Rituel de la Pleine Nuit - Eceuil - Geeti

La pleine lune illumine le ciel. Tu l'admires quand l'heure vient de te rendre sur la plage. Tu lances un regard à Naël avant de te concentrer sur le Roi Paquot. Tu te souviens encore de ta bourde d'il y a quelques lunes. Tu n'as pas eu l'occasion de t'excuser mais le moment n'est pas venu pour te comparaître en excuses. Tu bombes légèrement le torse en écoutant la limace parler. Tu es contente de pouvoir te lier à l'Océan, de pouvoir être une vraie Raeder. Tu rentres dans l'eau et l'épreuve vient. Te voilà emportée par une vague qui l'éloigne de la côte. Tu as été prise de court, alors tu bois un peu la tasse. L'eau te fait danser, tu as l'impression que tu ne vas pas pouvoir t'en échapper. Tu te laisses faire, ne cherchant même pas à te débattre. Et un choc vient. Tu n'as pas le temps de couiner et de grogner que l'eau s'immisce en toi. Tes poumons se gonflent d'eau. Ils sont en feu. Ta respiration devient de plus en plus laborieuse. Tu as envie de vomir mais tu n'y parviens pas. Ta détresse se fait voir dans des mouvements brouillons. Ta vision se brouille puis c’est le néant.

Tu papillonnes quand tu rouvres les yeux. Tu ne sais pas depuis combien de temps tu es là. Tu mets un peu de temps avant de regarder autour de toi. Tu te rends compte que tu es sur une rive rocheuse. Sa couleur te paraît sanguinolente. Tu ne te souviens pas avoir déjà vu pareil décor. Tu te demandes où tu es mais ta réflexion se fait courte. Une vive douleur cogne au fond de ton crâne. Tu passes une patte sur ta truffe et constates du sang. Tu fronces les sourcils. Ce n’est pas bon. Tu respires difficilement. Tu tentes de te concentrer mais impossible. Tu aimerais te rappeler ce qui s’est passé mais la douleur devient effrayante. Tu retiens un cri quand ton visage se crispe. Ton ventre te semble gonfler. Tu as envie de vomir. Tu essayes … Encore et encore … Mais rien ne vient.

Tu commences à paniquer. Tu ressens ce besoin urgent de bouger. Tu tentes un pas mais tu es prise de vertiges, la nausée augmente. Tu te laisses glisser sur le rocher, parmi les balanes. Elles n’apportent pas un confort mais tu ne peux pas faire autrement. Tu souffles lentement. Tu dois te calmer. Tu prends quelques secondes, rassemblant un peu de souvenirs sur les événements. Tu es passée très proche de la noyade … Tu sais que tu dois effectuer certains gestes pour éviter d'empirer ton cas. Ton esprit est encore flou mais tu te remémores certaines choses apprises auprès des autres Raeders. Si tes poumons sont plein d'eau, tu dois tousser alors tu t’assoies et te voilà en train de forcer cette action, toussant encore et encore. Tu sens le liquide remonter. Ca t’écœure et ça augmente ta nausée qui ne veut toujours pas passer. Tu continues et d’un coup, tu te retrouves à cracher de l’eau encore et encore. Tes poumons sont en feu. Tu as ce goût salé imprimé jusqu’au fond de toi. C'est désagréable, muant ton visage en une grimace de "beurk".

Le problème de tes poumons semble résolu. Ton souffle semble être redevenu normal. Tu continues de tousser encore et encore au cas où mais plus rien ne sort. Il te reste à t'occuper de ton estomac. Tu ne sais pas trop comment procéder. Tu mimes l'action du vomissement, contractant tes muscles et ton estomac. Tu te retrouves à saliver en excès. Tu lâches de nombreux rots en aspirant en excès de l'air pour forcer mais tu n'y parviens pas. L'eau semble comme bloquée. Tu touches un peu ton ventre. Ca t'inquiète, c'est douloureux mais pour l'heure, tu ne sais pas quoi faire. Tu es trempée et le froid commence à s'immiscer en toi. Tu gardes tes vêtements même s’ils sont trempés. Ils te permettront de garder un semblant de chaleur en dessous et d'éviter un choc thermique. Tu te frictionnes les membres avant de t'installer en boule face à l'Océan. Tu aimerais bien courir sur cette rive pour te réchauffer mais dès que tu bouges trop, les vertiges reviennent en force. Tu as déjà connu un gros choc face à l'Yrtak mais tu t'en étais vite remise. Peut-être que tu vas mourir ? Peut-être que Paquot se venge de ton ignorance de l'avoir pris pour son frère ? Tu grognes un peu à cette idée. Le Roi des Océans ne doit pas être comme ça ... Tu l'espéres.

Tu tournes la tête, regardant autour de toi. Tes mouvements sont lents pour éviter d'avoir la vision qui se floute. Tu as du mal à comprendre le but de ton épreuve. Tu pensais devoir affronter des monstres, naviguer sur Navire comme l'ont fait les autres Raeders mais tu n'as rien de tout ça. Tu es juste blessée, seule et perdue au milieu de l'Océan. Tu as beau regarder l'horizon, tu ne vois pas une seule autre terre. Tu te sens si seule et si faible.

