Vallée des murmures — Eveil d'Horus

Eva vit un flash blanc, ferma les yeux une demi seconde et sentit comme un choc électrique parcourir son corps, herissant des poils et lui chatouillant le museau. Et, les yeux toujours fermés, elle sentit que les courants avaient changé. L'air n'était plus parcouru de ces courants absurdes, elle n'était plus ballotté à droite, a gauche, ou pire : vers le sol. Sa première pensée fut pour le loup noir : elle ouvrit les yeux et le chercha frénétiquement, apeurée.

S' etait-il... écrasé au sol ? L'idée même la tortura le temps qu'elle mit a la chasser. Non. Nulle tâche sur le sol, nul hurlement, nul corps projeté vers le gazon : ou qu'il soit, il n'était pas arrivé au même endroit qu'elle. Alors qu'elle touchait le sol, Eva regretta instantanément sa présence torturée mais rassurante.

Puis elle comprit où elle avait atterri. Comme si ses demandes avaient été exaucees. Le loup beige, devant la Bête noire.

Mais la bête disparaissant à moitié dans un portail qui menait...

La voix de Clou et de Volstein, le premier qu'elle connaît de nom et le second qui avait accueilli Eva a bras ouverts dans cette meute qu'elle cherissait. Le monde normal ! Une brèche était ouverte ! Et, devant elle, le jeune qu'elle ne connaissait pas et qui se jetait éperdument vers elle. Trebuchait, les yeux fous, tombait. Se relevait, remotive mais les cris de ces loups qu'il semblait connaître, de retournait pour attaquer La Bête, faisant montre dans sa situation d'un courage formidable.

En le voyant agir, en voyant le monstre, considérant la situation, une idée fulgurante traversa l'esprit d'Eva.

Cette idée la fit trembler légèrement. Mais, devant elle, la queue de Chatouille chassait l'air, cherchant à blesser.

Le loup esquiva.

Pour combien de temps encore ?

L' idée qu'elle avait lui herissait le poil, la repugnait, lui donnait envie de vomir . Elle fit quelques pas.

Être ouverts à discussion ne vous dispense pas de savoir combattre.

Les mots de Joaquin resonnaient dans son esprit, en écho à tout ce qu'il se passait devant ses yeux. Eva serra sa mâchoire. Elle puisa le regard mordore du loup couleur terre de sienne, dans le souvenir des yeux injectés de sang du Chatouille et de la terreur qu'il lui inspirait, elle puisa dans les souvenirs qu'elle avait créé avec tous les autres Nakhus, avec cette meute, cette famille.

Qu'elle souhaitait protéger.

Sagesse serait aussi prepararse a ça.

Elle força son corps a bouger, et se jeta en avant, se jeta dans la scene, commenca a faire partie de cette apocalypse qui se deroulait sous ses yeux.

Il fallait les sauver.

Tous. Tout ceux qu'elle avait vu, dans ses visions. Tout ceux qui étaient la. Tout ceux que les Bêtes avaient emmené. Elle ouvrit la gueule et rugit, espérant que tous, et pas que le loup beige, l'entendraient.

Il faut l'empêcher de bouger ! Il faut le clouer entre les deux mondes, exactement comme il est !

Elle serra les dents, chassant son malaise et prononça cette phrase qui la rebutait tant mais que la situation, selon elle, exigeait.

Si on réussit à l'immobiliser ici,  on devrait pouvoir creuser un trou à l'intérieur, passer par son estomac, et ressortir de sa gueule dans son poitrail. Un tunnel entre les mondes.

L' idée était d'une violence inouïe. Et elle n'était pas sûre qu'elle allait marcher, mais si c'était le cas, tout le monde pourrait revenir. Le jeu en valait la chandelle. La vie du monstre, sacrifice a leur survie, était nécessaire.

Eva saisit une lance de bois mort qu'elle avait repéré à proximité de la scène, et repera l'un des membres du monstre. Elle attendit quelques secondes, visant, refusant de rater cette première touche.

Et elle bondit, le plus haut possible, replongeant sur la jambe qu'elle visait, tenta de plonger le plus profondément possible la branche dans la patte et le sol, pour immobiliser un peu plus la Bête.

Pour leur survie.

Sa gueule pissait le sang, abimée par le bois, et ses yeux crachaient des larmes.

