Malade d'esprit et de coeur [Libre]

Brisé

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

La perle ocre se balançait à son écharpe, comme un fardeau soudainement trop lourd pour lui. D'un mouvement lent, il la caressa du bout de la griffe, stoppant son mouvement pendulaire. Et pourtant, lorsqu'il relâcha la pression, la bille revint en mouvement, perpétuel, hypnotisant son œil et son être.
Blessé dans son orgueil plus que dans son corps, il avait fui, à regret, le marbre rafraichissant du temple, pour voguer dans les méandres de son esprit et des terres Nahkus. Un endroit qui se voulait emplit de sagesse, de mystère. De réflexion. C'était pourtant la tête et le cœur emplit de confusion et de doute qu'il avait été amené ici. Brisé. Les côtes enfoncées. Les épaules tranchées. Plus proche de la mort que de la vie. Et pourtant, quel souffle avait-il reprit lorsqu'ils les avaient vus. Eux. Ceux qu'il osait nommer "ami". La fratrie emplie d'espoir et d’exubérantes étoiles. Sobi et Noci.

Il soupira.
Quel idiot faisait il.
Lui qui voulait sauver le monde, voila qu'il fuyait à sa rencontre. A leur rencontre. Lui qui voulait unir les meutes et les dieux. Il ployait l'échine sous la montagne et les paroles de Yurai, sous les regards coupables et moqueurs des meutes. Lui qui voulait aider sa famille. Et qui la délaissait aux prix de son propre sang. Lui. Qui était incapable de se soigner. De tout simplement, survivre, à sa propre maladresse. Mais que pouvait il bien faire ? Il était faible. Il était idiot. Il était incapable. Fragile. Un enfant perdu dans son esprit, entrainant son corps d'adulte dans la spirale du déni. Rien. Voila bien tout ce dont il était envisageable en son nom. Rien.

Alors, il avait trouvé, au détour de ses réflexions, ce labyrinthe. Ce dédales de boyaux et de cul-de-sac, de gorges et de fourmillements tentaculaires. Perdu, comme lui. Confus. Comme lui. Il hésitait pourtant à y pénétrer. Y trouver des réponses était possible. Mais y perdre temps et énergie l'était tout autant. Devait il se torturer entre ses murs plutôt qu'entre ceux du temple ?

Il grimaça.
Car il n'était certain que d'une chose : les regards et les murmures se tairaient dans les brumes opaques. Alors, d'une inspiration profonde, il pénétra le dédale grotesque, à la recherche de sa raison d'être. Et d'une réponse, un dessein, pour ses propres envies.

Brisé

★ Yersine
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L'air frais s'engouffra en ses poumons, glaçant sa gorge encore chaude des mets offerts par les Nahkus, fouettant son visage de cette si commune bourrasque. Il n'y avait que peu de monde dehors, ou tout du moins, en ces plaines désolées. Les rares personnes qu'il avait croisé ne s'était guère souciées de lui, se comportant comme chacun avait toujours fait en son égard : avec beaucoup d'ignorance. Mais qu'importe. Ne serait-ce que par habitude, il ne s'était que peu préoccupé d'eux. Les sons de leur quotidien s'étaient rapidement atténués dans les couloirs du labyrinthe, jusqu’à ne devenir plus qu'un âpre silence, comme une bulle, un cocon, formé tout autour de lui. Un cocon, oui. C'était ce qui ressemblait le plus au domaine de la Corneille. Un nid douillet aux airs innocents de ceux ne connaissant pas la guerre et qui, pourtant, se jumelait avec la misère et la faim, le dur labeur et la douleur de l'effort, ignorant tout du grand Monde et de leurs malheurs, trop occupé à la connaissance de leur propre cercle d'intimité. Savaient ils au moins ce qui frappait les Lazulis ? Entendaient-ils les cris de guerre des Etlkrus ? Sentaient-ils la marée montante et le sel des pirates s'échouer sur leurs rivages ?

