Into the unknown ❊ Sobieski

J'ai suivi ta trace, Eva.

Je m'inquiète pour toi, tu sais ? Tu n'es pas rentré, hier soir. Ni ce matin. Et ce n'est pas dans tes habitudes. Je crois.
J'ai longtemps guetté ta silhouette dans le ciel, en fixant celui-ci jusqu'à ce que le soleil m'en empêche, mais je ne t'ai jamais aperçue... Nous aurions du nous voir, nous croiser. Au moins une fois.
C'est pour ça, oui, que je m'inquiète, et que je me suis mis en route. J'ai pensé que l'oiseau migrateur en toi rêvait peut-être d'une autre terre, mais cette idée me passa rapidement : nous étions amis, tu me l'aurais dis, si tu comptais ne plus revenir, hein ?

Eva...

T'était-il arrivé quelque chose ?
Etais-tu blessé ?

J'emporte avec moi une sacoche de plantes médicinales et de bandages, au cas où de soin je devrais donner. De mémoire, tu étais parti vers le nord. Vers les terres froides. Tes ailes avaient peut-être congelées ?! ...Je pense à prendre une couverture, avec moi. Je laisse un mot, pour ma sœur, pour ne pas qu'elle s'inquiète, pour lui dire où je vais.
Et j'y vais. Je pars dans cette aventure, avec cet objectif précis. Sans doute le premier que je me fixe, de toute mon existence...

Je veux te retrouver. J'irais jusqu'au bout de cette quête.

...Sur les terres gelées, cette couverture prise pour toi finit tout de même sur mes épaules. Moi au pelage inexistant, j'ai si froid ! Mes coussinets se gèlent dans la neige, mon corps n'est pas adapté. J'ai froid. Tellement froid.
Mais je continue, à marcher. Le blanc est éclatant.
C'est joli...
Mes lunettes s'embuent, m'obligeant à les retirer pour les accrocher à mon collier. Je ne vois plus très bien. Flou.
Mais cette baisse de vision ne m'empêche pas de te percevoir, loup noir..!
Tu brilles un peu, dans cette étendue blanche.
Alors je m'approche, comme un papillon face à une source de lumière. Je te parle en claquant les dents, en remontant un peu plus la couverture sur mes épaules, ne sortant que mon museau pour t'aborder.

« E-eh, toi, d-dis, tu... »

Et puis, je la sens, l'odeur de Eva. Tu la portes.
Tu as une de ses plumes.
Et un bracelet doré, aussi.
Mon cœur se fige.

« M-MAIS C'EST A EVA C-CA !! »

Brusquement, je semble alors t'oublier. Car si seul reste ces traces là d'Eva... C'est elle fait emporter dans la neige ?!
Je tourne la tête, vivement.
Et je le vois.
Le sang.

Sang.

Livide je deviens, alors que je lutte pour garder mes esprits.

[Dé Réussite END : Sobi' lutte contre sa phobie du sang pour ne pas tomber dans les pommes.]

Inspire, expire.
Je vais survivre, allez. Ce n'est que quelques gouttes de sang.
Juste...
Quelques gouttes...

Alors que mes iris se déportent, que mon estomac tangue au bord de mes lèvres, que mon coeur palpite et menace l'arrêt total... Un éclair de lucidité m'empêche de tomber dans les pommes.
Je devais tenir.
Pour Eva.
Elle avait disparu, et peut-être avait-elle besoin de moi... Peut-être avait-elle besoin de nous.
Car tu t'exclames. Et dans ta voix, je le sais : tu la connaissais, toi aussi. Et toi aussi, tu penses qu'elle a disparu. Tu penses aussi qu'elle n'est pas morte.

Ça me rassure, qu'on me dise ça.
Même si je n'avais pas (encore) envisagé au pire, malgré ce coup de stress qui avait manqué de me rendre poids mort auprès de toi. Tu aurais pu m'en vouloir, si je t'avais perturbé dans ta quête en venant m'écrouler à tes pattes ! Car ça aurait été laissé tombé Eva, au profit de mon cas qui n'aurait dû être à gérer. Mais ne t'inquiète pas, euh...Etelkru ! Je tiendrais bon !

