pour aider le beige. Il tourne un regard en coin vers le beige et lui sourit, raccrochant la conversation :


Il se lèche le museau. Devant eux, les arbres deviennent de plus en plus verdoyant, signifiant qu'ils approchaient de la rivière. La terre se fait plus meuble et l'air plus frai, et le son de l'eau courante se fait entendre un peu plus loin. Ted redresse les oreilles : il a hâte de mettre ses pattes dans l'eau fraîche, il faut l'avouer. Sa voix se fait un peu plus joyeuse, alors que le nuage de ses réflexion sur son départ s'éloignent comme emportés par l'eau fraîche de la rivière qui les attend :