long time no see [Makara]

MAKARA
ψ Chapardeur Raeder ; 6 ans ψ
F A E I

Prélasser était un bien grand mot. Makara ne se reposait pas. Il ne le faisait que lorsque cela était nécessaire. Il n'aimait pas être oisif : alors il surveillait, il analysait, il notait et retenait tout ce que ses sens enregistraient. Tout ce qui pourrait lui être utile un jour : l'agencement des lieux, les ressources, les possibilités de cachette, de fuite ou d'armes à disposition... Certes de l'extérieur, on aurait pu penser qu'il somnolait, là, les yeux à demi-fermés et le corps si immobile que son souffle soulevait à peine sa poitrine. Ou peut-être bien qu'il dormait d'un oeil. Qui pouvait le dire... Les oreilles du loup hybride tiquèrent et il décala un peu le museau pour voir qui venait à lui. Un fin sourire étira ses babines et découvrit une partie de ses longues dents pointues lorsqu'il reconnu la louve. Il y avait quelque chose de différent chez elle, et pas seulement son look. Son pas, son attitude... Quelque chose dans sa façon de se tenir peut-être... Elle lui fit un peu d'effet, il devait bien l'admettre, ça lui allait bien mieux cette façon de nouer ses boucles blondes. Pour une louve normale, banale même, elle avait gagné en charme.

< Je t'ai manqué à ce point ? >

Le rictus du pirate s'élargit, son regard doré pétilla un instant de convoitise avant qu'il ne se reprenne et se lève pour saluer et accueillir sa comparse du désert. Il pouvait se montrer désagréable, moqueur ou mesquin, mais ses parents lui avaient appris les bonnes manières quand même.

< L'air Nakhu t'a mieux réussis qu'à moi. >

Il avait bien trouvé tous les ingrédients nécéssaire à la cicatrisation de son cuir mais sa plissé peinait à revenir par endroit. Bon ce n'était pas hyper voyant car sa peau était sombre et son poil relativement court mais pour qui savait observer un minimum, c'était flagrant. Pour celle qui savait quoi voir, forcément, c'était plus évident encore.

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ψ Chapardeur Raeder ; 6 ans ψ
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Oui, définitivement, elle avait gagné en confiance. Quoi qu'il se soit passé pour Mimosa, elle avait fait un pas volontaire, un bond même, dans l'affirmation de soi. Et c'était tout à fait séduisant une femelle forte. Enfin dans la mesure où une simple louve pouvait l'être. La solitaire n'avait rien de difforme, de monstrueux, rien qui, comme lui, l'a rendait trop différente du commun des mortels. Un peu comme sa mère, louve terrestre de naissance mais accoquinée avec un mâle abyssal pour donner naissance à des petits bêtes de foire marines. Chez les Raeders, l'étrange était le normal. Alors le normal gagnait parfois en interêt sur le continent... Makara le réalisait doucement.

< Autant qu'une puce à qui l'on s'est habitué. >

Il était haut sur patte, donc plus grand que beaucoup de loup, forcément, à côté, la louve tachetée paraissait petite. Bon, il ne fallait pas exagéré, tout comme pour elle, il n'avait ressenti aucun vide, mais la présence de la femelle ne le dérangeait pas plus que ça, contrairement à ce qu'il avait toujours imaginé en croisant un continental. Il n'y avait pas de rejet, de dégoût ou de haine partagée entre les deux. Et en fin de compte, ça lui convenait bien que ce ne soit pas le cas.

< Un nouveau vent pour de nouveaux horizons ? >

C'était un peu le dicton chez les forbans : à chaque nouvelle marée, on reprenait la mer, à chaque nouvel alizé, on voguait vers une nouvelle destination . Quand le vent tournait, on profitait de l'opportunité ainsi offerte. Il se rassit, bien droit et roula ses épaules pour détendre les muscles longtemps restés inactifs.

< A vrai dire pas encore, j'ai passé pas mal de temps dans les montagnes et dans cette étrange forêt qui s'y cache. >

Il se demanda bien pourquoi il était aussi franc avec elle. D'ordinaire il aurait joué les mystérieux, gardant ses projets et ses actions pour lui. Le mettait-elle en confiance ? Il ne pouvait se le permettre. C'était ainsi qu'on finissait par être à la merci des autres, en se dévoilant, en offrant une confiance sans réserve. Le Raeder refusait de se laisser ainsi berner par quiconque. Il souffla des naseaux et jeter un œil à la montagne en arrière, dans le paysage. Non mais. Sympa ou pas, il n'allait pas se laisser distraire par elle.  

