Shadow's masquerade — Cassius

Un jour de pluie. Le premier depuis bien longtemps. Les pattes tachées par la boue, Nyu avait le museau relevé, à l’affut au cas où un monstre ferait son apparition. Pluie ou non, certains ne reculaient pas.
C’était alors le devoir des chasseurs de les traquer.
L’orage gronda au-dessus de sa tête. Par moments, elle sentait son poil se gonfler, une décharge parcourant son corps. Étais-ce la Marque qui s’agitait ou simplement l’électricité dans l’air… peut-être les deux. Cet endroit était connu pour abriter des monstres, mais pas seulement. Les cheveux dégoulinants à cause de l’eau, l’Etelkrus longea les falaises. Remonter était un peu trop risqué, elle risquait de glisser.
Mieux valait attendre la fin de l’orage.
En trouvant un abri ce serait mieux…
La Marque sembla mécontente, bougeant sur son corps. La désagréable sensation lui arracha une grimace.

« — Mmhhh, c’est pas ma faute, si ils se cachent pendant l’orage. »

… puis par ce temps, elle n’y verrait rien en cas de combat, c’était un risque à se blesser inutilement.
C’était bien mieux l’époque des jeux insouciants. À faire des concours de pirouettes.

Cassius, 1 an et 10 mois

Il n'avait pas remis les pattes ici depuis longtemps. N'en avait jamais réellement eu l'envie, et n'avait donc pas jugé utile de s'y forcer : à bien y réfléchir, la perspective de revenir ici générait même chez lui une certaine anxiété dont il se passait volontiers.
Cassius avait quitté la Passe Ventue depuis cinq bons mois, après plusieurs semaines à s'en éloigner de plus en plus chaque jour, jusqu'à décider, un beau matin, de ne tout simplement plus faire demi-tour.
Pas un adieu n'avait été dispensé à son père, qui n'avait de toute manière pas jugé utile de rentrer à leur tanière la veille au soir, le condamnant une fois de plus à passer la nuit seul dans cette caverne, trop grande même pour un corps massif comme le sien, sans même une silhouette familière pour lui tenir compagnie.
Il supposait qu'il était temps — il l'avait supposé un moment, mais il y avait toujours eu jusque là en lui ce petit gosse avide de rendre son père fier de lui pour le faire rentrer à la maison le soir. Ca n'avait pas été plus difficile que cela. C'est à peine si Joaquín et lui se parlaient, de toute façon. Et leurs échanges étaient rarement agréables.

Il n'avait pas remis les pattes ici depuis longtemps et s'en était très bien porté : il était loin d'avoir tout exploré, mais nul doute n'était que sa vie était devenue bien plus riche depuis qu'il avait quitté le Canyon. Il avait pu découvrir des paysages à la beauté époustouflante, des rivières et des lacs, la mer, et des forêts à en perdre la raison. Des plantes, partout. De la vie, tout simplement.
Il avait même rencontré quelques personnes. Pas beaucoup non plus : ce pays était grand. Mais des personnes quand même. Des personnes amicales.
Il avait l'impression que sa vie avait une chance d'aller quelque part, finalement. Grâce à ce changement. Il ne stagnait plus, perdu au milieu d'un désert de roches rouges figées depuis des siècles.

Désert qu'il se retrouvait de nouveau à parcourir, sans trop savoir pourquoi. Il arpentait les montagnes des monts célestes quand ses yeux s'étaient posés sur les falaises de la Passe, dévorées par les nuages, et avait décidé d'aller voir. Par curiosité, peut-être.
Sans trop savoir s'il allait y rester longtemps. Sans trop savoir s'il allait se hasarder à pousser jusqu'à leur ancienne tanière, pour voir s'il y avait toujours trace de son père, là-bas. De son oiseau. Il ne savait pas trop s'il avait envie de les croiser.
Probablement pas.
Non, carrément pas. Il redoutait ces retrouvailles plus que tout.

Ca ne l'empêchait pas de longer un sentier, prenant garde à ne pas se risquer trop près du bord, rendu glissant par la pluie. Habitué à la topologie du terrain et à ses dangers. L'orage commençait à redoubler d'intensité au-dessus de sa tête : il était sûr de lui lorsqu'il se promenait ici, mais savait aussi qu'on ne pouvait défier la nature éternellement. Il n'était plus un niño mais n'en était pas invincible pour autant.
Lorsqu'un nouvel éclair zébra le ciel non loin de lui, Cassius décida d'aller se mettre à l'abri le temps que ça se tasse. Il y avait quelques grottes non loin qui devraient pouvoir l'abriter.
A peine avait-il parcouru vingt mètres depuis qu'il avait pris cette sage décision qu'un mouvement en amont lui fit lever le nez. Cassius plissa les yeux.

