High Hopes — Sobieski

Pourquoi il faisait froid comme ça ? Puis à quel moment tout le monde pionçait ? Ronchon, Mozarthamès se redressa sur ses petites pattes. Le soleil ne s’était pas encore levée, pourtant le lardon souffrait d’insomnie. Pas bon ça, puis si l’une de ses mères l’apprenait, il finirait avec une étrange mixture dans le gosier. Serket-Beatriz remua faiblement en laissant échapper un gémissement. Bon sang, y’avait personne avec qui jouer ? Bien sûr le loupiot aurait pu réveiller Neït qui dormait non loin de là, à proximité de Vivaldi, mais c’était un coup à se retrouver suspendu les pattes au plafond pour l’avoir réveillé… Surtout qu’elle était pas de bonne humeur ces derniers temps alors mieux valait éviter de trop la contrarier. Puis bon, Mo’ n’était pas suicidaire non plus, il voulait jouer. Aussi, d’une démarche pataude, il enjamba le corps de sa soeur et sorti de la tanière, cherchant du regard une occupation.

Plusieurs guerriers déjà s’affairaient à diverses tâches, empilant quelques proies sur la pile de gibier, ou parlant entre eux. Les prunelles vertes du petit se posèrent sur l’une des proies empilée. Ça avait l’air bon tout ça ! Mais ses mères disaient qu’ils étaient encore trop jeune pour mastiquer de la viande. Dommage, une autre fous peut-être, soupirant, Mo’ remua sa petite queue avant de poser son petit arrière train sur le sol. Un guerrier passa à côté de lui en maugréant du fait qu’un lardon traîne. Teigneux, le gamin retroussa les babines, grand ou pas si il cherchait les ennuies celui-là il allait les trouver ! Mais le guerrier ne prit pas en compte la présence de la boule de poils, occupé par d’autres problèmes. D’ailleurs, l’attention du loupiot était captée par une autre silhouette, un peu plus grande que lui, mais pas tant que ça. Décidé à s’occuper, le gamin s’avança vers cet autre louveteau.

« — Eh toi ! Tu veux pas jouer ? On s’ennuie à mourir ici… »

Le fils de Vivaldi et Neït ne s’attendait clairement pas à une réaction pareille. Visiblement, son interlocuteur était un trouillard car il laissa échapper un couinement. C’était bizarre… Mo’ lui ne couinait que lorsque que Serket-Beatriz le mordait trop fort ou l’écrasait avec ses grosses fesses. Puis ça permettait à Vivaldi d’accourir aussitôt afin de voir si il n’avait pas de petit bobo… héhé, trop bien d’attirer l’attention des mamans !

Mourrir de… ? Hein ? C’était possible ça au moins ? Mozarthamès pencha sa tête sur le côté en réfléchissant à la question avant de se raviser. Les mots lui avaient échapper comme ça, c’était Neït qui les répétait généralement, mais jamais il n’aurait cru que cela puisse être pris au sérieux. Il était bizarre l’autre aussi à lui poser ce genre de question ! Toutefois il devrait peut-être interroger davantage  ses mères… Quoique pas sûr que la réaction soit au top, Vivaldi risquerait de paniquer légèrement et Neït ne serait peut-être pas si patiente si on lui posait ce genre de question. Sa soeur peut-être aurait la réponse, même si c’était pas en reluquant des scènes d’adultes au travers d’un buisson qu’elle aurait la possibilité de lui apporter la réponse.

« — Quoi ? Bah je pense pas… Ce serait bizarre… Tu crois que c’est possible ? »

Bon au moins le gamin au pelage étrange acceptait de jouer, cela permettrait à Mo de ne plus penser à ce genre de questions farfelues. Aplatissant son petit corps sur le sol, le loupiot toucha du bout de la patte son camarade de clan, un sourire joueur étirant ses babines. C’est qu’il avait de l’énergie à revendre le lardon !

« — C’est toi le chat !»

Aussitôt, Mo’ détala aussi vite que lui permettait sa démarche pataude, sa petite queue bien dressée.

Les grands ils avaient jamais de temps à consacrer aux lardons comme eux ! Sauf peut-être les nourrices, mais bon certains avaient tendance à prendre les louveteaux pour des idiots. C’est vrai qu’avec leur bouille d’ange, leur démarche pataude et leurs grandes questions philosophiques on pouvait se poser des questions… Mozarthamès remua sa petite queue ennuyé.

« — Mouais, mais les grands sont toujours occupés… Mes mamans ne seraient pas contentes que je vienne les déranger.»

Surtout si elles travaillaient, Neït en particulier. Vivaldi pourrait peut-être les aider si elle n’était pas trop fatiguée… Faut dire que s’occuper de deux petites bombes ça devait pas mal épuiser. L’ami du jour poussa un miaulement, prenant visiblement son rôle très au sérieux tandis que Mo’ courrait aussi vite que ses petites pattes lui permettait. Un loup qui travaillait le regarda visiblement agacé de cette agitation. Le vieux ronchon ! Le contact sur sa cuisse fit sursauter la boule de poils à la tignasse bleue qui s’arrêta en voyant son camarade de jeu prendre la fuite.

