Contre le vent -Sushi-

Harmakhis avait décidé de prendre une journée pour se reposer, sentant la fatigue dans son corps. Depuis ce qui s'est passé, le bleu mangeait moins, ayant perdu l'appétit et vint avec la perte de poids ainsi que la perte d'énergie. Déjà qu'il n'était pas vite, voilà que le bleu prenait encore plus son temps, faisant penser aux gavials lorsqu'ils se déplaçaient. La perte de poids commençait à paraître malgré le fait qu'Harmakhis tentait de le cacher. Il ne le faisait pas exprès, mais la vision de sa mère adoptive qui souffrait, engueulant son frère et lui qui s'auto-mutilais. Ça l'avait marqué, mais le mâle n'en parlait pas, ne savait pas trop comment le faire.

Après une bonne marche, l'hybride s'arrêta aux falaises, se plaçant près de celle-ci afin d'admirer le ciel, les oiseaux qui volaient ainsi que les nuages qui semblait le saluer, disparaissant aussi vite qu'ils étaient apparut. Les yeux du mâle se fermèrent, ses oreilles captant le son du vent. Il écoute, silencieux, se repose des sons qu'il n'entend que trop souvent au Castel. Il endure plus qu'avant, mais il a souvent du mal et celui-ci cherche régulièrement des endroits pour être au calme. Ça lui permet d'éviter de stresser, de faire des crises. Le benjamin avait eu peur la dernière fois. L'hybride n'avait pas aimé. C'était effrayant. Harmakhis en avait fait plus que ce qu'il avait l'habitude et aurait sans doute continuer si il n'avait pas rêvé, s'il n'avait pas vu joy. ILS l'avaient sauvé en un sens.

Le jeune loup couleur de jade avait brillamment accompli les tâches du jour. Il était plutôt du genre à traînailler, trouvant toujours une occupation quelconque afin de faire passer le temps. Peinture, composition florale, pliage, il y avait toujours une activité pour susciter son intérêt d’adolescent débordant de créativité. Ce fait n’avait guère changé, même en prenant en compte les récents évènements, il s’y était montré imperméable, comme si le malheur qui avait touché la meute, avait glissé le long de son pelage fourni et lisse sans parvenir à entacher sa belle fourrure. Les apparences étaient pourtant trompeuses, car le juvénile n’était pas insensible au sort qui avait atteins le jeune Saqqarah et sa mentor.

Chance était pour le jeune loup émeraude un caractère peu stressé et peu soucieux qui lui permettait de continuer ses activités quotidiennes sans se soucier des évènements à venir. Optimiste, il se contentait de se montrer sous son meilleur jour, un ami bienveillant toujours près à prêter une épaule réconfortante ou un mouchoir à un ami dans le besoin. Chanceux était ceux qui comptaient parmi ses quelques amis, car il était un ami plutôt présent et avenant toujours à se soucier de leur bien être et à leur offrir des cadeaux afin de leur distribuer généreusement un peu de joie. Parfois, il regrettait de ne pas être en mesure de faire plus que ce qu’il avait à proposer, mais il se savait incapable de faire face au danger comme certains de ses comparses. Il était un fragile.

Les regrets ne pesaient pas bien lourd, mais ils étaient présents et leur ombre planait quelque part derrière ses sourires resplendissant qu’il continuait à offrir gracieusement à qui voulait bien les remarquer.  Libre de toute obligation, il avait laissé ses pas le guider à travers le territoire, profitant de quelques instants de répits pour se promener aux abords du littoral. Crinière au vent, il suivait un petit sentier presque à l’aveugle. Proche des sommets écrêtés des falaises, il entendre la mer frapper les rochers et le vent s’engouffrer dans les crevasses de craie.

Il marchait lentement, jusqu’à se stopper à l’approche de la silhouette d’un des membres de la meute. Il le détailla de son regard doux, penchant légèrement la tête pour mieux l’observer, lui et son profil. L’individu se tenait immobile les yeux mis clos. Quelques paroles amicales lui échappèrent :

« Tu devrais ouvrir les yeux si tu veux profiter de l’horizon »

Les oreilles du mâle frémirent en entendant le nouveau venu. Celui-ci ne réagit pas immédiatement, concentré sur le chant du vent, des plantes et de l'air. Le bleu n'entendait pas spécialement leurs paroles, mais celui-ci aimait la douceur qui s'en dégageait. Ce fut donc avec un certain regret qu'Harmakhis ouvrit les yeux, admira un instant le paysage avant de rapidement jeter un oeil à celui qui venait le déranger. C'était l'ami de son frère, Sushi qui venait de lui parler.

-Je n'ai pas besoin de regarder l'horizon pour l'apprécier. Je sais à quoi il ressemble, je l'ai déjà vu à plusieurs reprises. Je venais pour entendre le vent. Tu as remarqué comme il est calme aujourd'hui? Ça veut dire que la pluie ne viendra pas cette nuit, qu'il n'y aura pas d'orage. J'ai appris ça à force de venir ici. Tu devrais essayer.

Le disciple de Dairo se tu un moment, ses yeux se posant sur le temple, plus loin. Un frisson le prit, l'hybride n'avait pas envie d'y retourner, ça lui avait fait peur, mais il devait se montrer un peu plus courageux vu que c'est le orange qui brillait à son cou.

-Toi aussi tu viens écouter le vent ou regarder le paysage? Tu veux te reposer de la meute? Le questionna t'il, curieux.