Mon héro | Feat. Sushi

Le temps poursuivait son cours & demeurait inarrêtable. Rien ne semblait avoir changer ou presque,  jour après jour, il s’adonnait encore à la même routine, une habitude. Toujours à la même heure, il rendait visite à son ami Saqqarah. Enfin, si. Quelque chose avait changé, L’odeur de Saqqarah avait presque disparue de la crevasse lui servant d’antre. Ce changement minimum n’avait mis aucun frein au loup émeraude  qui continuait à mener à bien chaque jour son rituel. Il lui déposait une gerbe de fleurs, toujours différentes, changeant l’eau des anciennes, coupant les feuilles et les tiges fanées. C’était toujours quelques brins qu’il lui laissant. Sans pour autant se manifester à lui. À vrai dire, il n’avait demandé l’autorisation pour se quérir de  de s’occuper des fleurs. Il l’avait fait tout naturellement, partant du principe qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse tandis que le panseur en demeurait incapable.

Il n’avait pas changer le louveteau souriant qu’il était. Le jeune loup menthe demeurait peu atteins par les derniers évènements. Devait-il en être autrement ? Au fond, on pouvait dire qu’il n’avait eu que peu conscience de la mesure des évènements qui s’étaient produits au sein de sa meute. Si l’on avait pris le temps de l’interroger, il se serait contenté de hausser les épaules avant d’avouer qu’il ne savait pas ce qu’il s’était passé.

C’était une de ces journées banales. Il était parti chercher de nouvelles fleurs dans la rougelande, avant de revenir portant entre ses crocs trois énormes hibiscus rouges qu’il avait repéré au préalable. Ils avaient fallu du temps pour croître avant qu’il ne puisse s’en emparé près du jardin floral où les deux jeunes avaient tout deux piétinés un lit de fleurs. Il s’était aussi saisi d’un bol d’eau fraîche et claire qu’il tenait entre crocs. Chargé de son présent, il trottait joyeusement la queue bien haute sur son dos, il ne lui fallut que quelques foulées graciles pour franchir le camps et obliquer vers la tanière du jeune panseur.

Un fois sur place, il posa son bol en terre et laissa tomber ses fleurs doucement sur le sol de la tanière. Accroupie devant une vasque, il pencha la tête tristement en constatant que les fleurs n’avaient plus d’eau. Il faisait une chaleur ici, cela n’avait rien d’étonnant. D’un coup de patte, il se saisit de récipient qu’il versa dans la vasque. Il était méticuleux lorsqu’il s’agissait de ses fleurs – et c’était bien la seule chose envers laquelle il l’était - .

Absorbé par sa tâche, il ne perça pas la présence de l’autre loup. C’est seulement lorsque celui-ci lui effleura la fourrure que le loup vert sursauta tout en restant figé sur place. La surprise fit cogner son cœur dans sa poitrine et battre la pulsation au niveau de ses tempes. Un soupire de soulagement accompagné d’un grand sourire fit disparaître les réflexes de fuite. * Ce n’est que Saqqarah … ouf … SAQQA’ !? *.

Le visage du jeune loup s’illumina d’un mixte entre surprise et enthousiasme. Sa queue se mit à battre joyeusement la mesure.

« Tu as enfin pu sortir ? Tu ne t’es pas enfuis au moins ? » - air suspicieux, pseudo regard réprobateur pas crédible pour deux sous venant du jeune loup vert.

Il l’observait, son œil grand ouvert sur ce monde qu’il avait le sentiment de redécouvrir. Le bonheur d’être en vie gravé dans le cœur. Saqqarah remuait lentement la queue, observant Sushi, il avait rit en le voyant s’occuper de ses plantes. Il était mignon dans le fond, il avait quelque chose de tendre, et de si bienveillant que Saqqarah se sentait en paix en sa présence. Cette chaleur animale qu’il dégageait. Cela était tellement doux pour le reptilien. Il ferma les yeux un court instant, humant l’air, remplissant ses poumons avant de souffler lentement et de rouvrir l’œil. Son iris se posant sur son ami qui lui demandait s’il avait eut le droit de sortir, qui s’inquiéta de savoir si il avait fuit.

Oh si c’était une fuite il n’était pas bien loin, ni très dur à retrouver, encore plus facile à rattraper avec sa vitesse de tortue. Quoi que, une tortue, c’est peut être lent, mais ça en parcours des kilomètres… La queue de son ami s’était mise à battre avec joie, cette joie communicative qui faisait tout le charme de Sushi, il sentait bon cette odeur de mâle plein de phéromone. Saqqarah avait remarqué, très vite, qu’il était sensible aux odeurs des femelles mais aussi celle des mâles, et ça, c’était déroutant… il se sentait presque mal à l’aise à cette pensée le pauvre. Ils étaient amis tout les deux, bons amis même. Du moins, c’est ce que Saqqarah pensait, et il songeait, qu’en vu de l’état actuel des choses, cela était probablement réciproque.