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Elle acquiesça. Mimosa avait donc des projets pour une avenir relativement proche, c'est ce qui avait apparemment motivé son changement, son évolution. Elle embraya sur leur échange promis sans perdre une seconde, lui rappelant l'air de rien qu'elle n'avait bien sûr pas oublié qu'il devait l'emmener voir l'Océan. Un souffle amusé s'échappa de la truffe du Raeder. Elle avait bien l'âme d'un forban. Quelque part, elle en avait prit inconsciemment le style vestimentaire : pratique pour bouger et voyager, et pour se remplir les poches. Ou pas si inconsciemment... Si elle tenait tant à voir la mer au point d'adapter sa tenue par avance, et un peu son comportement, avait-elle pour idée de faire plus que juste la visiter ? Était-ce le grand objectif qui l'a motivait ? Était-ce ce qui l'avait poussé à le retrouver ? Il se sentit un peu déçu, sans toutefois comprendre pourquoi. C'était le deal. Un service pour un service. Pourtant l'idée qu'elle ne veuille que l'utiliser pour remplir sa promesse le chiffonna. Un tout petit peu. Surtout qu'il ne pouvait pas prétendre ne pas vouloir faire la même chose puisqu'elle devait être son guide sur ce territoire inconnu... Mais quand même. Il ne depressiait pas sa compagnie, lui.

< Mmh. C'est plus sage moussaillon. Ce serait dommage qu'un kelpie te croque les frocs sans qu'tu l'vois arriver. >

Il écouta les proposition ensuite, hocha imperceptiblement la tête à la mention de la Bibliothèque. Il faudrait y passer oui, dans tous les cas. Mais ça pourrait être un peu tard, il ne tenait pas à s'enfermer là tout de suite, il préférait ne pas avoir de toit sur le tête et sentir le vent dans son poil -certes très court- et ses cheveux. Un labyrinthe gardé par une bête promettait moults surprises... Mais ensuite Mimosa parla d'un manoir hanté. Et le pirate révida immédiatement sa position quand à avoir un toit sur le crâne. Une vieille baraque hantée ? Des butins en veux-tu en voilà ? Pour sûr il allait mériter son boujaron là-bas ! Les oreilles du boucanier se redrèsserent et ses prunelles d'or brillèrent d'intrigue. Presque comme un enfant prêt à hisser ho les voiles à l'idée d'une nouvelle aventure.

< Allons brasser vers cette vieille bâtisse et alourdir nos penailles ! >

Mouiller l'ancre dans un tel endroit serait idéal sur tous les plans ! Il pourrait à la fois y rencontrer de quoi satisfaire sa curiosité du monde et son envie d'en découdre pour améliorer ses performances, trouver potentiellement de beaux trésors et rapporter un souvenir hanté à sa mère. Il répondit au sourire de la solitaire par la même expression contente et se releva d'un seul mouvement pour aller récupérer son sac et son couteau dissimulés dans un buisson non loin. Sur les branches basses dudit buis il vit de petites baies inconnues. Ne pouvant les goûter tout de suite sans risquer une indigestion ou pire -il valait mieux se renseigner avant dessus quand on ne connaissait pas-, il en cueilli quelques unes et les enferma dans le plus petit bocal qu'il possédait pour éviter de les écraser au transport, avant de revenir vers la louve tachetée pour prendre la vague si elle était prête aussi. Faudrait bien qu'elle le soit, Di elle voulait pas qu'il lui botte le fion cela dit.

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Au vu du sourire bien large de la solitaire, Makara se demanda s'il y avait un sous-entendu dans sa réplique. Couvrir ses arrières hein ? Un petit chatouilli dans son ventre lui arracha un sourire. S'il n'avait jamais imaginé ce genre de choses avec une femelle aussi simple louve, il fallait admettre que son corps lui, ne semblait pas y voir d'inconvénient. Il chassa cette pensée sans se cacher d'un haussement de sourcil mutin et un sourire presque joueur.

< Aye Donzelle. >

Il emboita donc le pas à Mimosa sans plus rien ajouter pour l'instant. Le pirate étudia le terrain, la flore variée naturelles et plantée volontairement dans ces grands espaces ouverts. Ils longèrent une forêt à l'odeur de sous-bois forte. C'était amusant de voir que l'humidité terrestre n'avait rien de comparable à celle des abords de la mer. À croire que le sel y changeait tout. Une pointe de nostalgie le piqua au manque des embruns marins. Cela faisait plusieurs semaines maintenant qu'il traversait le continent et n'avait pas vu l'horizon par delà l'Océan. Sans avoir été encore bénie des puissances de l'Océan, le Raeder ressentait pourtant son éloignement comme une peine de coeur. Etonnant. Il n'était pourtant pas versé dans le sentimentalisme. La voix de la louve tachetée le sortie de ses rêveries et il tourna le museau vers elle et ses mèches blondes rebelles qui s'échappaient de son bandeau. Il détourna les yeux pour regarder droit devant lui.