Et, en cet instant, tout ceci semblait bien loin, comme inexistant. Il n'y avait que la délicieuse fraîcheur d'un nouveau jour, de la viande fraiche dans sa bouche, des mésanges picorant le chemin et des biches s'éveillant paisiblement dans les pâtures de rosée. Le chant des oiseaux et le rire des enfants se pressant dans leurs jeux, parfois un aboiement d'un adulte rieur, lointain. L'herbe humide et sa vapeur douçâtre. La forêt grinçante. Les collines. La rivière. Le calme. Juste le calme.
Et un vague sentiment de vacuité.

Mais qu'importe. Il n'était, malheureusement, pas en vacances, si vacances les solitaires avaient. D'un mouvement de tête, il remit ses pensées en ordre, dirigeant son regard vers le couloir à sa droite, descendant les escaliers, encore sous la bruine matinale. La pénombre l’accueillit mollement tandis qu'il entamait sa marche, laissant ses yeux roy errer sur les branches de sapins, les pierres moussues ou encore le vol gracieux d'une buse en chasse. De-ci de-là, on pouvait entendre le soubresaut des lapins encore terrés, des chats sauvages dans les hautes branches, des gouttes tombant des feuilles de quelques plantes inconnues. Mais rien d'étranger. Rien d'anormal. Et encore moins de suspect, prémices d'une échauffourée. Était-ce sa propre présence qui étonnait ainsi son instinct barbare et méfiant, ou bien cette ombre maligne qui semblait serpenter sur le sol chaotique, suivant de près, de beaucoup trop près, le louvard aux relents nécrotiques ? Il ne savait pas, et, pour tout dire, s'en fichait pas mal.

L'exploration, ce n'était pas son truc.
Mais avait-il seulement un truc ?

D'aussi loin qui lui semblait, rien n'avait vraiment scié son esprit, enfant comme adulte. Etait-ce parce qu'il avait vécu dans la peur du Jolitemps ? Qu'il ne s'était que terré dans l'horreur à chaque ombre virevoltante ? La fuite avait été son salut, et pourtant, il le savait, il était loin d'être le plus agile, le plus endurant, le plus rapide. Alors quoi. Voila qu'il n'avait aucun don, si ce n'est celui de s'attirer des ennuis ?

Le vent se leva dans les bruines matinales, découvrant un peu du ciel et de ses étoiles tardives, de sa rosée sur les branches de l'aubépine. La pluie légère vint frapper son museau, glissant telle une caresse sur son visage. Une odeur. Une sensation. Le matin qui se levait dans l'automne déjà bien installée. Les arbres qui apportaient leur dernière odeur à ce monde avant de s'éteindre comme le soleil et sa chaleur. Et lui, pourtant, qui ne craignait pas le froid. Là, lové entre ses pattes. Contre son flanc.

Une odeur d'arbre, de sève. De vie.
Contre le sein maternel.

Il ferma les yeux un bref instant, inspirant profondément ce souvenir, ce sentiment de déja-vu. Il se voyait, là, boule de poil dont les yeux brillaient encore de l'innocence. Sa mère lui léchant la joue entachée de lait. Comme les caresses de cette pluie, si froide dans l'hiver tombant et pourtant si chaleureuse. Comme si tout son corps s'était mit a combattre. A bruler de l'intérieur.

Il rouvrit sa pupille sur l'aube naissante.
Comment avait-il pu l'oublier ? Sa propre mère. Ses propres parents. Cet amour qui lui avait donné vie. Qui lui avait donné force. Etait-ce ça, son plus grand pouvoir ? Aimer ? Aimer au point d'aider jusqu’à s'en briser les os. Jusqu’à la dernière goutte de sang ? De ce sang qu'il avait hait pour son manque cruel de pouvoir, de don, lui, pourtant héritier d'une ancienne lignée de ces terres. Lignée magique, ailée, aux puissants pouvoirs, liée à Ao et Mido. Liée à l'intelligence et à la détermination.

D'une inspiration, il continua sa traversée, le pas plus pressé que jamais, à en arracher ses plaies à peine cicatrisées. Comment avait-il put oublier. Comment avait-il osé renier ce qu'il était ? C'était pourtant ça, en son sens, qui faisait de lui qui il était. Un nécromant. Oh, sans pouvoir, certes. Mais il était persuadé que, a l'instar de ses ancêtres, il ne lui manquait que l'appuie d'un céleste. D'un dieu. Il ne lui manquait qu'un glowstick.

