Enfant de ruine, enfant de désert - Valens

Valens

Sur bien des points, cette terre ressemblait à celles qu'il avait quitté. Une zone morte où il ne restait rien de plus que des ruines, témoins détruits de la déchéance de ce qui fut bien plus grand dans un lointain passé glorieux. Valens ne s'en formalisa pas, il était bien placé pour savoir que rien n'était éternel, grandir au milieu d'ombres vous mettait face à cette fatalité.
En arrivant sur les lieux, le mâle n'avait pas manqué de remarquer la fumée blanchâtre s 'échappant de failles plus profonde dans le sol et une forte odeur de souffre venue lui agresser les narines. Par précaution, il avait donc préférer mettre ses lunettes devant ses yeux et fait remonter son écharpe jusque sur sa truffe, lui donnant un air de survivant d'une catastrophe.

Là où Valens ne s'attendait à voir personne, une silhouette canine apparu devant lui, profitant d'un carré de nature revenue. Le mâle se figea, hésitant. Oh ce n'était pas le fait de rencontrer un inconnu qui le rendait méfiant, bien au contraire, il en aurait été ravi, mais dans ce paysage de désolation, il se demanda à ce moment s'il n'avait pas affaire à l'équivalent d'un errant. Pas de jugement, mais il aurait été facheux de perdre une autre patte, même si celui-ci semblait petit.

Valens

Ah, l'individu le salua.
Chose rassurante, les errants ne parlaient pas. Il grognaient, sifflaient, gargouillaient mais parler non, c'était une des choses nombreuses qu'ils perdaient de leur vie précédente. Alors Valens osa se rapprocher un peu.
Puisque l'autre n'avait l'air de porter aucune protection particulière, le mâle ocre ôta l'écharpe de son museau, la faisant glisser d'une seule griffe pour la faire retomber à sa place. Il le regretta un peu, l'odeur générale du souffre de cet endroit, plus forte sans barrière de tissus, lui fit froisser le museau par désagrément. Valens garda donc au moins ses lunettes sur les yeux malgré les verres un peu rayés l'empêchant d'avoir une vision bien nette du monde.

« Bonjour ! »

Un sourire offert et un enthousiasme habituel tout de même.
Face à ce loup, Valens put noter cette impression remarquée plus tôt d'une taille plutôt petite chez cette individu et à y voir de plus prêt, l'aspect un peu trapu et pataud du corps s'ajoutait à des lignes plus rondes, plus juvénile.
Un enfant !
Ou un nain, mais le mâle ocre resta sur l'hypothèse de l'enfant tout de même. Cela pouvait sembler être un peu bête comme réflexion mais il fallait bien avouer que c'était la première fois que Valens rencontrait un enfant. Sous le soleil brûlant de son désert natal, le fait même qu'il en ait été un d'enfant, au milieu de ces dunes et de ce sable, le fait même qu'il ait survécu jusqu'à l'âge adulte et au delà au lieu de mourir dés les premières heures de son existence, relevait du miracle.
Au milieu du Désert Blanc, il n'y avait pas d'enfant. Au milieu du soufre, un peu plus visiblement.

« Hum, tu as des parents dans le coin ? »

Valens ne savait pas vraiment comment réagir face à un enfant, alors il prit le parti de poser cette question qu'il avait si souvent entendu.

Valens

Valens suivit du regard l'endroit pointé du bout de la patte jusqu'à tombé sur un petit bosquet qui aurait presque dénoté dans ce paysage, tel un oasis salvateur au milieu d'un désert. Et donc quelque part entre ces petits buissons vivait une mère et ses enfants – ça faisait d'ailleurs beaucoup d'enfants, au moins quatre s'il y avait en plus de celui-ci, un frère et des sœurs. Valens n'était pas à l'aise à l'idée de rencontrer autant de potentiels petits, un seul suffisait pour mettre à mal son manque total d'expérience en tant qu'enfant du désert et fils unique.

« Ah, tant mieux ! … je suppose ? »

Qu'il ne soit pas tout seul. Le mâle ocre n'aurait pas su quoi faire de l'information si ça avait été le cas. Le laisser ici ? S'il s'était présenté avec cette même bonne humeur, sans doute l'aurait-il fait. Il ne sut pas trop quoi ajouter d'autre, finalement ce fut au petit brun  de poser une question.

