Que faire (Désastre)

Le créneau qu'il termine est le créneau de Basilic.
L'enfant n'en est plus vraiment un. Il a grandit, sans le dépasser, restant relativement petit, bien que moins que Pepper. Il est surtout devenu plus puissant, développant ses épaules et ses muscles, à la suite d'entrainements fréquents auprès de celle qu'il prit comme mentor, Sakura. Et même si sa première année était passé et qu'il n'était plus un louveteau, le fils ressentait toujours la nécessité d'un créneau pour lui, qu'il n'aurait su lui retirer.
Il avait voulu chasser avec lui, aujourd'hui.
Mais comme lorsqu'ils quêtèrent le cuir d'un animal au sein de la moère, Désastre ne fit pas au maximum de ses compétences.

Il n'était plus aussi rapide.
Il n'était plus aussi fort.
Il n'était plus aussi attentif.

Ses sens diminuaient et ses reflex aussi. Et le créneau achevé, c'est avec une démarche raide qu'il retourna dans sa grotte, pour y trouver la chaleur des multiples torches qu'on avait installé à son attention, et que l'on prenait soin de gardé allumé.
Il était vieux.
Le loup le plus ancien de cette meute.
Il n'en restait pas moins capable de réflexions et de stratégies, et un loup que l'on respectait.

Il avait encore à apporter, Désastre, et son apprenti le lui prouva une nouvelle fois en venant le consulter.
Vers lui, son museau se redresse.

« Bonjour Ottar. »

Il semblait moins paniqué que lors de son dernier problème, concernant les entités. Il a besoin de solutions, cependant, et c'est sur son aide qu'il compte.
C'est pour une louve.

« Pour une gestation ? »

Désastre n'avait jamais perdu de temps à poser les questions nécessaires, direct dans ses manœuvres. Il y avait peu de problèmes, qui ne concernaient que les louves.
Et comme sa mère avant lui, peut-être était-il confronté à la problématique de louveteaux trop importants pour la louve qu'il aurait saillie.

Avant d'émettre plus d'hypothèses, il attendit confirmation.

En quelque sorte.
Ce n'est pas, qu'en quelque sorte, il croit. Ottar dit avoir une compagne, et par compagne, lui entend louve actuellement gestante. Et s'il ne pensait pas la voir avoir de difficultés lors de la mise-bas, il la trouvait fortement sensible à la douleur.

« La mise-bas la fera souffrir. C'est inévitable. Je crois même que rien ne fait plus souffrir une louve que de donner naissance à des enfants. »

Encore, le loup gris est direct. Il est surtout honnête : qu'importe les louves qu'il avait aidé à mettre bas, celles-ci avaient toujours eu beaucoup de mal lors de la naissance de leurs enfants. Pourtant, il s'agissait de louves au fort tempérament, et à l'excellente condition physique.

« La prise de plantes pour apaiser les maux est limitée, qui plus est, car la louve doit sentir les contractions. Trop de plantes risqueraient de les stopper, ou faire qu'elle ne saura plus quand pousser... Tout ce que tu pourras faire, c'est prévenir les complications et faire en sorte que la mise-bas se passe le mieux, et au plus vite. »

Ses yeux se figent sur ceux de son disciple.

« L'ostéopathie et l'accupressure peuvent l'aider. Si nous avons étudier ces méthodes dans leur généralité, je peux t'apprendre leur maniement spécifique sur les louves pleines. J'ai dû y avoir recours, pour aider Sakura à mettre bas, car la différence de taille avec ton père était importante.
...
Cela risque d'être le cas, avec ta louve. »

Il préfère mettre en garde. Ne pas le faire le ferait manquer à son devoir premier de panseur, et conduirait son ancien apprenti à commettre des erreurs qui pourraient impacter la vie de la louve ou des enfants à naitre.

Son ancien apprenti semble fortement attachée à la louve qu'il a saillit, et prêt à beaucoup pour lui venir en aide. Habituellement calme et taiseux, cet élan de motivation est entendu par Désastre. Il reste un peu paniqué, il croit.
Et il est de son devoir de lui apprendre, après lui avoir évoqué ces possibilités.

« Nous pouvons commencer maintenant. »

Il n'a jamais été du genre à perdre du temps, Désastre.

« Pour te montrer les points à toucher, nous pouvons aller trouver une femelle comme Annie. Cela lui fera apprendre, à elle aussi. »

Elle était panseuse, tout comme eux deux, et il était pertinent de ne pas reporter sur leur corps à l'organe reproducteur différent, les points qui serviraient à manipuler celui d'une louve.
D'un mouvement de queue, Désastre invita donc Ottar à aller trouver leur consœur.
Et il lui montrera sur le dos sombre de la petite louve.
Les deux doigts en avant, comme pour une accupressure classique, ces points de pression correspondant tout particulièrement aux organes féminins. La façon dont on doit placer les pattes, pour mieux effectuer une rotation de la hanche, et débloquer celles-ci, plus encore lors de la mise-bas. Les points à presser pour détendre les muscles, jusqu'à une certaine limite : si certains se devaient d'être relâchés, d'autres devaient resté contractés, ou en mesure de se contracter, pour facilité la pousse et l'expulsion des petits.
Ce fut un cours riche, dense, où Désastre resta à l'écoute des questions et des craintes d'Ottar.

Pour permettre à celui-ci d'aider au mieux la mère de ses enfants.

Désastre le laissa manipuler à son tour, corrigeant au besoin les postures ou la pression exercée, indiquant quand il serait nécessaire de davantage appuyer. Tout ne pouvait être pratiqué, puisque Annie n'était pas en cours de mise-bas...encore moins gestante.
Mais cela donnerait suffisamment d'indications à Ottar pour qu'il sache quoi faire au moment venu, il croit.

Quand au signe de danger...
Il ne mentit pas quant à l'hémorragie, et au risque que cela engendrerait : les plantes, alors, ne seraient plus suffisante, et il faudrait sans doute faire un choix entre sacrifier la mère ou les petits. C'était un risque inhérent à toutes mises bas. Il précisa néanmoins que celui-ci était rare et qu'il ne l'avait jamais connu.
Mais mourir en couche n'en restait pas moins une possibilité.
De plante à privilégier, il cita les feuilles de framboisier, qui permettaient une mise-bas plus rapide et facile grâce à sa teneur en fragarine. A donner avec générosité. Il conseilla d'éviter les plantes trop sédatives, pouvant interrompre les contractions de par leur action d'endormissement, et provoquer à terme l'asphyxie des nouveaux-nés. Un tout, tout petit peu de reine des près pouvaient aider à calmer la douleur, mais il lui faudrait éviter le pavot.
Elle aurait mal, ce serait inévitable.

Le cours achevé, il put alors libérer Ottar.
Restant, au besoin, à sa disposition.