< Aye aye. Les objets les plus étranges, je les ramène à ma mère. C'est son kiff de sorcière. Les baies de tout à l'heure seront pour ma sœur ou mon frère, ils sont versés dans la culture de plantes et sont plus érudits en la matière. Sauf si ça peut servir d'arme, je garde. Et ce qui peut avoir une quelconque valeur... Principalement du troc. >

Makara se mordit la langue. Qu'est-ce qui lui prenait d'être aussi bavard ? Il fronça le museau, mais ne commenta pas plus. Il donnait bien trop d'informations sur lui. S'il avait déjà déjà parler de son lien avec la maîtresse des Rituels, il ne s'était pas ouvert sur ses relations avec sa fratrie. Il avait bien conscience d'avoir donné une de ses faiblesses, quand bien même il s'en défendrait avec véhémence. La seule phrase employée donnait indice sur la tendresse et la confiance qui les unissaient. Le Chapardeur Raeder jeta un regard en coin à la louve. Il simpatisait trop naturellement avec elle. C'était gênant. Surprenant et inquiétant à la fois. Son joli petit minois était bien traître et lui donnait l'impression qu'il pouvait se dévoiler en toute confiance. Hors il ne devait pas oublier qu'elle était une solitaire opportuniste et probablement aussi retors que lui. C'était ainsi qu'on survivrait, qu'on se protégeait et qu'on se défendait. En étant plus malin et vicieux que l'adversaire. Les prunelles dorés du mâle noir reprirent position devant lui, se concentrant à nouveau sur l'environnement et les détails qu'il fallait enregistrer. Ce serait plus sain de penser à ça. Et à rien d'autre.

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Il évita soigneusement de croiser son regard tout en ignorant les picotements caractéristiques de celui qui se sent fixé. Il regardait les fleurs, jolies mais banales, les fougères touffues mais normales, les troncs noueux mais simples. Rien ne dénotait dans ce paysage tranquille. Comme si la nature ici, était aussi paisible que les habitants des terres. Jusqu'au insecte qui venait avec douceur leur tourner autour, curieux. Une libellule audacieuse vint jusqu'à se poser sur sa truffe alors même qu'il était en mouvement. Il soupira bruyemment avant de rentrer la tête dans les épaules et se tapir à demi, en alerte immédiate et complète. Tout ses sens aux aguets pour découvrir qu'il ne s'agissait que de la solitaire. Une Mimosa maladroite qui avait failli trébucher sur un truc bruyant. Du métal. De l'argent. C'était joli, probablement ouvragé par une patte lupine... Peut-être Fergus ? Il en avait entendu parler par sa mère. C'était le forgeron qui avait conçue les pièces de fer pour le phare en suivant les dessins et instructions de la sorcière aux yeux couleur sang. Un travail d'orfèvre il fallait le reconnaître.

< Je me disais bien que tu étais trop discrète aujourd'hui. >

Il ricana et se redressa l'air de rien. Il n'y avait rien à craindre. Ce n'était que la louve tachetée. Pas une menace. Même si elle menaçait son équilibre en quelque sorte. Il se concentra une énième fois sur tout sauf elle, et par chance et malchance en même temps, la libellule avait décidé de le suivre et de tournoyer autour de sa tête. Le Raeder grogna et pour la peine, attrapa l'insecte entre ses pattes avant de l'enfermer dans une bouteille vide. Voilà. Elle payerait pour le désagrément ressenti. Même s'il savait très bien que ce qui le taraudait n'avait rien à voir avec la bestiole qu'il venait d'emprisonner...