— Nyu ?

Il accéléra l'allure pour rattraper la louve, sans trop savoir si elle l'avait entendu.

La sensation est désagréable. Celle de sentir de multiples regards sur soi, sans pouvoir savoir d’où ils proviennent. Est-ce les monstres qui la guettent ? Nyu se tend un peu, les sourcils froncés. Un nouvel éclair, quand l’Etelkrus décida de longer les parois rocheuses, sur ses gardes. Son poil se gonflait, sous la pression.
C’est soudain une présence à ses côtés qu’elle sent, quand elle se tourne crocs dévoilés vers… Cassius.
La méfiance laisse aussitôt place à une expression surprise, un sourire venant étirer ses babines.

« — … Cassius ? »

La Chasseuse s’approche du solitaire, venant le serrer entre ses pattes tandis qu’un ronronnement monte de sa gorge.

« — Tu m’as fichu la trouille ! »

Pffiou, plus de peur que de mal.

Cassius, 1 an et 10 mois

Elle ne l'avait visiblement pas entendu, puisqu'à peine avait-il réussi à la rattraper que la louve — c'était bien Nyu, cela ne faisait aucun doute – se retourna vers lui tous crocs dehors. Cassius se stoppa net.
Il se demanda si elle allait le reconnaître. Tous deux ne s'étaient pas vus depuis longtemps, et avaient bien grandi : la silhouette de la femelle s'était étirée, lui conférant une allure féline qui contrastait remarquablement avec son impressionnante masse capillaire. Quant à lui... eh bien il était sensiblement plus grand, et plus massif, aussi. Et peut-être aussi à contrejour. Aussi bien il ne lui apparaissait que comme une énorme masse noire et hirsute sur fond d'orage furieux en cet instant-même.
Il entrouvrit la gueule pour ajouter quelque chose, un petit Salut peut-être, lorsque l'expression de Nyu passa de l'agressivité à un grand sourire.
Elle l'avait reconnu.
Et elle s'était agrippée à son cou de manière assez inattendue — Cassius n'était pas vraiment habitué aux contacts physiques affectueux, aussi se crispa-t-il instinctivement, avant de lentement se dérider pour aller jusqu'à poser maladroitement une grosse patte sur son épaule dans un simulacre d'étreinte.

— Désolé, j'ai essayé de t'appeler mais je ne crois pas que tu m'aies entendu.

Puis, après une brève pose :

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu cherches des monstres ?

L’humidité faisait gonfler son poil, l’alourdissant. Nyu n’était pas une adoratrice particulière de l’eau, la boue c’était beaucoup plus drôle. Un léger soupir qui franchit ses babines, même aux aguets, entendre quoique ce soit était complexe avec l’orage.

« — … sale temps pour entendre quoique ce soit ! »

À la question sur les monstres, Nyu observe son ami.

« — J’en traquais un, mais il est plus futé que les autres celui-ci. La pluie lui aura permis de me semer. » La chasseuse fronça les sourcils, avant de reprendre une expression plus joyeuse. « Ce n’est que partie remise, j’lui réglerai son compte un autre jour ! »

Même par ce temps, un monstre irait gentiment se coucher dans un coin. L’Etelkrus approche un coussinets d’un des piques composant le collier de Cassius, joueuse.

« — Qu’est-ce que tu deviens toi ? T’habites toujours ici ? »

[Eeeeet je viens de capter qu'en faisait dans le topic d'avant Nyu n'avait jamais dit à Cassius qu'elle chassait des monstres :(
Je voulais embrayer là-dessus mais du coup je sais paaaaas]

Cassius, 1 an et 10 mois

Un sourire sincère étira les babines de Cassius lorsqu'elle lui rétorqua qu'il était difficile d'entendre quoi que ce soit par ce temps — quelques instants plus tard, un nouveau roulement de tonnerre parut faire trembler les falaises, tout autour d'eux.
Il hocha la tête à sa réponse suivante, ne doutant pas un seul instant de la capacité de la louve à triompher de son ennemi. Et assez émerveillé par son enthousiasme à la tâche.

Il eut un léger mouvement de recul en voyant la patte de Nyu s'approcher de son épais collier de cuir. Il n'avait pas vraiment... l'habitude qu'on s'approche. Surtout avec cette rangée de pics qui lui barrait la gorge.

— Non, je suis parti depuis un petit moment déjà. Je n'ai pas vraiment de maison fixe, à présent.