« De…vine »

Articula-t-il dans un souffle étouffé, sa voix dévorée par son propre corps épuisé. Il étira un sourire amusé, peut être moqueur. Toisant son ami du regard. Il bluffait bien sûr. Il n’avait pas fuit, il avait juste eut le droit de bouger un peu parce qu’il allait mieux. Il observa les plantes, avant de contourner Sushi avec calme. Ramenant les plumes sombres que les panseurs avaient mises dans un coin. Les restes du cadeaux de Tawana… Saqqarah baissa les oreilles, il ne pouvait pas dire à Tawana qu’il l’avait cassé… Si il le devait, c’était important d’être sincère.

Mais il avait le cœur si lourd de voir son cadeau dans cet état. Il posa une patte sur son trou, avant de remonter celle-ci dans sa chevelure trop épaisse qui tombait dessus. Puis il tourna la tête vers Sushi. La tête en arrière, il observa son camarade aux cheveux verts qui était toujours si élégant et bien vêtu. Il se retourna vers lui, les oreilles un peu basse. Poussant les plumes vers son ami. Avant de chercher un tissue qu’il avait gardé dans sa tanière depuis longtemps. C’était un tissu que Ptah avait utilisé pour bandé un de ses bobos de louveteaux quand il était bébé. Il releva la truffe vers Sushi, souriant.

« Tu peux… M’aider à être… un peu plus… présentable ? »

Demanda-t-il calmement à son ami, sa voix toujours aussi étouffé par son état. Ses cordes vocales étaient probablement dans un état déplorable. Mais qu’y pouvait-il au fond ? Pas grand-chose. Il espérai que Sushi accepterait de l’aider. Il ne pouvait compter que sur lui…

Sa réponse n’était pas satisfaisante pour le jeune loup couleur émeraude qui lui répondu par une moue désapprobatrice. Les battements de queue cessèrent alors qu’il observait cette face déchirée.

Son regard s’était illuminé plein de joyeuseté, puis l’étincelle s’était étouffée, comme soufflée par un courant d’air glacial. À la vue de la face de son ami, son cœur se serra dans sa poitrine et il se mordit la lèvre. Était-ce parce qu’il n’avait été présent que tout ceci était arrivé ? N’avait-il pas été un piètre ami que de le laisser face à de tels difficultés ? S’il l’avait retrouvé plus tôt alors peut-être que tout ceci ne serait arrivé et que la face de son ami serait encore intacte. Il découvrait une chose aujourd’hui la culpabilité d’avoir pris une mauvaise décision.

« Tu sais que tu m’as fait une sacrée frousse. Il ne faut pas que des choses pareilles se reproduisent à l’avenir. Mon cœur ne le supporterai pas. »

Ce cœur qui n’avait cessé de palpiter à la découverte du corps mutilé de son ami. Ce cœur qui encore aujourd’hui se serrait sous le poids de ses responsabilités non assumées. Il le savait, il n’avait été un héro ce jour-ci, quoi qu’on en dise, il n’avait fait qu’être présent à cet endroit par le plus grand des hasard. Maintenant il était honteux d’avoir hérité de la renommée d’un autre. Honteux de n’être à l’image de ses parents un valeureux guerrier servant les intérêts de la meute, plutôt qu’un artiste voguant sans but d’un bout à l’autre des terres sans trouver une voie à emprunter.

« Bien évidement que je le peux, c’est ma spécialité. » fit-il mine d’être vexé. L’artiste savait rendre les choses plus belles, c’était bien ce qu’il s’évertuait de faire chaque jour et chaque instant de sa misérable vie. Il glissa ses oreilles en arrière pensif, l’observant toujours, passant une patte sous le menton de son ami afin de redresser sa tête. Il l’observa sans en détourner le regard, les yeux froncés, il réfléchit un moment en émettant quelques murmures pour lui-même. Tandis qu’il observait sa face défigurée, il se saisit du linge, qu’il glissa sous les cheveux du loup gris. Faisant quelques tours, il le plaça par dessus l’œil manquant et l’attacha proprement derrière la tête de celui-ci. Il ne pu s’empêcher quelques commentaires.

« Tu aurais plus choisir une bien plus belle étoffe que ce torchon, j’en ai certaines qui pourraient s’accorder à merveille avec ton pelage. »

L’œil ainsi dissimulé par le linge, le loup vert en appuie sur ses pattes arrières glissa quelques plumes dans les cheveux de son ami tout en coiffant ceux-ci de ses pattes agiles. Il ne pouvait faire grand-chose de plus pour rendre une apparence plaisante au loup gris. Il en était désolé, mais espérait que son travail saurait l’aider à surmonter la peine liée à la perte de son œil.