Mais il avait cette perle. Sans grand pouvoir. Mais avec toute la clémence et l'attention de Yurai. Avec l'espoir d'un divin.

Il devait réussir.
Pour lui.
Pour eux.
Pour Yurai.

Et surtout. Pour sa lignée.
Pour ceux qu'il avait oublié.
Pour qu'aucun ne soit plus jamais souvenir.

Leur futur était désormais si épais que la brume l'entourant n'était plus qu'un linceul.
Un linceul suintant le désespoir. Et l'incompréhension. Comment se pouvait-il que la guerre frappe à leur porte ? Que les lances et les flèches s'ancrent dans leur mur. Que le sang abonde sur leur sol. Et que les cadavres choient dans leur eau. Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux. Ces mots résonnèrent un bref instant dans ses pensées, tandis qu'il quittait les allées sinistrées pour s'enfoncer de plus belle par delà les marches. Benjamin Franklin, un tant soi peu qu'il est un homonyme lupin ici-bas, n'était pas plus proche de la vérité que lui-même le semblait. Il y avait là tant de cafards, tant d'immondes brebis galeuses, que la foire aux monstres n'aurait pu les contenir. Ce peuple, cet infâme amas de chair et de vie qui grouillait comme des pustules sur ce sol, quémandant des réponses, le scrutant, la jaugeant, n'était pas digne de son dessein.

Et pourtant.
Pourtant. Il se devait de le protéger. De s'en faire un allié, un porte-parole, une chimère de sa grandiloquence. De son étendard, insufflant ce qui se paradait comme la justice et la force, se rallieraient les faibles et les éclopés, les lâches et les stupides, cette myriade de couleurs et de sang, de races et de traditions, tous scandant son nom comme l'apogée même de la déification parfaite. Avant que d'amers vents ne les emporte, cendres et os de sa haine, pions de son jeu de trahison. Ralliés et abattus comme les moutons qu'ils étaient, s'amenant d'eux même sous le joug de la tempête par les ouïe dires des fanatiques.

Il devait les rallier.
Et dans les ténèbres, les unir.

Il n'était pas Nécromant. Il n'était pas Destructeur.
Il était Sauveur.

Brisé

★ Yersine
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Les marches le menèrent bien plus loin encore, et pourtant, il lui semblait que le ciel était plus proche que jamais. Un ciel, qui, il y a encore quelques instants, s'éclairaient de l'aube, prenant de ces couleurs miel et de rose dégoulinant leurs sucres sur le monde, le baignant dans l'immonde sainteté de la renaissance du Soleil. Et pourtant. Pourtant il semblait si sombre. Si vide. Pas une étoile. Pas un nuage. Juste cette voûte de noir et geai, ronronnant sous ses pas, tandis qu'il descendait, l'approchant de plus belle. Une sensation de légèreté le prit, lui, le loup désormais seul face à ce spectacle où la Gravité n'était plus. La résonance n'aurait fait qu'outrer les divins, mais en cet instant, il s'en contrefichait. Il lui semblait faire un avec ce vide, le nez levé sur ce voile obscur et pourtant si clair à ses yeux.

Il manqua de glisser quand la dernière marche n'en fut pas une, retombant lourdement sur le sol rocheux, nu de végétation et de sons. Il n'y avait plus de vent. Plus d'odeurs. Juste lui. Lui et ce couloir, long, fin, menant dans de plus obscurs recoins. Avec pour seul spectateur les cieux de l'outre monde, il marcha sans hésitation dans le dédale perdu dans le temps, ne cessant de jeter un oeil à la fois inquiet et soupirant sur le céleste nappage qui vibrait, serpentait, comme un être vivant, à chacun de ses pas.

Oui. C'était un bien étrange lieu.
Et pourtant, Yersine s'y sentait bien.

Brisé

★ Yersine
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Le couloir s'étira, encore et encore. Comme une boucle infini. Le perdant dans le temps.
Et du temps, il en passa bien plus que ses pas le désiraient.

La faim.

