Espoir.

Tu avais souvent été là.
Tes journées occupées par ces responsabilités gagnées, qu'elles soient auprès de tes amis, de ce clan auquel tu n'appartenais pas encore ou de cette déité. Tes journées si occupées qu'elles te faisaient oublier tes nuits rythmées par tes insomnies, t'y faisant trouver une autre forme d'énergie.
Tu t'étais investi, tu étais sorti de ta petite vie tranquille, presque oisive, pour tout donner. C'était peut-être ça, que de devenir adulte ? Tu l'étais pleinement maintenant.

Et maintenant, résonne un appel que tu n'aurais pensé entendre un jour.

Tu redresses ta tête et entrouvre ta gueule, marchant aux abords du plateau où tu espérais croiser ton P'pa, en l'attente de ton tour de garde. Tu clignes des yeux et il te faut bien une seconde, pour comprendre qui vous appelle.
C'est un son chantant, unique, une p'tite note de musique,
La voix d'Aiiro.
Car c'est ainsi qu'elle s'appelle.
Et c'est une évidence, que de répondre à cet appel. Tu te mis en mouvement, tu traças en courant sur tes longues pattes spaghettis, pour la (les !) rejoindre !

Et tu l'observes, elle dehors, debout devant vous. Tu n'es pas le premier ; sans doute pas le dernier. Il y a Stendhal et Cheza, deux loups connus que tu salues d'un regard plus que d'un mot, ne voulant pas interrompre celle qui parle alors.
Aiiro.
Dont la fusion fut faite, et qui n'était plus Yurai. Nouvelle identité, pour nouveau corps, nouveau dessein, mais même volonté d’œuvrer auprès d'eux.
Ton sourire s'étire.

« Bienvenue parmi nous, Aiiro. Je suis soulagé de vous voir en forme ! »

C'est ta façon, simple, de montrer une ultime fois ton acceptation.
Toi, qui n'avait jamais douté ; bien que de naïf, tu aurais pu être aussi. Dans la profonde acceptation des choix que chacun pouvait faire, déesse devenue déité comprise.
Car c'est ainsi, que Yurai marqua son évolution, et la fin de son exclusion avec ses adelphes.

Que tout changea.

Mais si tu te sens serein, face à cette situation, tu n'oublies pour autant celui qui ne l'est pas. C'est à la rigidité de son corps, à sa volonté de reconstruire l’Église comme à la façon dont Stendhal agit avec lui, que tu sais, que Cheza peine à l'accepter.
Ce n'est plus le temps où l'on veut se conformer aux choix des autres, comme cela revint souvent lors du dernier rassemblement entre loups.
C'est le temps de la réalisation, un peu difficile.
Tu t'approches, à ton tour, du côté où n'est pas Stendhal. Tes yeux qui se mouillent un peu, sans de licorne en réaction ; il te faut les cligner de façon rapide pour n'pas te mettre à pleurer.

« Cheza... »

Tu t’assoies, presque au contact.
Tu aurais pu essayer de le convaincre, que ce n'était pas une disparition mais une transition. Que Yurai n'était plus sans ne plus être ; ayant décidée de vivre en tant que Aiiro plutôt que de survivre en tant que Yurai.
Mais-
Mais t'es pas là pour monter un beau discours (enfin, essayer d'monter un beau discours). Tu trouves que ça irais pas, là.
Alors...
Alors tu parles, pour sans doute dire une p'tite chose bête et essentielle. Mais c'est tout c'que t'avais envie de dire.
Cette chose bête et essentielle.

« T'as aussi l'droit d'être triste. Et on s'ra là pour t'écouter. C'est un deuil, c'est une naissance. Et nous sommes ensemble pour le vivre. »