Dance envoûtante - Vanitas

L’un des avantages les moins négligeables de la capacité à voler, est sans aucun doute le déplacement en zone montagneuse. Il arrivait parfois à Vanitas de devoir se hisser à patte sur certains rocs pour atteindre les hauteurs, mais la redescente se faisait systématiquement par les airs, et lui faisait donc gagner un temps formidable. Cependant, tout avantage possède systématiquement contrepartie, et s’il pouvait monter et redescendre avec plus de facilités que tout canin normalement constitué, il fallait par contre faire attention aux vents.

Éduqué au vol par Garbann, on ne pouvait pas décemment considérer Vanitas prudent, ainsi même les endroits dangereux tels la Passe Ventue ne le faisaient trembler ou reculer. Pourtant, si déjà la zone est difficile à pratiquer à patte, en volant ses bourrasques violentes pouvaient être aussi grisantes que mortelles, pour peu qu’un vent contraire ne vous prenne par surprise. Mais comme précédemment mentionné, Vanitas avait tant volé en long et large des Monts Célestes en compagnie de Garbann, qu’il ne s’y reculait jamais, et au final ne s’y débrouillait pas trop mal.

De retour de son escapade le long des côtes maritimes, le Prince dragon avait décidé de couper par la Passe pour rentrer plus rapidement à la Sylve. Le soleil de début de printemps dardait déjà particulièrement dans cette zone, et son pelage noir luisait de ses reflets corbeaux sous les rayons chauds, à peine rafraichis par le vent puissant qui portait ses ailes. Au détour d’un courant ascendant quelque chose attire son regard en contrebas, et si un instant il pense à un animal esseulé suffisamment stupide pour servir de casse-croûte dans un endroit pareil, ses yeux se plissent en lisant la silhouette caractéristique d’un loup. Son attention capturée, il négocie une légère descente malgré les courants, et en se rapprochant change d’expression du tout au tout.

Voilà pas qu’il tombait sur ce bon Oui-oui, en cette belle journée ! Rayon de soleil perdu dans un désert de roches et de ronces— mais que fait-il ici, dans un lieu aussi inhospitalier ? Il adore néanmoins cette coïncidence, et le démon vient s’écraser à moitié sur le pan montagneux le plus proche afin d’atterrir un peu plus haut que le blond.

« Ben alors, tu t’es perdu Wywy ? » s’exclame-t-il, le visage fendu d’un grand sourire. « Fait chaud ici pour ta petite patte en plante, non ? Faudra pas genre l’arroser ? »

Salut, comment ça va depuis le temps ? Non, vraiment Vanitas n’est pas un homme à manières. Il se laisse vaguement glisser sur des gravats, pour se rapprocher un peu du blond, rayonnant.

Ce qu’il lit dans les yeux de Wymond lui paraît plus satisfaisant que tout au monde. Il l’accueille avec un sourire, pas un froncement de sourcils, un soupir, un grognement, ou une simple absence de réaction. Un sourire, un vrai sourire.
Cela le met immédiatement d’une excellente humeur.

Le blond commente ses cornes, et en achevant sa descente vers l’autre loup, il prend un port altier, le visage de profil pour lui permettre d’admirer au mieux sa ramure grandissante, dont il n’est pas peu fier.

« Mhhh t’as vu j’ai gagné une deuxième pointe ! De la vraie corne ça, pas du toc, » fanfaronne-t-il.. « Sans offense aucune, évidemment, » ajoute le loup sombre en jetant un oeil à la coiffe ornant la tête de Wymond.

Répondant au battement de queue de ce dernier, celle de Vanitas semble incapable d’arrêter d’onduler gaiement. Elle a toujours semblé avoir sa propre conscience, plus proche de celle d’un chat ou d’un serpent que d’un canin, mais on pouvait tout aussi bien y lire des émotions.

« Mon...hein ? »

Anniversaire ? Le mot lui dit quelque chose. Il lui semble que Mimosa lui avait expliqué le concept, un jour, mais il n’est plus tout à fait certain de ce que c’est.

« Le truc où faut voler un cadeau à quelqu’un, c’est ça ? » demande-t-il distraitement, se rapprochant mine de rien du grand blond.

C’était effectivement une idée très dans le style de Mimosa, mais il n’aurait pas imaginé Wymond friand aussi de ce genre de choses. Peut-être était-ce plus commun que ce qu’il imaginait.