Il voyageait beaucoup, et compensait une enfance passée cloîtrée entre quatre murs de roche rouge par ce qui était pour le moment une vie de vagabond. Ce n'était pas vraiment une existence exemplaire, mais pour l'instant, ça lui convenait bien. Même s'il avouait s'ennuyer un peu, parfois.

— Et toi ? Tu n'as pas passé l'épreuve d'un de tes Dieux ?

Comme pour s'assurer qu'il ne venait pas de dire une connerie, il laissa son regard balayer rapidement le corps de la jeune louve. Pas de trace de lueur autre que l'espèce de machin jaune qui continuait de l'accompagner. Et ça, il savait que ce n'était pas un glowstick, elle le lui avait dit.

Cassius a un mouvement de recul lorsque que la patte s’approche d’un de ses piques. Les babines de Nyu frémissent, plutôt amusée par l’image d’un hérisson se roulant en boule qu’elle avait en tête. Le voilà devenu fier voyageur apportant les terres. La louve enviait cette liberté, ne pouvait pourtant s’y résoudre si cela signifiait renoncer au territoire de chasse Etelkrus.
Les monstres doivent être traqués partout.
À la question, légère lueur contrariée qui se manifesta dans les yeux de Nyu appuyée par une étincelle dorée qui parcourut son corps. La demande de Kiro la rendait encore amère, bien qu’à présent, elle était heureuse que le dieu n’ait pas compris le devoir des chasseurs en exigeant un monstre vivant.
Me voilà libre de toute contrainte.
La queue féline s’agite un peut alors que laissant échapper un rire, elle tira la langue à son ami.

« — Nope ! J’suis bien mieux sans eux et leurs règles stupides. »

Qu’ils s’amusent avec leurs petits disciples, Nyu passait son tour.
Joueuse, elle essaya d’approcher son museau au maximum de la joue du loup noire, avant d’être bloquée par les piques du collier. Un sourire énigmatique qui vient étirer ses babines.

« — … t’as peur que je m’approche trop ? »

Elle adopte une expression sérieuse avant d’éclater soudain de rire et de se reculer.

« — J’plaisante ! Bien maintenant que nous sommes tout sale et mouillé, tu veux qu’on joue à un jeu ? »

Elle parut se renfrogner, lorsqu'il mentionna ses Dieux. Curieux : il avait toujours eu le sentiment qu'il s'agissait là d'une source de fierté pour les porteurs de lumières. Et avait de surcroît toujours supposé que c'était encore plus le cas pour ceux de sa meute. Sa réponse était évasive, Cassius pencha la tête sur le côté. Il n'était absolument pas au courant des tenants et aboutissants de la religion à laquelle se vouaient les meutards qui décidaient de se dédier à l'un des Dieux locaux. Ses connaissances en la matière étaient quasiment nulles. Il avait jusqu'ici supposé qu'il suffisait de se présenter, tout fringuant et plein d'énergie, dans l'un des temples, de demander un glowstick, et de faire ce qui était demandé. Et puis voilà.
Mais Cassius n'y connaissait pas grand chose en cultes. Ses seules notions en la matière lui venaient comme à peu près tout ce qu'il savait de son père, et elles ne dépeignaient pas la pratique de manière très avantageuse. Ca avait l'air d'être beaucoup de contraintes, de restrictions et, en effet, de dogmes stupides. En tout cas, c'était ce que Joaquín avait retenu de la religion monothéiste principale du pays d'où il venait.
Cassius ne savait pas vraiment où se placer dans tout ça. Aurait-il dû plus s'intéresser à la culture locale, puisque ceci était, en théorie, son pays à lui ?
Mais n'était-il pas né dans les terres du Nord ? Il n'était même pas sûr de savoir ce qu'il était censé considérer comme sa terre natale, au final. Ses seules racines le menaient à ce Canyon, qu'il tâchait désormais d'éviter.
Il n'avait même pas spécialement d'endroit qu'il pouvait considérer comme une maison, aujourd'hui. Et encore moins un foyer.
On était loin des espoirs qu'il nourrissait quant à sa vie d'adulte lorsqu'il avait quitté la Passe Ventue pour de bon, mais il supposait, et surtout espérait, que ça s'arrangerait un jour.
Ca s'arrangeait peut-être déjà un peu, en soi. Le hasard l'avait conduit jusqu'ici aujourd'hui et voilà qu'il revoyait un visage connu, ce qui n'arrivait clairement pas très souvent.

Il s'efforça cette fois-ci de ne pas avoir de mouvement de recul lorsqu'elle approcha dangereusement son museau de sa joue, et se contenta de se crisper, ses mâchoires se serrant légèrement tandis qu'il la surveillait du coin de l'oeil, sans trop savoir ce qu'elle préparait. Elle finit par se reculer, et il se balança maladroitement d'une patte sur l'autre, sans trop savoir quoi lui répondre.