Tu restes un moment comme ça. Ta position permet de te réchauffer le ventre. Tes muscles abdominaux semblent moins tétanisés par le froid. Tu hésites un court instant, te redressant. Tu réessayes de vomir. Tu contractes une nouvelle fois l'ensemble de ton corps, tu fais palpiter l'œsophage, contracte l'estomac qui répond d'un spasme. Tu salives de nouveau en abondance et cette fois, la nausée est suivie d'un premier rejet. L'eau piégée dans ton estomac délié remonte et tu en vomis en grande quantité. Le sel te brûle une nouvelle fois, tu te sens à la fois libérée et gênée de cette sensation de brûlure par le sel. L'action dure un petit moment. Une fois fini, tu regardes l'eau recrachée glisser de la roche pour retrouver l'Océan. Ton ventre se retrouve vide. Tu gardes cette sensation de nausée et malgré les nombreuses balanes, tu ne te sens pas d'essayer d'en ouvrir une pour la manger. Tu ignores le goût qu'elles peuvent avoir mais ça ne doit pas être différent de celui d'un autre coquillage non ?

Tu te mets sur tes pattes en douceur. La tête te tourne un peu. Tu patientes et quand c'est bon, tu fais quelques pas, essayant d'éviter au maximum les balanes. Leurs coquilles te piquent les coussinets. Tu fais davantage attention, évitant de te blesser dessus. Tu ignores s'il n'y a pas une bête dangereuse en quête de sang dans l'eau longeant la rive. Tu marches encore un peu de ce pas lent. Tu ne sais pas trop quoi faire. Tu te sens piégée, presque naufragée. Tu soupires. Ton mal de crâne est incroyable, quelques souvenirs sont encore flous bien que tu commences à te sentir de nouveau maîtresse d'eux.

Tu marches un peu sur cette rive. Tes mouvements demeurent lents. Tu as essayé d'accélérer l’allure mais le mal de crâne et les vertiges ont repris de plus bel. Tu cherches du regard un abri. Tu as besoin de repos et de faire le point sur tout ce qu’il vient de se passer. Tu n’as toujours pas saisi le but de ton épreuve. Ton regard guette les fonds marins, en quête d’une créature qui pourrait en surgir et chercher la bagarre mais tu ne vois rien. Tu surveilles également une possible petite proie qui ne te demanderait pas trop d’effort à chasser ou pêcher mais tu es vraiment seule sur cette rive avec des balanes. Ne voyant ni abri ni nourriture, tu t’arrêtes et t’assois. Tu es presque désespérée même si ton optimiste t’empêche de sombrer. Tu dois réfléchir et même si tu as mal au crâne, tu en as besoin.

Ton regard se rive sur les balanes. Tu fronces les sourcils. Tu sais que les balanes mangent … Donc les balanes se font aussi manger. Chaîne alimentaire, tout ça tout ça … Mais qui mange les balanes ? Tu griffes une coquille mais tu n’as aucune idée de comment l’ouvrir. Tu en vois une s’ouvrir, tu t’approches et hop elle se referme. Si elles ont cette attitude de défense, c’est qu’effectivement elles doivent se faire manger. Tu décides de te coucher et d'attendre. Tu as décidé de porter toute ton attention sur un groupe de balanes très proche de toi. Ne bougeant plus, elles finissent par ne plus faire attention à toi et s’ouvrent. Tu regardes le drôle de corps se déployer. Tu ne pensais pas que ça ressemblait à ça. Tu ne sais pas trop combien de temps tu patientes. Tu luttes pour ne pas bouger, toi qui est si hyperactive. Cet exercice est difficile mais après ce qui te semble une éternité, tu vois un coquillage s’avancer. Tu sais que ce n’est pas une balane. Tu regrettes de ne pas avoir pris de cours sur les bidules de la plage … Tu ne bouges toujours pas. Il s’approche de toi et tu le vois commencer à se poser sur une balane. Tu souris. Voilà donc un prédateur ! Tout doucement, tu tends une patte et d’un geste vif, tu attrapes le coquillage. Tu le retournes et sans te poser plus de question, notamment sur le fait que ce soit mangeable ou non, tu viens lécher l’intérieur de la coquille et tu dévores le corps. C’est gluant … Mais délicieux en gueule ! Ta queue remue légèrement. Le goût iodé est excellent et si ton estomac était nauséeux quelques minutes plus tôt, le voilà quémandant de la nourriture.

Tu répètes plusieurs voir l’opération, mangeant plusieurs patelles sont te fatiguer et sans dépenser trop d’énergie. T’agitant peu, tu sens ton mal de crâne devenir plus léger mais tu fais attention. Tu n’es pas médecin mais tu les as souvent vu et très souvent tu as été réprimandée parce qu’après une blessure, tu faisais n’importe quoi. Pour une fois, tu décides de les écouter et tu avances prudemment, te nourrissant. Il ne te manque que de l’eau non salée. Tu regardes le ciel mais aucun nuage sombre à l’horizon. Le vent est calme. Aucun présage de tempête ou de pluie. Il te reste l’eau de l’Océan mais tu ne dois pas en consommer énormément et ce n’est pas bon. Tu esquives une grimace. Pour l’heure, tu te contentes des patelles et du peu d’eau qu’ils t’apportent. Tu ne penses pas que l’épreuve durera plusieurs jours alors, tu fais avec ça et si ça dure, tu réfléchiras à peut-être attraper un poisson et extraire son jus. Tu n’as aucune idée de comment on fait ça mais tu aviseras le moment venu … Tu te promets qu’à ton retour, tu demanderas des informations de survie aux canonniers.