Ses papillons, lui tend à les oublier dans l'instantanée après toutes ces années à partager leur présence silencieuse. Son regard se pose systématiquement sur eux chaque fois qu'ils croisent son champ de vision, mouvement qui ne peut qu'attirer son attention, puis il s'en détourne ensuite en les reléguant plus loin dans son esprit. Il lui arrive encore parfois de s'absorber dans leur contemplation : leurs motifs comme leurs formes varient, ne semblent jamais être tout à fait les mêmes. Alors quand l'un d'entre eux sort du lot, naît avec une apparence unique, Grimalk lui accorde quelques minutes d'observation prononcée.
Ce n'est pas le cas aujourd'hui alors que son regard freine sur eux mais ne s'attarde pas, et c'est seulement quand Perséphone finit par les remarquer qu'il les réintègre dans le devant de son esprit. Ses pupilles cherchent le plus proche des insectes spectraux et se fixent dessus en silence, puis il tourne le museau vers la jeune louve.

— Tu peux. Mais tu ne les sentiras pas vraiment.

Tout au plus un léger voile, peut-être, mais ils sont à peine plus consistants que le vent et traverseront toute patte cherchant à les atteindre.
Lui croit parfois sentir des pattes ou des ailes effleurer ses cheveux ; mais il n'a jamais su dire avec certitude si la sensation est une création de toute pièce inventée par son esprit, ou si les illusions ont bel et bien une forme de consistance légère.
S'il a d'abord répondu à la seconde de ses questions, Grimalk n'en oublie pas la première interrogation dans sa phrase.

— Je ne peux pas choisir de les faire apparaître, mais ils me sont liés oui. Sans doute une forme de magie en moi, qui vient de ces terres et s'y est réveillée. Comme ta connection à la nature, peut-être.

Tous ces éléments ne sont qu'hypothèses, principalement en ce qui la concerne, elle dont il ne connaît les origines.
Lui sait en revanche avec certitude qu'un lointain ancêtre fut originaire de ces lieux, qu'il en connut les Dieux et leur magie. Que le simple sang peut en transmettre une partie, même loin d'ici.
À peine un instant plus tard, c'est cette fois un bref jappement de douleur qu'elle pousse et le regard de Grimalk fuse vers elle dans l'immédiat, son corps se mettant tout de suite en alerte, par habitude.
Nul danger pour autant, l'adolescente a simplement marché sur des genres... D'épines ?
Encore des restes d'animaux qu'il estime être marins là aussi - cette fois, il ne peut rien affirmer de plus. C'est une négation d'un signe de tête qu'il lui adresse, indiquant qu'il ne peut lui en dire davantage et ne saurait davantage identifier ce sur quoi elle a marché.

En revanche, le cri soudain qui fait vibrer l'air comme le sol sous leurs pattes a tôt fait de remettre tous ses sens en garde et d'hérisser son poil. D'oreilles qui pivotent et d'yeux qui sondent, Grimalk guette tout signe pouvant trahir une présence - un nouveau bruit, une ombre à travers les plantes enchevêtrées - dans la jungle qui les entoure, terrain idéal pour camoufler des dangers.
Aucun d'eux ne sait quelles créatures cet endroit recèle.

Et si le Mage, lui, sait se débrouiller et a l'expérience de faire face à une situation qui pourrait devenir dangereuse, la louve sort tout juste de l'enfance.