Quand l'enfance s'enfuit ○ Clou'

Ajani - 5PV

Il avait trouvé la force de se hisser plus solidement sur ses pattes pour écouter cet appel, et fit lui aussi irruption dans le Cimetière, le bandeau de Daez rapidement attaché autour de l'un de ses antérieurs. S'il se doutait qu'il y trouverait Volstein et Hannah les pistes qu'il avait suivies laissant peu de doute, en revanche il ne s'attendait pas à voir une véritable bataille. Le couple dirigeant des Nakhus se trouvait là, ainsi qu'une jeune membre de leur clan, Crystal. Il y avait aussi un loup massif au poil court, vêtu d'une cape, une louve Etelkru, ainsi qu'un autre jeune au pelage gris, et au milieu de tout ça... La Créature. Le lion blanc ne put s'empêcher d'avoir un instant d'hésitation, alors que la douleur de ses côtes se rappelait férocement à lui. La Chose qui, un moment auparavant, l'avait écrasé entre ses doigts difformes pour le briser, avant d'avaler sans autre forme de procès les petites qu'il gardait. La vision d'un cauchemar, qui se répétait.

Mais cette fois-ci, elle ne paraissait pas dans la plus grande des formes ni dans la meilleure des situations. Tous les présents s'acharnaient sur lui, le maintenaient attaché avec des cordes, coincé dans une ouverture qui paraissait sortir de nulle-part. Pourtant, il comprit aussitôt de quoi il s'agissait. Une porte vers Ailleurs. Vers l'endroit où avait été emprisonnés Gloria, Kerguelen et Daez. Il ignorait si c'était le bandeau accroché à sa patte ou cette espèce de connexion qu'il ressentait qui le lui faisait affirmer, mais il en était certain. Et cela, après la vague de terreur, lui donna soudaine une piqûre d'adrénaline. Le Monstre avait ouverte une porte, et les autres s'efforçaient de la maintenir ouverte tout en leur neutralisant. C'était le moment d'intervenir, d'essayer de rattraper son erreur. Le regard d'Hannah et la déception douloureuse qu'il y avait lue dansaient devant ses yeux.
Il n'avait pas le choix, il devait faire quelque-chose.

Avec un cri de rage, il s'élança de toute sa force pour aider Volstein. Sa silhouette massive vint s'écraser contre ces mâchoires immenses, avec la ferme intention de briser quelque-chose. Des os, des crocs, peut-être même bloquer lui-même leur fermeture quitte à y laisser une partie de sa peau. Si Volstein s'attaquait aux alentours de cette bouche immonde, lui se jetait directement dessus sans hésitation, visant ces dents, visant les mâchoires, visant tout ce qu'il pourrait griffer morder, n'importe quoi pourvu que ce monstre finisse par vaciller.

"GLORIA ! KERGUELEN ! Tenez bon ! Nous allons vous sortir de là !" Hurla-t-il de tout son souffle.

Anette ne suivait plus rien, tant de loups se liaient et arrivaient sur la scène. Une vraie pagaille ! Elle s'accrocha aux seuls repères qui lui restaient ; son père et Lymphalème. Elle secoua la tête, impressionnée, quand le loup gris enfonça avec violence cet outil de gravure. Du génie ! Il faudrait qu'elle pense à le remercier après tout cela.

Mais le temps pressait malgré tout, et elle savait qu'elle devait assister pour bloquer définitivement cette laide créature. Celle qui avait attaqué son père, et qui au vu des paroles des loups arrivants ; pris d'autres vies. Elle ne l'enfoncerait peut-être pas aussi bien, aussi loin que son camarade, mais cela n'importait pas. Briller n'était pas l'objectif.

Permettre aux autres de sortir et annihiler cette créature l'était.

[13 PV - 3 FOR - 2 END - 1 AGI - 1 ING ]
Dé 1 sous FOR, imiter Lymphalème et planter un outil de gravure pour l'empêcher de bouger.

- - -

Tant de choses s'accéléraient et lui aussi se sentait perdu. Dans l'au-delà, lui en pauvre connecté, compris que d'autres jeunes s'étaient joints à la louve ailée et Horus. Leurs noms retentissaient, cela en appelait à Yurai, aux pères, aux mères. Il serrales dents et accompagna son comparse blanc pour aider à ce que Chatouille ne ronge pas les cordes.

Il tira sur ces mêmes poils noirs, dégoûtants dans sa bouche, pour ne pas que cette choses à mains dégueulasses s'en sorte. Pas si facilement. Il en avait toujours à revendre, il était fait pour être endurant, même arrivé à son âge. Pépé ferait de la résistance, toujours.

[6 PV - 3 END - 2 FOR ]
Dé 2 sous END, imiter Volstein et par conséquent aider Ajani à arrache les crocs.

Une faille.

Eva était toute occupée à faire un filet-mignon du Chatouille, esquivant à grand peine et à un cheveux près les grosses pattes et la queue de la Bête furieuse. Les ronces saignaient plus encore sa gueule meurtrie, ses pattes foulant le sol, ses sursauts encouragés de ses battements d'aile pour amplifier ses mouvements - assez, pour maintenir la bête. Elle lâcha l'ensemble, lorsque son regard, son corps, son être se hérissa en captant toutes les émotions positives qui se déversaient de la faille.

Elle se figea. Cette faille symbolisait tout ce pour quoi ils se battaient. Une lumière blanche, dans cet univers vermeil. Un voile carmin, qui se levait, se déchirait pour laisser voir enfin cette lueur incandescente si parfaite, si douce, si

Si attendue

Recherchée

Un frisson parcourut le corps d'Eva. Deux sentiments se battaient en elle, à armes égales.