Ce sentiment charnel, cette sensation sifflante ; vrombissant parmi les entrailles, éructant les muscles d'une faiblesse tremblante, secouant de spasmes l'esprit de sa victime de lourdeur et de fatigue, embrumant sa vue, sa logique, jusqu'à ce que le noir ne l'abatte de ses serres, dans la torpeur décadente de l'agonie. La faim. Comme un doux soupir, un ronronnement léonine, qui se meut en un grondement, un roulement de tonnerre. La faim. Messagère des pires angoisses et des scandales ruraux. Chanteuse des morts, poussant les corps à s'entre-dévorer dans une vague mélopée folle, obnubilant les uns, terrassant les autres.
Si Famine avait été une tout autre réincarnation, elle aurait été une déesse. Éternelle. Puissante. Intransigeante. Frappant de sa colère les pauvres déments, fis des âges et des genres, des races et des valeurs. Juste. Probablement l'était-elle. On ne pouvait la tromper, se jouer d'elle ou la corrompre. Elle était ce que tous auraient du être dans ce bas monde. Constante. Magnifique. Saillant sur les courbes cassées de la pouliche, creusant son ventre en de parfaites côtes, grinçant sur son visage rongé par la fatigue, teintant sa robe de cernes, de désarroi. D'envie.

Car dans la fraîcheur qui se voulait matin paré de nocturnes papillons, se pavanaient les odeurs, délicieuses, envoutantes, des proies passées. Les uns après les autres, les  couloirs à peine éclairées par les lampes huileuses, dévoilaient leurs senteurs, attirant corbeaux et rats, renégats et pauvres laissés-pour-compte au ventre creux, salivant dans les caniveaux à la recherche d'une miette, d'un os, à grignoter. Un papier un peu gras aurait suffi à leur plaisir tant la douleur prenait aux tripes ; mais il n'y avait à sucer que des cailloux dans cette ville sombre aux relents d'insalubrité. Poubelles délaissées. Arbres dévastés, stériles. Le Labyrinthe, dans ses plus terribles et anciennes entrailles, avait perdu sa gloire d'antan, n'affichant plus que ses hauts murs et ses armes comme menaces, oubliant les rumeurs et les colères pittoresques du bas peuple. Et c'était tout son royaume qui semblait crier famine.

Ou bien n'était-ce que les rats et les corbeaux ; la vermine et les nuisibles, qui scandaient d'une même voix que ce monde n'était plus qu'une large plaisanterie. Que leurs ancêtres avaient connus les déchets riches, les corps bombés par l'appétence. Que les cadavres eux-même avaient la décence de se putréfier, avant de n'en laisser que les os. Qu'il y avait eu, un jour, l'abondance, repoussant d'un cuissot bien juteux la famine et la pestilence.
Et maintenant.

Maintenant, les squelettes semblaient s'être simplement recouvert de fourrure ou de plumes, à la recherche de quelques morceaux bien en chair pour parfaire leur camouflage. En vain. Car les gens avaient tendance à oublier les autres. La panse pleine, l'esprit embrumé par la digestion, du haut de leur chaise et de leurs couverts, ils ne pouvaient voir ceux dans l'ombre de leur serviette. Les plus faibles, les plus pauvres. Tout cela n'était que vent, qu'une idée, une excuse pour mendier. Les plus forts survivaient. Les plus faibles mourraient. Ainsi allait la vie dans les terres sauvages de PunkWolf, l'automne et l'hiver se riant d'eux comme l'on se rit des malheureux de la rue. Si tu avais eu la malchance d'être né pauvre, tu n'avais que peu de chance de t'en sortir. Si tu étais riche, tu n'avais que peu de chance de t'en sortir. Si tu étais, de base, vivant, il y aurait, un jour ou l'autre, quelque chose pour te tomber dessus et te faire la peau sur la simple base que, bordel, la vie était parfois une sacrée salope.

La preuve en était.
Il pleuvait.

Oh, pas la bruine matinale qui l'avait éveillé à des sens, a des convictions refoulées ou inconnues. Non. Une belle drache. Celle qui décorne les taureaux, qui abat les arbres et les maisons, qui hurlent dans les grottes et tambourinent de tonnerre. Celle qui prend, celle qui arrache. Celle qui te glace et te pénètre jusqu'aux os, se mêlent a ton sang et refile une chiasse phénoménale.