« O-oui, à l'abri ! »

Tu penses à tout, loup que je rencontre mais qui prend déjà maintes initiatives pour nous deux. Je te suis, portant sur ma tête le bonnet que tu m'as donné et qui me tient chaud. Il ne m'empêche pas de frissonner, un peu, mais c'est moins pire qu'avant.
Tu es gentil, loup. Je comprends pourquoi tu semblais être un ami de Eva, toi aussi.
Eva ne pouvait être entouré que de gens biens.
Je grelotte, claque un peu des dents. A chacun de mes pas, de nouveaux mots sortent de ma gueule : tu comprendras rapidement que je suis un bavard.

« Comment tu t'appelles ? Moi, c'est Bibi. ...T-tu connais d'où Eva, c'est ton amie à ton aussi ? A moi, c'est aussi ma mentor, on est tous les deux Nakhus, et OH- »

Je me stoppe brusquement, dans ton dos. Et je m'exclame, les yeux plissés face à la lumière que dégage, soudain, l'accessoire de notre connaissance commune.

« REGARDE ! Comme ça brille, tout d'un coup !! ...Qu'est-ce qu'il se passe !! »

Je m'en approche alors, posant sur le bracelet une patte, pour voir si la lumière n'aurait pas aussi fait varier sa température. Mais il était de la même froideur qu'avant...
C'était tout de même chose curieuse, non ? Bien trop curieuse pour que je ne me questionne à son sujet, remontant vers toi mes yeux clairs en te questionnant à ce sujet.

[ 1 lancé ING - Sobieski tente de comprendre ce qu'il se passe avec le bracelet, en le touchant et en incitant Starset à en faire de même ]

Tu étais donc un Etelkru. Tu avais rencontrée mon amie, Eva, un jour où tu avais eu besoin d'aide, et elle avait su te tendre la patte... Ça me fait sourire, comme si cela n'était qu'une évidence. Car Eva était bonne, son cœur était grand ! Elle était une membre digne des Nakhus. Altruiste et bienveillante.

« Oh. Ça ne m'étonne pas, venant d'elle... C'est une si bonne amie. »

Notre désir commun qu'était celui de la retrouver ne pouvait que devenir plus légitime encore... Nous devions faire équipe, en loup un peu perdu, sans doute trop gentil, qu'Eva avait su aider ! Par ses mots, par sa présence.

C'est fou, comme elle me manquait déjà.
Comme je me refusais à la perdre.

Je te jette un coup d’œil, te regarde faire. Toi qui touche la plume, et qui semblait voir ton attention menée ailleurs. Je fronce un peu les soucils, surpris... Et tente d'en faire de même. Sur le bracelet, toujours.
Tu semblais avoir été pris d'une épiphanie !

« E-Eh Starset, tu as vu quelque chose toi..? »

Et moi... Verrais-je quelque chose ?

[ 1 lancé ING - Sobieski tente toujours de comprendre ]

Je le vis, moi aussi. Ou plutôt le ressenti, comprenant presque les mêmes choses que toi. Les odeurs de chez toi et de chez moi, la terre, le froid humide... Comme celui du matin au réveil, comme celui qui subsistait même en journée et la soirée encore. Le froid humide des terres Nakhus.

« Je...La même chose que toi ! »

Je ne pouvais t'apporter autre chose que cette réponse, bien qu'inutile. Et alors, de me dire pourquoi Eva se trouverait là, au cimetière. J'ai peur, un peu, que cette vision soit annonciatrice de quelque chose de mauvais. L'odeur de la terre retournée et d'un enterrement que je n'espérais pas, du plus profond de mon cœur.
Mais je chasse cette idée.
Positif.
Il fallait rester positif.

« Oui, on en a un !! Je crois qu'il faut qu'on s'y rende, allons-y tout de suite !! Ce n'est pas si loin que ça... Argh, mais dépêchons nous quand même d'y aller, si Eva s'y trouve nous devons la retrouver vite ! »

Revissant sur ma tête le bonnet que tu m'avais prêté, je m'élançais donc vers le cimetière, t'incitant à me suivre.
On allait la retrouver, notre Eva.

Maintenant.

[ Sobieski emmène Starset au cimetière ]