It’s Tough to Be a God (ft. Anita)

Et depuis cette journée - qui s'était finalement même étendue en soirée - à la plage, Anita avait attendu sa venue.
Oh, pas de patte ferme non plus, étant donné qu'aucune date n'avait été figée - et elle ne mettait aucune pression sur le dos du père de famille qui avait, tout comme chacun d'entre eux, beaucoup de choses à faire. Mais c'était resté dans un coin de son esprit et la louve était certaine qu'un beau jour, elle l'entendait se présenter à leurs frontières. Car elle savait la résolution de Désiré à vouloir honorer Kiro et terminer son autel être forte, elle ne douta pas que dès qu'il trouverait le bon moment il viendrait à la Moere à la recherche de ce qu'il avait mentionné. De quoi décorer le lieu qu'il avait établi pour l'Anaconda, quelque part dans les Monts.
Ce fut donc un sourire qui se dessina sur ses lèvres quand elle reconnut la voix portée par la brise. D'un pas souple, Anita rejoignit le mâle beige et vint l'accueillir.

Au fond de ses pensées, cependant, demeurait une certaine tâche sombre qui s'éveilla d'autant plus en percevant l'expression de Désiré. Derrière l'expression avenante qu'elle lui connaissait, elle devinait le mal-être : c'était sans doute la première fois depuis la nouvelle qu'il se rendait aux portes de son ancien territoire et qu'il savait que son ami ne serait plus là pour partager un moment avec lui.
Elle imaginait bien, à quel point cela devait raviver la peine.
Et comme si cette perte n'avait pas été assez, Anita aurait de nouveau la lourde tâche de lui apporter une autre perte.
Celle de Zen, son père, dont le corps avait été retrouvé sans vie il n'y avait pas si longtemps de ça, sur les terres de leur Dieu commun.

Au moins s'était-il éteint sans violence, à l'inverse d'Iris - Zen était simplement un vieux loup, qui avait su finir son existence d'une paisible manière.
Mais probablement sans prendre le temps de renouer avec son premier fils, malheureusement.
La Prêtresse fit néanmoins en sorte de laisser temporairement ces pensées en dehors de son esprit quand elle s'arrêta devant Désiré, inclinant le museau.

—   Bonjour, Désiré. Tu as fait bon voyage ?

Son sourire oscilla quelque part entre la sincère amicalité et la camaraderie taquine. Voulait-elle simplement s'enquérir de sa santé, ou suggérer qu'avec son âge qui avançait lui aussi ses articulations devaient lui rendre la vie un peu plus difficile ?
Nul ne le savait.

Après leur dernière entrevue, il n'était pas si difficile de deviner les directions que pouvaient prendre les pensées de Désiré en regagnant leurs frontières, quand bien même il garda la face. Ce fut d'un même sourire qu'elle lui répondit, n'allant pas sur un terrain que lui-même évitait sciemment - il savait que s'il souhaitait en discuter plus tard, elle y serait toujours ouverte.
Elle n'avait pas oublié qu'il avait émis le souhait de lire la dernière lettre d'Iris, après tout, et si cette idée avait mûri dans sa tête elle pourrait l'y accompagner selon son désir.
En attendant, elle rit clairement de sa remarque - il était vrai qu'eux disciples jaunes se débrouillaient plutôt bien en terme de vieillissement, en général ! Et elle était ravie qu'il en soit de même pour son ami.

Puis, à son invitation, elle répondit d'un acquiescement plein d'engouement.

—   Allons-y en effet, très cher !

Et elle ouvrit ainsi la marche à travers les marais, s'enfonçant vers le cœur des terres en portant un regard attentif autour d'eux.

—   As-tu déjà une idée un peu précise de ce que tu cherches pour l'autel ?

Ainsi, elle aurait peut-être une meilleure idée de la direction à prendre pour aller débusquer telle ou telle ressource. Elle connaissait suffisamment son domaine, en plus d'avoir une bonne mémoire visuelle, pour les orienter sur des endroits prospères.

Elle n'en oubliait pas non plus le sujet qu'elle devrait bien finir par aborder auprès de Désiré, mais elle voulait d'abord que se lance paisiblement leur promenade.