Alors Yersine fuit, courant comme un beau diable au travers de ce couloir sans fin.
Et sans faim, il y était.

Trempé, apeuré, affamé. Le temps avait eu raison de lui. Et pourtant, les cieux étaient toujours sans nuages. Sans étoiles. Comme un plafond. Rien pour se repérer. Pour se dire qu'il avançait. Ou qu'il reculait. Non. Rien. Il était un hamster dans sa roue à fuir, ou tout du moins, essayer de fuir, la bave du gamin trop con pour le contemplait en graillant son biscuit.
Bordel, ce monde ne tournait pas comme il aurait fallut. Etait-ce de la magie ? De la sorcellerie ? On une illusion, un jeu de l'esprit ?

Il heurta quelque chose.
Un pan de mur, de ce qu'il voyait entre ses cheveux plaqués sur son visage, ruisselant. A sa droite, un énième couloir. A sa gauche, un escalier. Tout semblait lui dire de faire demi-tour. De fuir. De revenir près des Nahkus et de leurs chaleurs enivrantes. Tout. Sauf cette petite voix intérieure. Celle qui te dicte quoi faire, au chaud dans son lit, se massant le cul parce qu'elle est mal installée, et est, de toute façon, bien méritante de sa souffrance, au vu du nombre de rp qu'elle poste d'un coup, a en maltraité sa co déjà fragile. Oui. Cette voix qui écrit tes choix, tes actions, qui devient tienne quand tu t'exprimes. Celle qui te pousse à prendre l'escalier.
A t'enfoncer un peu plus dans les ténèbres.

Il glissa sur les premières marches, dégringolant comme la pire des branques qu'il était jusqu'au bas du sol. Enfin, si l'on pouvait nommer ça "sol". Car pour toute réception, il eut le nez plongé dans l'eau et la boue. Se relevant, il étudiant, non sans mépris, la salle circulaire qui s'offrait à lui -et à la pluie qui semblait le suivre même aux tréfonds de la Terre-. Il semblait s'agir d'un petit lac, ou étang, de quelques centimètres seulement de profondeur. La conne que je suis aurait dit un pédiluve, mais l'aspect anarchique et naturelle de la chose offrait plutôt une ancienne source d'une eau si cristalline que le reflet du loup ne parvenait pas à s'y imposer. En fait, à bien y regarder, la pluie elle même ne semblait pas s'y écraser. Elle était simplement absorbée. Comme une fusion des deux eaux.

Un ciel vide.
Une pluie sans nuages.
Une eau sans contenance.

Où donc était-il ?
Illusion ou méandres de son esprit ? Il ne savait pas. Etait-ce un tour de Yurai ou bien juste un manque flagrant d'inspi par un hasard un peu trop commun ?

Il s'assit, sans un bruit, sans même avoir la sensation de toucher de l'eau. Hormis le fait d'être déjà trempé, c'était tout simplement comme si l'eau s'était poussée de ses fesses, le contournant, le frôlant à peine. Il ne lui restait donc plus qu'à inspecter les environs. A chercher une solution. Un abri, si tant est que la pluie ne s'abrite avec lui. Un couloir, un escalier, qu'importe. Quelque chose qui, au final, pouvait le ramener vers ceux qui comptaient.

Brisé

★ Yersine
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Yersine 7/7
Plante 10/10

Parce que visiblement, tout, dans sa vie était prétexte à se faire déboiter. Petit déjà, un œil arraché par une folle. Puis la survie, seul, sans clan ni famille, dans la terreur. L'attaque d'une etelkrus. La revanche sur le tyran aux fleurs. La chute dans les montagnes. Et maintenant, ça.

Sérieusement.

L'eau sembla craquer. Quelque chose vibra. Et des tréfonds de la pierre, écartant le lac comme Pesti écarte ta mère, un titan de vert et de feuilles s'éleva, s'écrasant contre le plafond rocheux, sursautant, se tordant comme un serpent monstrueux. Avant de tourner ce qui semblait servir de tête vers Yersine. Oh, il avait déjà entendu parler de ses monstres végétaux, de cette invasion à en faire frémir les plus écolo. Mais jamais, grand jamais, il ne pensait se retrouver face à l'un des derniers de son espèce.