« — Rohhhh pas juste, t’es trop rapide !»

Mo’ aurait bien voulu gagner plus de temps avant de se faire attraper, mais bon ce n’était que partie remise ! Le jeune Lazulis poursuivit le mâle mauve et manqua de lui rentrer dedans lorsque ce dernier s’arrêta brusquement. Le fils de Neït atterrit donc le museau au sol, juste aux pattes du louveteau. Il avait l’air malin comme ça ! Les oreilles légèrement pointues du gamin remuèrent doucement en entendant la question.

« — Mozarthamès, mais tu peux m’appeler Mo’, je t’y autorise.» Le gamin marqua une petite pause. « Et toi ?»

C’était trop bien ! Bon ok, il faisait un peu froid et Mozarthamès avait cruellement faim, mais au moins semblait-il s’être fait un ami de son âge. Si c’était pas génial ça ! Serket-Beatriz serait jalouse à tous les coups, mais c’était pour toutes les fois où elle avait filé en douce sans même l’inviter, alors que lui devait subir les toilettes de Vivaldi. Le louveteau haussa un sourcil en entendant les surnoms de son nouveau camarade de jeu. Bibi ? C’était pas un peu trop familier ça ? En plus Neït avait déjà utilisé ce mot lorsqu’elle s’était énervée d’une de leur énième bêtise. Non, Bibi c’était clairement pas possible pour le bleu, mais en même temps, rien ne lui venait pour le coup. Bah, il finirait bien par trouver !

« — Bibi ? C’est trop bizarre comme surnom, où est-ce que tu es allé chercher ça ? Tu sais quoi, je vais t’appeler Obi, y’a un personnage trop classe dans une histoire il s’appelle Obi-Wan… mais je me rappelle plus du nom… »

Ouais, Obi ça déchirait grave, mais bon si son nouveau camarade n’aimait pas, il s’adapterait ! Bon c’est pas que le sol n’était pas confortable… ah bah si en fait. Le louveteau se redressa sans avoir subit trop dégâts. Son nouveau camarade de jeu semblait vraiment culpabilisé. Ça donné des idées à Mo’ dont les babines venaient de s’étirer en sourire particulièrement amusé.

« — D’accord ! Tu as un gage alors !»

Mais attention, il fallait réfléchir au gage suprême, drôle et ps trop compliqué. Hum… ÇA Y EST ! L’idée venait de fuser dans son esprit. Héhé, le petit Sobieski n’était pas au bout de ses surprises. Les yeux de Mozarthamès brillaient d’excitation, tandis que sa tête était redressée fièrement. Ouais, comme ça ils seraient quittes tous les deux.

« — Je sais ! Tu vas faire la danse du poulet en chantant la chanson la plus ridicule que tu connaisses ! Et attention, je veux que ça soit grandiose ! (è_è)»

La boule de poils à la tignasse bleue était mine de rien plutôt content que son surnom plaise à son nouveau camarade de jeu. Mozarthamès remua sa petite queue de loupiot en observant la réaction du louveteau en entendant le gage. Héhé, c’est que c’était plutôt pas mal pour un premier gage, non ? En tout cas, lui en était plutôt fier de sa connerie, Sobieski semblait également plutôt emballé. Le fils de Neït gloussa doucement en imaginant la scène qui allait suivre. Les loups qui travaillaient  autour d’eux ne risquaient pas d'être déçus du voyage…

Mo’ dû mettre ses deux pattes sur sa gueule pour étouffer sa crise de fou rire en voyant le mâle aux teintes pâles imiter un poulet tout en chantant une chanson des plus ridicule. Certains adultes s’arrêtèrent pour regarder la scène visiblement agacés ou alors sous le choc. Le loupiot aux teintes marrons quant-a lui était sur le dos, ses quatre petites pattes en l’air tellement la scène l’avait fait rire. D’ailleurs, il aurait probablement bien du mal à se calmer…

« — C’est…. C’était… trop… trop drôle !»

On aurait dit que le gamin venait de faire autre chose que de consommer des légumes. En tout cas, cette scène resterait à jamais gravé dans sa mémoire. En lançant ce gage, le gamin ne s’était pas attendu à ce qu’il soit pris au sérieux… ou aussi bien exécuté. Au bout de quelques minutes de fou rire, le loupiot finit par se relever, des petites larmes de joies aux coins de ses yeux. Un large sourire venait étirer ses babines.

« — C’était parfait ! Absolument incroyable surtout quand tu as…» Mo’ senti sa crise de fou rire remonter et se mordit l’intérieur de la joue pour se calmer. Bon fallait mieux éviter de revenir sur les détails… « Tu veux jouer à quoi maintenant Obi ?»

Ouais parce qu’ils n’allaient pas s’arrêter en si bon chemin, seul un de leurs parent serait en mesure de les stopper maintenant qu’ils étaient lancés…