— C'est... pour se protéger.

Des prédateurs, même si au vu de ce qui était désormais son imposante taille, il n'avait plus grand chose à craindre de la plupart des animaux dangereux qui pouvaient arpenter le territoire. Des ennemis, qui qu'ils puissent être.
Des autres, susurra une petite voix dans un recoin de sa tête. Il chassa cette pensée intrusive, secouant une oreille, et se redressa avec attention lorsqu'elle lui proposa un jeu.
Sa queue se mit à battre lentement. Il n'avait pas joué depuis très longtemps.

— Qu'est-ce que tu as en tête ?

Se protéger. Nyu avait toujours eu du mal à comprendre la méfiance de certains quand à la proximité. Peut-être parce qu’elle n’en ressentait jamais, son instinct ne s’éveillait qu’en présence de monstres… car c’était là dans sa nature. Le museau penché sur le côté, la chasseuse reprend une posture normale en l’entendant accepter de jouer. Le terrain glissant et boueux lui donnait une idée. Mystérieuse, elle recula de deux pas, avant de tracer un cercle dans la boue tout autour d’eux.
Le cercle fini, elle vient se replacer face à Cassius, levant un coussinet.

« — Qui sort du cercle, perd. Petit jeu de force et d’agilité, ça devrait être plutôt drôle. Étant donné que nous sommes déjà couverts de boue, ça ne devrait pas trop dérangeant ! »

Apparence n’aurait peut-être apprécié pareil jeu. Cassius lui était différent.
Prendrait-il le risque de la laisser s’approcher le temps d’un jeu ?

Il suivit Nyu du regard tandis qu'elle traçait ce qui ressemblait somme toute à un cercle de lutte autour d'eux. Supposition qui fut rapidement confirmée lorsqu'elle vint lui proposer ses règles.
Un petit sourire vint étirer les babines de Cassius. Ca lui allait très bien.
Ca faisait bien longtemps qu'il ne s'était mesuré à personne si ce n'est les proies qu'il chassait pour se nourrir, et encore, ça n'avait pas grand chose à voir. Il continuait de s'entraîner quotidiennement pour parfaire ses aptitudes, mais ce genre de pratique solitaire avait ses limites. Au final, s'il se savait plus gros que la normale, il n'était pas vraiment sûr de ce qu'il pouvait valoir face à quelqu'un du même âge que lui. Qui n'était pas Apparence.

Il adopta une posture défensive, campé fermement sur ses pattes légèrement fléchies, son centre de gravité plus proche du sol, plus stable. Ses muscles prêts à la détente.
Et fit un signe du museau à la louve.

— Ramène-toi.

Son sourire s'élargit un peu plus. Une lueur d'excitation animait ses prunelles jaunes. Ca promettait d'être intéressant.

Le jeu semble séduire son ami. En réponse, le sourire de l’Etelkrus s’élargit à son tour. Cassius était plus grand qu’elle, plus massif.
Mais les gros monstres n’étaient pas toujours les plus agiles.
Nyu pour gagner devait éviter les pics autour du cou du loup noir et le surprendre. Toujours rester en mouvement, pour ne pas se retrouver écrasée ou coincée entre les pattes du loup. Les yeux dorés cherchent la moindre faille, la silhouette s’abaissant au niveau du sol, la queue féline ondulant au-dessus de la boue sans la toucher. Les seuls moments où la Chasseuse pouvait se montrer concentrée, c’était bien lors des jeux ou des chasses.
La gorge était inaccessible, en revanche ses appuies… Nyu pouvait utiliser sa petite silhouette à son avantage pour lui faire perdre l’équilibre et le pousser en dehors du cercle. Taquine, elle tira la langue à son ami, avant de mettre son plan en action.

Quand Nyu se tapit au sol, Cassius réalisa qu'il aurait peut-être dû retirer l'épais collier qui lui barrait la gorge avant de se lancer dans l'aventure. Il s'agissait ici d'un jeu avec son amie : il y avait toujours un risque qu'il la blesse involontairement avec, et ça, il n'en avait pas envie. Et il n'avait pas non plus envie de ne pas s'abandonner complètement au jeu et de se restreindre parce qu'il ne souhaitait pas lui faire mal.
Mais lorsqu'elle fondit droit sur ses pattes, il réalisa qu'il n'avait peut-être pas vraiment de souci à se faire de ce côté-là. Nyu était de toute évidence bien entraînée et au vu de ses loisirs de chasseuse de monstre, il ne doutait pas qu'elle soit capable de se protéger elle-même. Et de faire avec.