La plante ne bougea pas.
Lui non plus.
Chacun se dardant de peur.
Le géant de nature face à l'insecte qui avait dévoré les siens.

Il se chargerait d'en faire l'inverse.

Sa gueule, véritable piège à mouche, s'ouvrit sur des dents effilées, longues, telles les barreaux d'une prison, tandis que grouillait au fond de sa gorge un liquide dorée, miel d'acide qui sentait bon la mort et le danger.

Mais il ne bougea pas.
Paralysé. Le loup ne bougea pas.

Alors c'est elle qui fonça sur lui.

Brisé

★ Yersine
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Yersine 7/7
Plante 10/10

La tige serpenta, sifflant dans les airs, avant d'écraser ses dents à l'endroit où Yersine se trouvait. Enfin, où Yersine se trouvait il y a encore quelques secondes. Car vif et rapide, l'animal avait attendu le dernier moment pour bondir, se retrouvant désormais sur la tête, ou mâchoire supérieure, il ne savait pas trop, du monstre.
Bon ok, réfléchis deux secondes. C'est une plante. Ça aime l'eau et le soleil. Pas le feu. Ni l'ombre. Et ça tombe parfaitement bien, car ils étaient dans une grotte. Peut être lui faire tomber une stalactite sur la tronche. Ou bien pisser à sa base, histoire de la tuer ?

Il n'eut pas le temps de réfléchir plus, la plante se soulevant brusquement. Tel un taureau en furie, elle ondula, se secouant, tournoyant, tandis que le pauvre loup s'accrochait de ses griffes et de ses crocs à la verdure. Et cela ne faisait qu'enrager de plus belle la plante. Incapable de se débarrasser de ce moucheron, elle ouvrit sa gueule, sifflant, gargouillant de bulles informes sa salive mortelle.

Et puis, elle fila droit le plafond, crâne contre paroi, pour le briser, l'écraser.
Le réduire en bouillie avant que son acide ne le fasse.

Brisé

★ Yersine
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Yersine 7/7
Plante 9/10

Le plafond de roche ne faisait que se rapprocher de plus en plus, réduisant l'espace entre lui et le loup. Mais aussi la plante. Peut être que s'il parvenait à sauter à temps, il éviterait non seulement l'écrasement, mais parviendrait aussi à blesser la plante en la laissant s'éclater comme un petit pois. Le seul réel soucis dans ce "plan", c'était la hauteur. Bordel, qu'elle montait vite.

Mais il n'eut pas plus de temps pour chercher un moyen de descendre en sécurité. D'un regard, il comprit que le plafond n'était qu'à une seconde, ou moins, de son dos. Des ses os. De sa chair. Et lui, de sa mort.
D'un bond, il chevaucha la tige, pour glisser le long à s'en chauffer la virilité. Ce ne fut qu'en milieu de course qu'il entendit le craquement de la pierre contre le plante, faisant se recroqueviller la tige comme un accordéon ou un serpent blessé. Il fut forcer de descendre plus top que prévu, mais la distance le séparant de l'eau était désormais suffisante pour qu'il retombe, tel un chat, avec agilité sur le sol.

Eh bien alors ? Pas très maligne pour un pissenlit.
Yersine n'était pas prêt à le dévorer par la racine. En tout cas, pas de cette manière.

Car profitant de la confusion et de la distance qui le séparait de cette gueule béante, il chercha à mordre la base, à en décrocher les racines. Juste assez pour l'énerver, qu'elle fonce de nouveau sur le sol pour s'en éclater la tronche.

Brisé

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Yersine 7/7
Plante 7/10

Ses dents se plantèrent dans sa chair juteuse comme s'il croquait un haricot. Croustillant. Frais. Un peu amer. Mais libérant un liquide qu'il aurait presque put considérer comme savoureux si le rugissement ne l'empêchait pas de profiter de sa prise. Car, de toute évidence, le dit haricot magique n'avait pas apprécié la morsure. Son grondement, tel un lion sifflant, fit frémir le loup. D'un bond, se préparant à la contre-attaque, il relâcha sa prise, grognant à son tour sur la gueule béante dépourvu d’œil.