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Evidemment qu'il était discret, lui. Mais regard fuyant ? Certainement pas. N'importe quoi. Comme pour joindre le geste à la pensée outrée, il s'arrêta pour la fixer avec insistance. Aggrippant férocement ses orbes d'or vides de pupilles dans celles de la louve tachetée. Il ne fuyait pas. Jamais. Il n'était pas lâche. Non mais. Il se força même à éviter de cligner des yeux. Non mais. Au point qu'il sentait chauffer ses globes oculaire autant que ses joues. Ridicule. Lui ? Fuyant ? Et puis quoi encore. Le duel se termina, heureusement pour lui, assez vite pour qu'il ne puisse pas perdre : un farfadet moqueur venait de lui sauver la mise. Pour faire bonne figure, le pirate noir s'esclaffa. C'était bien fait pour Mimosa, elle n'avait qu'à pas penser de telles inepties. Il n'était pas un couard. Il ne la fuyait pas. Puisque c'était un peu la question détournée n'est-ce pas ? Voir la louve courir après la bestiole qui l'avait caillasse avait quelque chose de très comique. Hilare, le Cannonier Raeder suivi de quelques pas en retrait. Il n'aurait pas voulu subir la foudre de la femelle en lieu et place de la fée bien vite disparue dans les fourrés. Ou pas tout à fait. La bestiole ailée revint vers lui rapidement et tourna autour de lui en lui projetant plein de petites étincelles colorées sur la truffe. Il éternua mais se sentit comme rafraîchi, reposé après une bonne et longue nuit de sommeil. Ses courbatures de la veille avait disparue comme par magie. Non pas comme. Par magie, par le cadeau de ce farfadet farceur qui savait choisir ses amis. Makara rit de plus belle, tout en lançant un clin d'œil à sa comparse.

< Elle a choisie le meilleur parti. >

Pour remercier la fée de sa magie, il libéra la libellule et observa les deux bestioles voleter autour de lui dans un ballet rapide et erratique.

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La frustration de la femelle était douce aux oreilles du pirate. Son air revêche et chiffonné était tout à fait agréable à voir. Son rictus s'élargit alors qu'elle vint extérioriser sa colère prêt de son museau, menaçante. Il y avait quelque chose d'électrifiant à jouer avec ses nerfs et en rajouter une couche. Alors que Mimosa se planta devant lui, face à face dans un sourire ironique. Il sentit la chaleur de ses jours se répondre à ses oreilles et son cou. Il recula d'un pas en relevant la tête comme s'il cherchait des yeux les deux bestioles en fuite. Avant de réaliser que ce geste instinctif était une fuite. Il serra les crocs avant de se fendre la poire, goguenard. Il savait exactement comme remédier à ça. Il réavança d'un pas un poil plus grand, et sentit le souffle de la solitaire sur sa truffe qui relativisait finalement. Il avança encore et posa une lèche sur la joue de Mimosa. Cette fois c'est lui menait l'attaque, bien qu'elle soit d'un genre différent. C'était bien plus sournois, mais il devait retrouver l'ascendant.

< Un bisou magique pour la jolie frégate qui jacte trop pour une bosse et larguons les amarres ! >

Il se moqua encore avant de bondir en avant. Il ne tenait pas à tâter des crocs ou du fer de Mimosa, et il fallait maintenant qu'il supprime complètement la promiscuité créée pour retrouver son sérieux et son calme. Il avait beau joué les insolents avec elle, il s'avèrait qu'il n'était pas aussi insensible que ça. Il mit évidemment ce trouble passager sur son dernier repas, et parce que le changement de look de la solitaire lui seillait bien mieux. Et parce qu'il avait un petit peu appris à apprécier son sourire en coin. Il réalisa surtout que c'était la première fois qu'il acceptait sans trop broncher de laisser une âme non Raeder s'approcher de lui. À tort ou à raison, il ne le savait pas. Mais il avait envie de prendre le risque. Après tout ils s'amusaient bien. Et puis, il allait passer pas mal de temps avec la femelle avec leur échange de bon procédé, alors autant accepter l'idée de sympathiser non ? Au moins un peu. Et puis, il fallait être proche de ses adversaires non ? Alors qu'il avait prit soin de compter une distance respectable avec la louve tachetée, la petite fée revint vers lui avec une nouvelle vague de pailettes. Il éternua une nouvelle fois, plus fort. Etait-il allergique à la magie du continent ? Il sourit alors que cette-fois son flanc retrouvait définitivement tout son poil d'avant rencontre malheureuse du désert. Voilà qu'il se voyait devenir l'ami des fées, lui, le monstre qui appartenait à un monde bien plus sombre et cruel. Si c'était pas parfaitement incongru et surprenant. Il hésita à la capturer, mais risquer la colère du souverain des farfadets ne semblaient pas être la meilleure idée alors il renonça. Toutefois son attention resta fixée sur la fée lumineuse. Avoir autant de chance c'était intimidant... Et vraiment pas normal. Ça cachait quelque chose.

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