( 1 PC force +1 en bonus pour ce tour = 2 Dés Attaque )

< Horus ; 9 PVs

The Thing ; 26 Pvs

C'était comme un miracle de recevoir soudain de l'aide ici bas, dans ce monde mauvais et effrayant. La louve ailée n'hésita pas longtemps avant de le rejoindre vers la Bête. Horus n'avait pas vraiment le temps de l'observer en détail et son esprit était tout tourné vers ce Monstre que son mentor et d'autres parvenaient à coincer en travers de sa porte inter-dimensionnelle. Il se demanda s'il pouvait passer lui aussi par ce trou dans l'espace et rentrer à la maison. Afin de vérifier sa théorie, il attrapa un caillou, plutôt petit, une sorte de galet pointu en fait, qu'il lança de toute ses forces restantes vers là où aurait dû se trouver la tête de la Chose. Un peu maladroit, évidemment, son jet ne parvint pas assez haut, toutefois il toucha l'arrière du cou de la bête. A défaut de vérifier son idée, au moins, il esquinta cette peau molle et trop souple pour être naturelle. Il entendit ensuite la voix de la louve bicolore et écouta sa proposition. Si l'idée l'horrifia au souvenir de cette gueule béante et des crocs prêt a le déchiqueter, il devait admettre que ce n'était pas bête du tout !

« Eeeehw... Il va falloir l’éventrer alors ! »

Profitant que le Monstre soit bloqué dans ses mouvements par leurs congénères dans le vrai monde et que la louve-oiseau empalait l'une des pattes arrières restées de leur côté, Horus se jeta une nouvelle fois sous son ventre, avec la ferme idée d'ouvrir cet abdomen trop large à la peau rose et caoutchouteuse. Ne plus être tout seul ici lui rendit définitivement la volonté de se battre et de trouver la hargne à le faire. Nul doute, finalement, que ses parents pourraient être fiers s'ils le voyaient maintenant ! Le jeune loup bondit contre le ventre mou et froid de la bestiole et y planta griffes et crocs, rejetant la nausée qu'il le prit à ce contact.

Horus ; 9 PVs
The Thing ; 22 Pvs

Le sifflement lui tira un frémissement, agita son corps, créant un spasme incontrôlable dans ses muscles, qui hochèrent le pieu de bois, pour l'enfoncer encore plus, si possible, dans le sol. Le sang giclait, celui du monstre mais aussi celui d'Eva qui forçait sur sa mâchoire qui n'était pas habituée à mâcher autre chose que de la viande fraiche. Mais elle s'escrima, tâchant d'ancrer le plus possible le bout de bois dans le sol. Ses yeux brillaient, animés d'une rage certaine.

Une rage.

Eva.

Eva avait les yeux qui brillaient autant de larmes que de rage. Elle secoua la tête, encore, autant pour libérer sa vision que pour blesser le monstre. Elle vit, la main qui se saisissait du loup crème et le rejetait au loin, avec la ferme intention de blesser. Elle vit la queue se diriger vers elle telle un fouet de chair et de poils.

Elle bondit.

Un coup d'aile, un mouvement souple, et voilà qu'elle se retrouvait juste au dessus de l'appendice qui avait tenté de l'attaquer. Eva se laissa simplement tomber comme une pierre, la clouant au sol, mordant violemment la base de cette queue si contre-nature.

Et les yeux d'Eva, toujours, gouttaient régulièrement, la détresse dans son esprit envahissant ses sens et la poussant à arrêter. Arrêter de blesser, arrêter de martyriser cet être.

Si la créature ne criait, si la créature ne semblait pas ressentir la douleur, elle saignait, elle réagissait, ça ne lui plaisait pas, et la seule chose qui permettait à Eva de ne pas perdre pied était le souvenir de ces yeux injectés de sang. Le souvenir de la bête qui l'observait. Sa tête qui disparaissait vers l'autre monde, en quête de nouvelles proies.

Vraiment ?

Ces mains qui, curieuses, s'étaient saisies de son corps, sans la blesser, pour la manger certes, mais en était-elle morte ? Ces mains qui n'avaient abimé aucune de ses plumes, ces mains

froides et luisantes

désagréables

Plus que l'odeur de chien mouillé du loup qui sort de l'eau ?

