Un peu d'aventure gamin ? (Vanitas)

▬ VANITAS
8 mois

Avoir un nouveau venu dans son quotidien était perturbant, mais loin d’être désagréable pour Vanitas. Il restait bien plus que Mimosa, et même s’il passait beaucoup de temps avec son père, le jeune démon restait régulièrement les surveiller et essayer d'interférer dans leurs discussions, cherchant l’attention du nouveau venu, jusqu’à ce que son père le jette dehors pour les laisser tranquilles. Le petit adorait spécifiquement ses ailes, car visiblement il était plus proche de l’oiseau qu’eux : il pouvait voler. C’était devenu l’objectif numéro 1 du petit, qui commençait à se jeter de n’importe quel zone surélevée les ailes grandes ouvertes, récoltant éraflures et bleus partout sur son corps, manquant une fois ou deux de s’ouvrir le crâne sur un rocher mal placé. Cependant son manque d’avancement commençait largement à le frustrer, et il passait bientôt plus de temps à balancer des petites pierres les unes sur les autres pour évacuer sa colère en les brisant, ou se déchaîner sur la moindre petite bestiole lui glissant entre les pattes.

Un matin, tandis qu’il est encore roulé en boule près de son père, il émerge difficilement en remarquant qu’une patte le secoue. Il reconnait assez vite Garbann, ses grands yeux dorés s’ouvrent avec étonnement, et en un instant il est sur ses pattes, droit et éveillé. Il ouvre grand la gueule pour répondre, mais il comprend que son aîné chuchotait pour ne pas attirer l’attention des autres, et l’idée de se l’accaparer pour jouer le motive à en faire de même.

« Oui !! » chuchote-t-il un peu trop fort, comme tout enfant un peu trop excité pour être réellement discret.

Il se jette dehors, et sautille devant la grotte en regardant le grand loup ailé.

« On fait quoi on fait quoi ! »

Ses yeux pétillent, et sa longue queue reptilienne ondule d’excitation derrière lui.

▬ VANITAS
8 mois

Les montagnes ? Vanitas en a un souvenir mitigé, de la dernière fois où il s'est perdu en pleine neige là-haut. Mais cette fois, il serait pas tout seul, normalement il ne devrait pas se perdre, n'est-ce pas ? Il lui suffisait de suivre Garbann. En tout cas il a terriblement envie de savoir qu'est-ce qu'il veut lui montrer. Le petit l'attend avec un sourire pointu, et lui emboite le pas lorsque le grand part d'un coup sans prévenir. L'ailé a les pattes bien plus longues et fortes que les siennes, mais Vanitas gambade beaucoup. Il est petit mais tient assez bien le début du trajet, juste content de faire quelque chose avec quelqu'un. Le petit monstre a déjà grimpé tant de rochers, couru toutes les plages alentour, creusé, sauté, nagé un peu malgré l'eau froide, qu'il est bien plus sportif qu'un louveteau qui serait resté jouer devant sa tanière. Les avantages d'être un peu hyperactif et de ne pas avoir d'autres gamins avec qui jouer ; sûrement son ascendance démoniaque l'aide aussi à fatiguer moins vite. Cependant, démon ou pas, le flanc d'une montagne se retrouve rapidement à monter sévère, et son jeune corps finit par lui faire défaut lorsque Garbann passe du trot au galop. Il est essoufflé, haletant, pas habitué à suivre un rythme autre que le sien, et il prend un peu de distance avec le grand sans pouvoir vraiment le rattraper. Il dérape çà et là, pas aussi agile que son aîné, ses pattes encore assez courtes s'éraflant là où Garbann avait probablement seulement fait un léger bond. Mais, déterminé à passer la journée avec quelqu'un, qui veut lui montrer un truc en plus, à lui et rien qu'à lui, il persévère et finit par rejoindre l'ailé qui visiblement s'est arrêté, assis dans le paysage rocheux. A bout de souffle, le cœur battant à tout rompre, Vans arrive péniblement jusqu'à lui, les pattes un peu tremblantes, mais l'œil vif, regardant tout autour d'eux.

« C'est, han, ici, ton truc ? » répond-t-il, la voix hachée par ses inspirations.

Il espère, parce que pour une fois il n'a pas vraiment envie de se remettre à courir tout de suite.

▬ VANITAS
8 mois

Piqué par la remarque de son aîné, il s’empourpre, offusqué.

« Je suis là et je tiens super bien, » répond-t-il, redressant le torse fièrement en retenant ses pattes de trembler.

Il suit tout de même Garbann, malgré sa moue boudeuse. Il marmonne quelque chose dans le style de « c’est toi qui vas t’écrouler il m’prend pour qui gngngn » avant d’aller boire malgré tout. La mousse s’enfonce légèrement sous ses pattes, et malgré sa saute d’humeur l’endroit ombragé lui plaît bien. Peut-être son habitude de la caverne où ils vivent, ou sa condition de démon, mais les endroits trop lumineux lui fatiguent vite les rétines et avec le temps il apprécie de mieux en mieux la pénombre.

Le silence est vite trompé par la voix du loup ailé, qui attire son attention.

-J'ai crue voir que tu t'entrainait à voler. Expliques moi un peu comment tu t'y prends et quel résultat tu as eux jusqu'ici.

Il est automatiquement gêné, au souvenir de ses piteuses tentatives d’apprentissage de vol. S’entraîner, oui, mais se casser la margoulette en public était moins à son goût. Il avait particulièrement envie d’impressionner Garbann, parce qu’il était nouveau dans son entourage, et qu’il le trouvait cool. Et s’il le décevait et ne voulait plus l’emmener comme aujourd’hui ?