Ouais, ça aussi, c'était un mystère.
Comment cette saloperie pouvait-elle le voir ? Viser ? Elle n'avait pas d'yeux, pas d'oreilles. Juste une immense bouche remplit de dents un peu trop longues et fines pour découper ou mordre, mais juste comme il fallait pour retenir. Elle devait avoir un autre organe. Comme les vibrisses d'un chat, ou la langue effilée d'un serpent. Quelque chose qui, visiblement, lui permet de détecter le mouvement et les zones d'ombres et de lumière. Un photosenseur ? C'était étrange. Mais possible.

Du coin de l’œil, il vit quelque chose ramper, se recroqueviller, comme un immense anaconda, avant de se lever et de chercher à s'abattre sur lui. Bordel. La chose pouvait donc mouvoir des lianes comme des mains, pour fouetter l'air, le sol et son corps.

Et elle avait décidé qu'a défaut de plonger sur lui, répétant la même erreur sur le sol, elle l'écraserai de ses propres membres.

Brisé

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Yersine 7/7
Plante 6/10

La liane se souleva, roulant sur elle même, se dépliant comme un immense tentacule, kraken des forêts. Et d'un accoue rapide, cinglant, il vint percuter le sol, soulevant l'eau intangible en de fines gouttelettes qui restèrent en suspension dans les airs. Il venait de sauter, toutes pattes dépliées, comme un chat apeuré, esquivant de peu le fouet. Ok bon, c'était passé de peu. Il fallait qu'il se concentre non pas sur la gueule, mais sur tout le corps. Cette plante était une véritable prouesse de la nature, arme de survie et d'ingéniosité. Enfin, à la base. Car il ne fallait pas se mentir. Elle était tout de même bien conne. Et pourtant, à peine fut il sur terre qu'un énième lasso chercha à l'encercler, comme si elle venait de comprendre que l'agilité du loup était un véritable danger pour elle.

Mais là encore, telle la savonnette qu'il incarnait, Yersine s'y échappa.
Et toutes les autres tentatives furent de même, si bien que la plante relança ses fouets pour cingler sol, matraquer son corps, écraser son esprit dans un torrent de violence et de colère. Mais pas une fois elle ne le toucha. Pas une fois elle ne tenta d'approcher sa gueule.
Tout du moins, jusqu'à ce qu'il se place juste aux cotés d'une stalacmite, et que, dans sa fureur aveugle, elle ne lance un membre contre lui. Juste assez fort pour qu'il s’empale sur le piège rocheux du loup.

C'en était trop.
Elle allait le dévorer. Le piéger dans sa gueule. Le dissoudre. Entendre ses hurlements quand l'acide lui rongerait poil et peau, muscles et tendons, jusqu'a ce qu'il ne reste plus qu'un squelette qu'elle réduirait alors en poussière. Oui. Elle allait le broyait.
Le tuer.

Et lui, n'aurait plus que pour seule solution de continuer de danser en priant les dieux qu'il ne se fatigue pas trop vite.

Brisé

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Yersine 7/7
Plante 4/10

Bon les gars en vrai. Ça commençait bien. Des attaques violentes. Des esquives et contre attaque. Un peu de chance sur la lutte. Et puis ça. Oh dites.
Et a vrai dire, lui non plus ne savait pas trop ce qu'il s'était passé. Ni elle. Une sorte de confusion générale, suivit d'un long silence gêné. Un blanc de surprise, d'incompréhension. Puis de réconfort, d'un regard. Allez, c'est pas grave, on a tout deux foirés, faisons comme si les dernières secondes de notre vie n'avaient pas existé. Car les lianes, furieuses, avaient martelées le sol, éclatant rochers après rochers, à en faire trembler la grotte toute entière. Et donc le plafond.
Le séisme provoqué avait fait trébucher Yersine, qui avait roulé boulé dans son élan un peu plus loin, se ramassant comme il pouvait, désorienté. Et quand il avait levé les yeux, ce ne fut que pour entrevoir le plafond s'écroulant dans un grondement viscéral, écrasant la plante et ses germes démoniaques.