Les doutes, malgré tout, la parcouraient.

Elle avait peur, elle était terrifiée, mais devait-elle vraiment blesser ? Ne pouvaient-ils pas juste. Sortir ? Disparaître, rentrer ?

Dans sa gueule, le gout du sang était cuivré et amer, un gout de sel, un gout de larme, de dépit et de frustration.

Pourquoi ?

< Horus ; 6 PVs

The Thing ; 19 Pvs

Le jeune loup ne vie pas arriver le coup. Il sentit l'impact contre ses côtes, puis la sensation d'écrasement en étant attrapé et enfin la chute libre d'être rejeté brutalement. Il roula plus loin, sonné mais bien vivant et, miraculeusement entier. Il ne s'était pas attendu à ce que la Bête puisse user de ses postérieures de la même manière que de ses mains aux trop longs doigts crochus... Un mal de crâne vint réveiller sa conscience choquée. La pulsation douloureuse à ses tempes le fit grincer des crocs. Horus se releva tant bien que mal, testa son équilibre à peine entaché par la patte foulée et observa la situation de sa nouvelle position : un peu plus loin, avec un peu plus de recul et dans une vue d'ensemble plus... large. Il vit la louve ailée esquiver avec brio et rendre l'agression à l'horrible Bête fulminante. Alors il revint à la charge aussi, parce qu'ils étaient maintenant une équipe, quand bien même il ne connaissait même pas son nom à cette alliée impromptue mais bienvenue. Et aussi parce que là-haut, dehors de cet endroit cauchemardesque, Clou s'échinait à le sauver. Le jeune mâle beige avait tellement plus de respect pour son mentor que pour lui-même que l'idée même de rendre fier ce dernier lui donnait plus de motivation que de devoir survivre pour lui-même. Et puis, il y avait aussi maintenant la vie de cette femelle Nakhu qui dépendait désormais autant de ses actions que lui dépendait d'elle. Dans un grognement fier de guerrier en pleine charge, l'apprenti Croquemort se jeta vaillamment son la patte qui l'avait agressée et s'y agrippa griffes et dents avec une nouvelle énergie. Peut-être que le vertige qui le prenait l'aidait à occulter la souffrance dans son flanc, d'où ce regain de force... Ou peut-être bien que l'esprit pouvait ordonner n'importe quoi à l'organisme quand on y croyait assez fort...

Horus ; 6 PVs
The Thing ; 17 Pvs

[TL;DR : Eva donne sa perle à Horus et tente d'entraver la Bête]

Elle recula d'un pas, libérant la queue mutilée de la Bête, pour jeter un coup d'oeil aux environs. Son coeur rata un battement, alors qu'elle reconnaissait deux louveteaux de la meute, sa meute, ainsi que Daez, qui venaient d'arriver. Et la petite, Kerguelen, de se jeter sur le monstre avec la ferme intention de le. Purifier ? Autant elle aimait sa déesse et ce qu'elle représentait, autant compter uniquement sur elle en une telle situation lui semblait absurde - élevée à la dure, indépendante et habituée à laver seule son linge sale, Eva ne vit qu'une chose dans son geste : sa proximité avec la Bête et l'aisance avec laquelle cette dernière pourrait lui arracher la tête.

Et son regard tomba sur la perle. Elle oublia une fraction de secondes ce qu'il se passait autour d'elle, tout le reste. Parce que la perle dégageait tout ce qu'il manquait dans l'Upside Down, tout ce qui rappelait la vraie vie, une vie qui lui semblait si lointaine maintenant qu'elle était là, dans ce monde rouge, dans ce monde mauvais et où elle, où les loups n'avaient rien à faire. Elle posa la patte sur la perle.

Elle était chaude, et douce, et lui donnait envie de pleurer son monde perdu. Elle chassa les larmes de ses yeux et au prix d'un effort sur-lupin, de tout le courage qui l'habitait, elle jeta la perle vers le loup crème qui se trouvait non loin de là.

Elle n'avait pas besoin de la perle.

Elle était forte.

Le loup beige en avait plus besoin qu'elle.

Petit loup, trouve moi une utilité à cette perle !

