Sacrament [PV Emilitia]

Emilitia
3 pvs

De Dieu il n'y a pas, il n'y a plus que les Ombres qui embrassent.

Elle sent son pelage contre le sien, la poisse du sang de chacun qui les englobe, leurs muscles tendues et fatigués qui s'entre choquent une dernière fois. Car oui, de cet ultime assaut, il n'y en aurait qu'un seul d'eux deux qui vaincrait n'est-ce pas ? Dans cette toute dernière ronde, ces tout derniers pas. En un clignement, elle ferme ses yeux bleus quelques fractions de seconde comme pour ne pas voir en définitif dans quelle chaire les crocs seront plantés.

Même encore aujourd'hui, il est agréable de sentir ton pelage, ton odeur. C'est parce que tu as voulu m'en priver que je t'ai haïs. Ô colère si grondante au fond du cœur.

Mais tu ne pourras plus jamais me laisser à présent n'est-ce pas ?

Car c'était ses crocs à elle qui étaient enfoncé dans son cou, serrant la gorge dans un craquement musculaire sinistre alors qu'elle sent sous sa propre pression, celle du mâle s’atténuer, sa résistance s'affaiblir, son opposition se plier sous sa volonté à elle.

Elle... Emilitia devine qu'elle était celle qui avait vaincu en cet instant, prend plusieurs longues secondes, encore tendue, encore haletante, la gorge d'Iris toujours fermement maintenue entre ses crocs, qu'elle l'avait emmené vers l'agonie. Elle le sent, le décalage dans son souffle, son corps de faire bien plus lourd jusqu'à ce qu'elle ne parvienne plus à le tenir. Alors, délicatement, dans ses derniers soubresauts de vie, elle le pose au sol, à du mal à le lâcher tout de même. Contre lui, au dessus de lui comme s'il pouvait encore lui échapper, elle s'allonge, elle aussi épuisé. Son museau fuisse sans morsures meurtrières cette fois-ci, se rapproche de la tête comme à cette époque douce où elle était peut-être un peu moins démon mais lui également un peu moins Lumière.

« Malgré tout tes efforts, tu n'as jamais vraiment fait parti de la Lumière tu sais. »

Aux Ombres, tu as toujours appartenu et c'est tout entier qu'elles te possédaient aujourd'hui. De cette dette de l'âme qui payait enfin.

Elle glisse sa tête contre la sienne, sa joue affectueusement contre la sienne, son oreille à l'écoute du souffle erratique.

« Y a t-il quelque chose que tu laisses derrière toi ? »

Ou est-ce parce tu n'avais plus rien là bas que tu es revenu?

Emilitia
1 puis 0 pvs
Parce que je fais ce que je veux

Dans ses soubresauts d'agonie, elle sent autre chose, une chose qui lui vole ce qu'elle convoite, la concurrence au cœur même de celui qui voulait être lumière. Plus qu'Aka, il y avait Elle.

NON NON NON NON NON !

Elle n'est pas seule démon, elle aurait du s'en douter, s'en rappeler. Les Ténèbres de son cœur n'était pas totalement les siennes et elle se faisait déposséder. Nous avons tout deux courbés l'échine face à la même Entité non ? Emilitia se relève d'un sursaut tandis que dans son crâne quelque chose l'emprisonne. Son pelage se gonfle, ses ailes éclatent dans un nouveau nuage de particules, sans formes, devant flammes consumant son essence même à trop grande échelle. Ses muscles se tendent, la douleur la crispe, elle s'accroche, elle lutte et ses yeux bleus s’accrochent à ceux d'Iris, y voit cet autre reflet.

C'est une chose qui t'as toujours amusé n'est-ce pas ? De nous voir ainsi?

Les démons étaient des êtres cruels, se nourrissaient de la noirceur de ce monde et même parmi êtres semblables, il n'y a pas d'allier. Leur groupe au cœur des cendres n'avait rien d'une meute, n'en avait pas cette prétention, les ombres se dévoraient parfois entre elles. C'était ainsi.

Elle avait haï, au grand haï cette fois où Nirvana l'avait emprisonné dans son propre esprit, où elle l'avait scellé en elle même pour lui voler son masque. Cet ordre est pareil, aussi insupportable. Il tourne et tourne encore dans sa tête, dans son crâne, elle sent les files de l'araignée, elle qui était papillon sombre. Elle peut s'arracher la tête, les yeux, qu'elle cesse cette voix qui la hante.

Elle ignore ce qu'elle fait, ignore son acte.
Mais elle sent, Emilitia, un grand froid l'envahir quand la conscience revient à elle, quand le calme retombe dans le silence avec la même douceur que les cendres d'une forêt fraîchement brûlée, lorsque les flammes se sont éteintes. Elle sent son souffle manquer presque alors que ses pattes chancellent au dessus d'Iris, elle sent sa gueule s'emplir de cette bile noire qui avait donné naissance à sa propre araignée. Non, c'est son propre sang.
La démone se pencha au dessus de l'Etelkru, s'affaisse à demi sur lui alors que la force manque.

« Alors c'est ainsi, nous serons chacun notre propre fin ? »

Ce n'était peut-être pas si mal en fin de compte. Durant toute cette année, de cette passion et de cette haine, par ce lien unie, nous nous seront tout de même plutôt amusé. A faire sombre ce monde petit à petit.
D'épuisement, elle se laisse glisser à nouveau contre lui. Restons un peu calme à présent. Ses paupière se ferment sur le bleus intense de ses yeux tandis que son museau se glisse à nouveau à l'oreille du mâle. Elle est trop épuisée pour émettre plus fort qu'un murmure.

« Ironiquement, ce n'est pas la fin de toute chose. Ce monde que laissons, notre héritage laissé en feront leur royaume. Ils nous ressemblent tu sais. »

Nés de deux Ombres plus que d'une Lumière.