Il y eut un petit temps de pause.
Un silence, dans lequel le panache de poussière s’élevait avec grâce dans les airs, avant de retomber, mollement, sur les restes de la plante. Pas un mouvement. Pas un bruit. Rien. Juste ce spectacle déconcertant du titan écrasé, molesté par sa propre force, nature qui l'avait engendré et fait périr.

Le mâle soupira. Soulagé. Épuisé.
Et la plante, lentement, se releva des gravats.
D'abord confuse, des morceaux de sa tige manquants, ses membres coupés nets par la force de l'impact. Puis, colérique. Envers le ciel, désormais découvert et noir de nuit, la laissant incapable de réaliser sa photosynthèse. Car elle en aurait eut besoin.

Mais même ça, le monde ne lui autorisait pas.
Elle devait disparaitre.
Et Yersine allait tout faire pour que le vœux de Gaïa se réalise.

Brisé

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Yersine 7/7
Plante 4/10

Mais le sol, jonché de cailloux et autres gravats, relique d'une grotte désormais à ciel ouvert, l'empêchèrent de mener à bien sa mission. Ses pattes, déjà fragilisées par l'intense danse qu'il avait exécuté pour échapper à la violence des coups, se dérobèrent au premier contact, l'obligeant à se rattraper dans sa course avant de la stopper. Merde. Il lui fallait vraiment de l'endurance ou un entrainement intensif pour apprendre à lever les pattes lorsqu'il marche ou courre. Quoiqu'il en soit, si lui était exténué, non seulement de ce combat mais aussi de sa longue marche affamée dans les dédales illusoires de Yurai, la plante, elle, était dans un état bien piètre.

Pourtant, ce n'est pas ça qui l'empêcha de chercher encore des noises au loup. Décidément, pas franchement intelligent ce pissenlit. Etait-ce ses racines, sa prise au sol, qui l'empêchait ainsi de fuir ? De s'enfoncer dans les méandres de la terre pour ne plus jamais revenir ? Ou attendait-elle le retour du petit jour, de la fin de cette illusion, de ce cauchemar, pour enfin souffler et reprendre des forces ?

Yersine ne savait pas trop.
Mais une chose était sûre. La gueule béante de la bestiole fonçait droit vers lui, nonobstant les précédentes erreurs.

Allez gamin, tu peux le faire.

Brisé

★ Yersine
★ Mâle, Solitaire.
★ Aucun Glowstick.

Yersine 7/7
Plante 4/10

Ses pattes frémirent, comme parcourues par l'instinct de survie. Ou était-ce la peur ? D'un bond, il fila à droite, esquivant le végétal comme si de rien n'était, le laissant onduler un peu plus loin. Tout son corps était animé par les noires pulsations de sa colère, à peine bridées par la fatigue et l'état général de ce que l'on pouvait nommer corps. Oui. Le combat touchait à sa fin. Oh, il lui restait encore quelques soubre sauts de vie, quelque chose qui l'animait dans la haine et la fureur de toutes vies animales. Mais pas assez pour se concentrer sur un objectif bien plus essentiel : survivre.

Yersine, lui, n'avait que ça en tête. Et depuis bien longtemps.
Survivre. Fuir. Esquiver. Éventuellement contre-attaquer. Mais avant tout, rester en vie. Sain et sauf. Enfin, de manière générale. Car les aléas de sa maladresse et les tourments de dame Nature n'avaient que faire de son agilité. Il était tombé d'une montagne lui qui, actuellement, mettait à mal un titan de fleurs et de feuilles.

La tige tendue de la plante, déjà écorchée, sembla se ramasser sur elle-même. Elle préparait une nouvelle attaque. D'un frémissement, le loup détendit ses muscles amochés pour bondir sur les derniers phloèmes encore suintant de sève, cherchant à les arracher. Ou tout simplement à provoquer encore plus de colère chez son adversaire. A le pousser dans ses retranchements. Dans ses propres attaques. A l'aveugler. A le piéger.

Car ce n'était pas de sa force innée qu'il pouvait tirer parti d'un combat.
Uniquement de sa chance.
Et de son incroyable pouvoir de savon ambulant.