Elle devait se le persuader, mais c'était difficile, la douceur et la chaleur de la perle étaient tellement apaisantes ! Lorsqu'elle roula hors de ses pattes, vers Horus, elle sentit comme une vague de froid lui transpercer les os. Son poil s'ébouriffa. Alors, seulement, elle se tourna vers la petite Kerguelen, et d'un coup d'aile se posa au dessus d'elle, une patte de chaque côté de son corps gris, sa ramure largement étendue autour de leurs deux corps minces et tendus. Son poil bouffait, sa longue queue blanche flottait derrière elles, ses oreilles étaient pointées en avant, vers la Bête, et tout son corps tremblait. Elle se tenait prête, prête à tout, prête à enlever la petite des griffes du monstre, prête à entraver les coups de la Chose-

Entraver

Ils devaient l'entraver, c'était pourtant l'idée première, pourquoi ne s'y remettait-elle pas ? Mais devait-elle quitter la promiscuité de la louvette grise, pour mettre son plan à exécution ? Elle plissa les yeux, son sang et le sang de la Bête gouttant de sa gueule sur le sol, manquant tâcher le corps de la petite.

Kerguelen, tu devrais rejoindre les autres.

Comment lui expliquer qu'elle était trop jeune, trop petite, trop brave pour son propre bien et qu'elle avait le droit d'être protégée ? Mais ça n'était pas un ordre pour autant, Eva n'avait jamais été directive et même en cette situation se le refusait. Si la petite se mettait en danger, elle ferait tout pour la sauver, mais tant qu'elle en réchappait elle avait le droit de faire ce qu'elle souhaitait.

Alors, Eva recula de quelques pas, et saisit une ronce, de celles qui gangrènent par milliers les arbres de la vallée des murmures, pourrissent, tombent, et se retrouvent au gré des animaux et des intempéries à joncher le sol, partout. Les épines lui écorchèrent le museau, là où le bois avait déjà fait naître le sang, mais elle ne semblait pas s'en rendre compte.

Et, elle fila, agile, rapide, tentant de ligoter les pattes et la queue de la Bête ensemble, l'empêcher de faire du mal, l'empêcher de bouger, et sans la blesser plus que de mesure, rendre ses mouvements inutiles. C'était une tâche délicate, Eva devant passer entre les pattes de la Chose, plusieurs fois, chatouillant le ventre nu du bout de ses oreilles, s'emberlificotant dans le corps de son adversaire.

[4 dés AGI pour ligoter la bête avec des ronces]

< Horus ; 6 PVs

The Thing ; 17 Pvs

Il avait cette impression que le Monstre qui les avait gobés faiblissait. Peut-être par leurs efforts combinés avec ceux d'en haut ? Peut-être parce qu'il n'avait pas l'habitude de se faire mordre le derrière en étant coincé à moitié dans les deux mondes ? Peu importait, la bravoure et la volonté d'Horus le galvanisait. Enfin surtout de voir du monde autour, de n'être plus seul face à cette meute horrible et puis entendre les voix provenant du cimetière où on se battait encore pour eux sans faiblir... Lui non plus ne devait pas cesser ses efforts. Alors quand la Nakhu ailée lui envoya une perle, aussi belle et merveilleuse qu'un ciel d'été réchauffant le pelage, aussi tendre et douce qu'une mère étreignant son petit, aussi... Le jeune mâle rejeta ces sensations qui lui faisait prendre conscience que peut-être plus jamais il n'aurait le droit au sourire de sa mère où à la patte affectueuse de son frère sur son épaule, ou encore... Il gronda avec détermination et renvoya la bille lumineuse vers les deux gamines éloignées parce qu'il avait remarqué que l'une d'elle, la grise, en avait déjà une dans les pattes un peu plus tôt.

« Petite, tu sais comment utiliser ça ! Sers-t-en ! Sors nous de là ! »

Puis il se lança une nouvelle fois contre la Chose avec un reguain d'énergie offert par le contact bienveillant de cette boule lumineuse et rassurante. Il ne laissa pas la peur et l'angoisse de ne jamais pouvoir rentrer lui brouiller les sens encore une fois. Il devait, lui aussi, être fort. Des vies dépendait maintenant de ses actes, notamment celles de deux enfants...

( 1 PC FOR - Attaque Critique o/ )

Horus ; 6 PVs
The Thing ; 12 Pvs