Un jour tu seras grand [Epreuve de Glowstick]

Ils avaient tous été passé leur épreuve de glowstick sauf lui. Ses trois frères s'étaient tous rendus auprès des dieux pour leur épreuve, même Bonbon malgré ses... quelques difficultés pour les grands voyages, même sa grande sœur avait repassé son épreuve et était même revenue avec une superbe griffe brillante de l'éclat rouge d'Aka mais Eeno, lui, traînait encore dans les pattes de ses parents. En réalité, il avait peur de grandir. S'il avait une idée de l'épreuve qu'il voulait choisir, ce n'était pas le cas pour son rang. Quoique ça faisait quelques semaines qu'il se posait la question si zélote ne lui conviendrait pas. Il aurait dû avoir passé son épreuve depuis longtemps mais non, définitivement, il ne se sentait pas quitter la protection rassurant de ses parents. Mais le temps passait et il fallait se faire une idée, il avait presque deux ans et maintenant, il n'était plus du tout le petit louveteau pataud de ses premiers mois. Son corps s'était allongé, perdant toute les courbes du bébé pour opter les formes de l'adulte. Il était grand et il devenait urgent qu'il passe son épreuve avant qu'il ne soit trop tard.
Il avait jeté son dévolu sur Moiro. Les préjugés voulaient que ça soit surtout des filles qui se présentent devant la déesse rose mais Eeno savait que n'importe quel séide pouvait se présenter devant elle, qu'il soit mâle ou femelle. Il en avait la preuve puisqu'un autre louveteau de son âge, aussi couillu que lui, avait testé l'épreuve un peu plus tôt dans l'année. Si le jeune mécheux avait choisi la Tigresse, c'était parce qu'elle était la déesse des charmes et de la grâce, par conséquence, c'était un peu la déesse de la beauté. Au détrompez vous, Eeno ne se rendait pas au temple de Moiro par vantardise, il ne se sentait pas plus attirant qu'un autre, bien au contraire, mais il estimait que si la déesse appréciait tout ce qui était joli, elle appréciait donc les arts et la poésie par conséquent, aux yeux du jeune mâle, elle semblait beaucoup moins rustre que les autres divinités. Et puis... obtenir un glowstick rose embêterait aussi son frère Ieno et cette perspective des choses l'amusait déjà.

Avant de se rendre au temple, Eeno s'était préparé pour suivre le conseille que tout les adultes donnaient : Pour se rendre à l'épreuve de Moiro, il fallait se faire beau ! Si la baignade dans l'eau froide était encore supportable, le jeune brun avait mis un temps pour rendre sa touffe parfait sans aucun nœud et pour être honnête... son père Zeno l'avait aidé (en fait, le fils avait surtout servi de poupée au père qui s'était occupé de l'intégralité de l'aspect de son louveteau sans que celui-ci ne puisse râler). Eeno ne se sentait pas très à l'aise comme ça et au final, juste avant d'arriver devant la statue divine, il se passa une patte dans les cheveux pour les rendre moins parfait. De toute façon, Moiro ne jugeait pas sur l'apparence physique mais sur le cœur non ?
Finalement, Eeno se retrouva en face de la statue et déglutit sans réussir à ouvrir la gueule. Il allait commencé l'épreuve de son passage à l'âge adulte et rien que ça, ça lui filait une boule au ventre. Le jeune mâle finit par bafouiller un bonjour timide. AAAAH pourquoi il ne pouvait pas être en mode blasé de la vie sur ce coup là ? Ça arrivait jamais au bon moment, il était sûr que ça allait le prendre lorsqu'il serait plus à l'aise en plus. Si seulement ces choses pouvaient se commander.

La déesse arriva assez rapidement, c'était un stress en moins. Moiro faisait honneur à ce qu'elle représentait, elle était joli, très joli. Sa voix aurait fait tourner la tête à plus d'un loup tout comme sa légèreté de mouvement et Eeno pouvait comprendre qu'on puisse être déstabilisé devant la déesse mais pour le jeune mécheux, c'était être en présence d'une divinité qui l'intimidait plus que son apparence, il était rarement impressionner par les jolies femelles. Moiro finit par s'asseoir devant lui et lancer le début de l'épreuve, il devait la séduire. Merde, Eeno avait oublié de se renseigner sur ça et là il se retrouvait face à un problème épineux. Le jeune loup n'était pas du tout du genre à faire les jolis cœurs à tout bout de champ, il était même novice en la matière et là il devait carrément séduire une déesse, une VRAIE déesse.
Cherchant une solution, il tourna la tête sur le côté comme si elle pouvait sortir des plate-bandes. Vous ne croyez pas si bien dire, son idée vint de là. Les fleurs avaient un langage et les fleurs étaient poétiques alors les fleurs l'aideront. Eeno se dirigea donc vers les plantes sans oublier d'offrir un petit sourire timide à la déesse. Il chercha du regard celles qui correspondaient à ce qu'il voulait puis commença à cueillir une Alysson maritime, petite fleurs blanches perchées en haut d'une tige et très fréquente dans les jardins.

« Les fleurs sont silencieuses mais saviez-vous qu'elles ont beaucoup de choses à vous dire ? »

Oui la déesse le savait probablement mais c'était un numéro qu'on devait aussi souvent lui faire après tout... bref, eeno n'avait que ça sous la patte.

« Ainsi l'alysson vous dira que vous êtes la plus belle tandis que la Jasmin vous murmura que vous êtes la grâce et l’élégance. Le camélia vous le confirmera en rougissant même s'il gardera sobrement sa couleur blanche pour vous dire sans modestie que vous êtes la perfection.
Le mimosa quand à lui est plus sensible et il se rangera aux côtés du centaurée pour vous chuchoter que vous avez aussi cette délicatesse que jamais il ne faut oublier et qui s'accompagne si bien avec la pureté du bleuet.
Pour moi, je choisirais la menthe pour espérer vous laissez entrevoir la profondeur de mes sentiments et ainsi ajouté à ce bouquet l'innocente rose blanche, symbole des amours les plus purs. »

A chaque plante qu'il nommait, Eeno l'ajoutait à son bouquet, la bariolant de blanc, de jaune, d'orange, de rouge et de rose. Il se retrouvait ainsi avec un cadeau pour la déesse qu'il devait séduire, ayant fait le bouquet devant elle tout en disant tout ce que les fleurs disaient dans leur silence. Une fois cela fait, il revint vers Moiro pour lui tendre son cadeau, le faire ayant laisser s'envoler tout le stress du début.

« Les fleurs parlent beaucoup mais jamais elles ne parviendront à dire entièrement tout ce que vous êtes réellement. »