Cependant son esprit du défi est plus fort que sa honte, et il cherche une idée pour garder la face. A peine reposé après leur cavalcade, il se plante droit devant son aîné, et fixe le sol un instant pour se concentrer dans l’apparition de ses ailes. Une masse semi-transparente se met à gargouiller sur ses épaules, et lentement deux voiles sombres lui sortent du dos, se matérialisant en ailes fantomatiques. Ces derniers temps, il arrive à les créer de plus en plus tangibles : il teste de racler le sol avec l’une des formes pointues en ornementant la tranche, et la trace faite parmi les aiguilles de pin le satisfait.

« Voilà. Maintenant, je prends un coin en hauteur, j’ouvre les ailes et je saute, » répond-t-il simplement, en bondissant sur un tronc couché au sol.

Il ouvre grand les ailes, le dos droit, jette un regard en coin à Garbann, avant de bondir droit sur lui, planant sur un ou deux mètres en direction du plus âgé.

« YAAH !! »

▬ VANITAS
8 mois

Evidemment le plus âgé est trop rapide, et Vanitas se viande dans la mousse et les feuilles mortes.

« HMMF ! »

Il crache quelques épines de pin, faisant la grimace. Garbann était toujours trop rapide pour lui, c’était très agaçant. Son rire résonne sous le couvert des arbres, achevant de faire voir rouge au petit démon, qui se relève l’air mauvais, bavant de la terre.

Le plus jeune râlouille en se faisant ébouriffer la tête, mais ses oreilles se dressent avec la suite.

« L’étape suivante ? »

Il y avait une suite de prévue, à part le ridiculiser ? Vanitas a surtout envie de lui faire payer, là tout de suite, mais peut-être qu’attendre un peu lui donnerait des idées. Son visage se fend d’un sourire sombre, tandis que ses deux yeux jaunes perçants fixent Garbann.

« C’est quoi la suite ? »

▬ VANITAS
8 mois

Malheureusement pour lui, actuellement Vanitas n’avait pas encore pu acquérir le goût du vol. Il observait Garbann avec admiration, mais une admiration extérieure, comme une curiosité à analyser, quelque chose d’inconnu qui le fascinait sans qu’il ne capte réellement l’essence de ce qui le composait, alors qu’il pourrait si prochainement le rejoindre. Prochainement. A tout hasard, une falaise plus loin.

-Penche toi un peu au dessus du vide tu vas voir...

Vanitas, toujours un peu vengeur, donne un coup d’épaule à Garbann avant de s’approcher du bord à son tour. Il attend un peu, circonspect, se demandant si son aîné ne se paye pas un peu sa tête...et se fait totalement prendre par surprise par la bourrasque de vent qui leur ébouriffe le poil à tous les deux. D’accord, voilà qui est inédit.

Les yeux écarquillés, il se rapproche un peu plus du vide, dont il est encore un peu soigneusement éloigné jusque-là, et fixe sans retenue le fond, cherchant à comprendre. Il ne peut voir le vent, remarque-t-il, alors le jeune loup ne peut que se laisser fasciner par la puissance des bourrasques dont il ne comprend pas l’origine.

-Ecarte bien grand les ailes comme quand tu planes et au prochain courant d'air, saute dans le vide! Attention, 1... 2... 3... SAUTES !

Et le voilà, les ailes écartées, planant comme par magie dans le courant aérien. Vanitas est figé. D’émerveillement, de fascination et de peur : Garbann s’éloigne si vite, mais avec une aisance à en rendre jaloux n’importe qui. Peut-il vraiment le rejoindre ? Est-il réellement censé faire ça ? Est-ce que ses ailes d’ombres peuvent le porter comme celles de Garbann ? Son regard croise celui du plus âgé, et sa tétanie se métamorphose lentement, comme poussée par une force inattendue au fond de lui. Il se force à ravaler sa peur, maîtriser son courage ; il n’est pas une lavette bon sang !

« D’accord...!! »

Sa voix tremblante trahit sa peur, son instinct de mortel se battant encore avec sa nature de démon, sa peur de se fracasser en contrebas en bras-de-fer avec sa folie d’enfant maléfique.

Vanitas ouvre les ailes, et s’éloigne du bord, juste assez pour surveiller la prochaine bourrasque, et se jette en avant sans réfléchir lorsqu’une flopée de feuilles se font emmener par le courant aérien. Là, il saute.
Il n’a même pas réellement le temps d’avoir peur. La volonté de vivre, de s’élever prend le dessus, et même s’il n’avait jamais nourri cette envie de prendre l’envol avec les oiseaux jusqu’à aujourd’hui, à partir de cet instant il découvre qu’il ne pourrait plus s’en passer. Drogué par l’adrénaline, la peur de tomber, la folie de flotter dans les airs, l’euphorie de se diriger avec sa queue et de subtils mouvements d’ailes, il s’éloigne de Garbann sans pouvoir se contrôler, mais hurle de rire, complètement hilare. C’est fou ! Complètement fou !

« YAHOUUU ! »

Il repense aux oiseaux, et bat des ailes, profitant des dernières poussées de la bourrasque pour s’élever encore plus haut, le visage fendu d’un sourire dément. Il vole ! Ni Père, ni Emilitia ne peuvent le faire !

« Alors que moi, je vole !! »

Le courant ascendant menace de le perdre en se dispersant, mais Vanitas n’en a pas encore conscience. Tout ce qu’il vise, c’est rejoindre Garbann, sur lequel il essaye de se concentrer, les sourcils froncés et le sourire éclatant, maladroit et gauche dans ses manœuvres.