Il bondit pour passer au-dessus d'elle, mais c'était sans compter sur la vitesse de la petite louve et sur la boue qui rendait le terrain glissant. Et sur ma formidable capacité à ne jamais réussir un lancer de dés.
Sa tentative d'esquive fut donc sérieusement mise à mal par un impromptu dérapage de ses morts et loin de passer par dessus Nyu, il se la prit de plein fouet.

Si la boue n’avait jusque-là pas dérangé Nyu, cela semblait plus compliqué pour son ami qui s’emmêla les pattes avant de lui rentrer dedans. Aussi, la chasseuse dû changer de stratégie, cherchant à bondir par dessus Cassius pour ne pas être entraînée par la masse du loup. La boue rajoutait de la difficulté à leur jeu. L’Etelkrus se tourna vers le solitaire avec un sourire. Au-dessus de leur tête, le tonnerre continuait de résonner.

« — Je t’attends ! »

Amènes-toi Cassius !

Cassius avait toujours été, dans ses entraînements, et plus généralement dans les tâches qu'il se fixait, quelqu'un d'assez intense. Une fois un objectif trouvé — et c'était là tout le problème : encore fallait-il trouver un objectif, chose qui s'était avérée assez difficile une fois les ponts coupés avec son père –, toute sa concentration se perdait dans la quête qui y menait, si futile soit-elle parfois. C'est ce qui lui permis de se remettre sur pattes après que Nyu l'ait esquivé sans se retrouvé pétrifié de mortification face à un tel faux départ.
Lui qui pouvait être si conscient de lui-même dans bien des situations ne perdit pas un seul instant pour méditer sur ce qui était quand même un beau ratage. Il accueillit la provocation de Nyu avec stoïcisme, et c'est à se demander s'il l'avait entendue.

Cassius fit volte-face et ce fut à son tour de bondir droit sur son adversaire. Il ne chercha pas spécialement à faire dans la finesse : l'idée était pour le moment de minimiser la distance qui les séparait, et ainsi de réduire la marge de manœuvre de l'Etelkru, plus petite et plus vive.

Rien ne semblait déconcentrer Cassius qui de toute évidence prenait ce jeu très, très au sérieux. La queue de Nyu se balança, alors qu’elle se concentrait sur son adversaire. Voilà que ce dernier cherchait à se rapprocher.
Pour mieux la pousser en dehors de la zone ?
Le regard de la louve se baisse aux pattes de son ami, si elle pouvait se glisser en-dessous, cela lui laissait une porte de sortie. Finirait couverte de boue, mais au moins… cela serait amusant. Concentrée, elle fixa l’opportunité, attendant le dernier moment pour tenter un plongeon.
En riant, elle se laisse glisser sous le loup. Face à Cassius, l’effet de surprise pouvait avoir une grande importance. Elle devait proposer des choses inattendues.

Pas étonnant que Nyu semble avoir une sorte de lien avec l'électricité : celle qui était jadis une petite pile électrique était désormais une louve d'une vivacité étonnante. Là où Cassius, lui, faisait clairement plus dans la brutalité.
Il la vit qui se coulait entre ses pattes tandis qu'il retombait vers elle. Difficile de manoeuvrer quand on était encore à moitié dans les airs, mais il tenta malgré tout de s'arquer vers l'avant pour tenter de l'attraper au passage. Sa gueule s'ouvrit béante et il tendit le cou pour se saisir de la peau de la nuque de la louve. La prise n'était pas assez ferme pour la blesser ou percer la peau — qui était de toute manière perdue sous une épaisse couche de poils –, mais assez pour la bloquer.
A moins qu'elle ne trouve encore un moyen de lui filer entre les doigts.

Là où Nyu jouait sur son agilité pour échapper aux prises de Cassius, ce dernier privilégiait la manière forte. La chasseuse sent des crocs se refermer sur sa nuque.

Là où Nyu jouait sur son agilité pour échapper aux prises de Cassius, ce dernier privilégiait la manière forte. La chasseuse sent des crocs se refermer sur sa nuque. Les poils qui s'étirent un peu. Tout ceci n'est qu'un jeu. Pour autant, Nyu n'avait pas l'intention de s'avouer vaincue aussi facilement.
Tout cela l'amuse bien trop.
Elle glisse l'une de ses pattes avant sous son corps tout en inclinant sa tête vers le bas dans le but de faire basculer son adversaire. Utiliser le poids de ce dernier à son avantage. Cassius est cependant plus fort qu'elle, pouvait donc facilement résister à sa tentative.