« Oh non pas du tout. J'habite pas vraiment quelque part en ce moment, j'suis un peu en voyage disons »

Plus ou moins.

Valens

Où est-ce qu'il allait ?

« Hé bien... »

Instinctivement il releva la tête, son regard allant se perdre dans le lointain. Jusqu'où est-ce qu'il allait hein ? Jusqu'à ce que l'horizon s'arrête sans doute, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus avancer ou qu'il finisse par trouver ce qui lui convenait.

« Disons que le but de ce voyage était plutôt le départ, je n'ai pas vraiment d'arrivée précise. »

Et puis le gamin lui propose de lui faire visiter. Valens ne sait pas trop, il n'avait pas spécialement envie, le gamin le stressait un peu, le laissant dans une confusion du comportement à adopter mais là, à lui demander s'il voulait qu'il lui montre les alentours, le mâle ocre se revoyait un peu au même âge lorsque lui même accueillait des nouveaux bannis et futur errant. Une oreille pivota sur le côté alors que son regard bicolore resta accrocher sur l'enfant le temps de l'hésitation avant que Valens ne relâche sa propre pression avec un :

« D'accord, si tu veux. »

Valens

Valens n'était pas un loup de culture, il ne connaissait pas celle de son pays d'origine et encore moins celle d'ici. Alors, face à tout ce que lui montra le gamin, les vitraux cassés, les fresques délabrées, le mâle ocre ne put que hocher la tête en faisant mine de s’intéresser tel une personne dans un musée qui ne comprend absolument rien à ce qu'il est en train de regarder. Ceci dit, ça lui rappela fortement le Désert blanc avec ses morceaux de ruines ensevelies sous le sable, vestige ancien d'une cité qui avait été bien plus grande et bien plus au sommet de sa gloire que ce qu'elle était maintenant.
Le louveteau termina finalement sur une immense faille, blessure du monde à même la terre. Valens aurait presque pu deviner une catastrophe naturelle pour expliquer l'état de la zone bien qu'il était étrange de voir que ça n'avait pas beaucoup atteints les territoires voisins. Peut-être que c'était bien plus ancien qu'on pouvait l'imaginer et que le souffre avait simplement empêcher la végétation de reprendre du terrain. Peut-être... Valens n'y connaissait rien en buisson.

L'enfant montra alors l'horizon, présentant les champs et la forêt qu'il avait déjà approché.

« Ah oui, j'en viens mais je ne suis pas encore très habitué aux zones couvertes. »

Et à évoluer dans un paysage à la vue obstruée. Dans le Désert, ce n'était que sable jusqu'au lointain, même si cette zone de ruine sentait le souffre, elle avait un côté rassurant pour le loup des territoires arides qu'était Valens.

Valens

De la pluie, de la boue et des cascades de boue et de pluie en toute logique, l'image tira une grimace à Valens, le mâle ocre de toute évidence peu convaincu par l'idée.

« Pour être honnête, je doute un peu que cet endroit me convienne »

Et s'il n'était pas convaincu par l'idée d'une pluie mal évacuée, celle de l'odeur omniprésente du souffre qui venait vous donner le tournis était un excellent deuxième argument de dissuasion – la présence d'enfants nombreux peut-être un troisième d'ailleurs. Non, il ne s'installerait pas ici.
Et puis l'enfant lui pose une série de questions sans laisser de pause pour répondre entre chacune d'entre elles. Valens posa un regard un peu perdu sur lui, oreilles en arrière.

« Ah...euh... »

Il dut prendre un instant pour faire le tri dans les informations.

« J'ai jamais connu le miens non plus de père quant aux chevaliers... j'crois pas qu'il y en avait de là où je viens. »

ça ne lui disait absolument rien. Valens n'avait pas tellement envie d'y rélféchir non plus par ailleurs et fatiguait un peu de la présence trop énergique du louveteau.

« Tu devrais aller retrouve ta maman. Moi, je vais reprendre ma route. »

Avant que la nuit ne tombe et le surprenne. C'est un mélange entre un hochement de tête et une petite révérence maladroite en guise de salutation puis une fois l'enfant commencé à repartir, le mâle ocre fera de même de son propre côté.