Le soulagement ; ils ne seraient pas obligé de vider un Chatouille pour retourner au monde véritable, et cette idée lui apportait un baume au coeur inestimable. La pensée de ramper au travers des intestins et du corps encore chaud et pulsant de la Bête la révulsait.

La honte ; aussi. Avaient-ils vraiment eu besoin de s'acharner sur cette pauvre bête ? Avait-ce été nécessaire, s'il était possible de créer des failles ? Le doute la tenaillait, et même poser le regard sur les louveteaux et louvards qui l'entouraient ne parvenait pas à les dissiper. Ce goût cuivré, sombre, plus prenant que celui des proies qu'elle avait l'habitude de chassait, était-il nécessaire ? Le souvenir des yeux fixés sur elle ne chassait pas ce sentiment désagréable.

Non pas qu'elle aurait changé la moindre de ses actions au sein de l'Upside Down, au sein de ce monde sombre et effrayant qui ne voulait pas d'eux. Dix fois, elle aurait attaqué la Bête, dix fois elle aurait plongé à la suite du loup noir dans le glitch, dix fois elle aurait saisi le pieu ou les ronces pour l'enfoncer dans le corps vigoureux du Monstre.

Mais elle était loin d'en être fière.

Mais ça n'était pas fini.

Eva puisa dans ses dernières forces, l'adrénaline refluant dans son corps à la vue de cet espoir promis, et se propulsa vers ses compagnons.

Tout le monde dehors, vite !

Dehors, là bas, chez nous. Attentive, Eva pousse du bout du museau Horus, qui est de l'autre côté de la bête, le pressant de désengager le combat, puis Kerguelen, pourtant si proche, Gloria si hâtive de sortir et démonstrative en contradiction avec son détachement habituel, Daez, plus loin, qu'Eva interpelle pour l'encourager à s'approcher du monstre - de la faille.

Daez, viens ! S'il te plait...

La peur transparaît dans sa voix, le ton est pressant. Hâtons nous !

Elle ne prend pas la faille, pas encore, attendant que l'ensemble des loups la traverse.

Post de Daez au besoin :

Horus ;


Sa première impulsion était bien sûr de vouloir bondir dans ce trou de lumière qui l'appelait, outre les voix et les images qui lui parvenaient de la faille, les sensations de chaleur et de réconfort de son chez-lui envahissaient l'espace proche de la porte entre ces deux mondes. Il n'avait même pas vraiment eu besoin de poser ses prunelles vert d'eau dessus pour savoir que la maison était soudainement proche, que son mentor était là. Tout de suite après cependant, s'opposant à l'instinct de survie de base du jeune loup, vinrent se lier son besoin d'aider et sa volonté de soulager les autres en un ordre martial que son cerveau diffusa à tout son corps d'une vague ravageuse : il y avait des des plus jeunes à protéger, il y avait une compagne de bataille à soutenir, il y avait un loup tétanisé qui avait besoin d'un coup de patte. Au même instant, il sentit la truffe de la louve ailée le pousser gentiment, comme un rappel que le temps pressait. Alors d'un accord tacite il se place face à elle et encourage les deux jeunes louves à se sauver, les aide au besoin ou si elle le demande, en leur donnant l'impulsion nécessaire pour grimper et franchir ce portail pour retourner chez eux. Chez eux. Horus n'avait qu'une envie, suivre, mais il restait l'autre loup, celui qu'il n'avait vu qu'au dernier moment et qu'il ne pouvait abandonner ici, et puis il y avait la femelle noire et blanche ressemblante à une pie. Elle connaissait l'autre loup et s'adressa à lui. Alors, une fois assuré que les deux gamines ai rejoint le vrai monde, là où les voix de leurs proches les interpellaient, il s'adressa à la louve-oiseau comme à une amie de toujours.

« Je t'attend juste de l'autre côté. Je vous attends. »

Se battre contre un monstre, contre un ennemi commun, ça créait des liens. Un espèce de tissage de frères guerriers sur les champs de bataille. Une confiance forcée placée dans l'autre, qui ne disparaît plus une fois la crise passée. Alors il reviendrait les chercher, s'ils ne se montraient pas assez vite, c'était une promesse qui brillait dans son regard clair. Horus avait perdu les vestiges de son innocence dans ce monde fou aux tons grenats et cendreux, à la végétation molle et écoeurante, aux habitants démoniaques et violents, mais il avait gagné en contrepartie cette bravoure qu'il cherchait temps pour impressionner les siens, et surtout un sens du devoir et de l'abnégation plus poussé que celui qu'il entretenait déjà. Il n'était plus un jeune adulte qui devait s'en sortir, il était un loup qui se devait d'être certain que les autres s'en sortaient avant d'enfin se permettre de penser à lui. Alors finalement, il revint même d'un pas en travers de la faille pour vérifier qu'Eva et son ami puisse suivre de prêt. Malgré la présence de Clou dans les pattes duquel il voulait se jeter afin de goûter définitivement à ce soulagement mérité. Malgré la voix de Crystal qu'il reconnaissait et dont soudain il s’inquiétait qu’elle n'ai eu a subir les coups de ce monstre. Il voulait être partout à la fois et s'assurer que tous le monde allait bien. Il en avait oublier ses ecchymoses, ses crampes, ses chutes, son entorse. Rien d'autre ne comptait plus que de voir tous le monde rentrer chez lui.

Alors Horus attendit, le corps au cimetière, et le museau dans la faille, fixé sur Eva. Presque au bout de ses peines, presque à la maison. Mais pas sans son équipière.

Daez était resté en retrait, observant ses camarades se battre. Le combat était-il vraiment réponse à tout ? Il en doutait. En cette chose affreuse, il voyait un être vivant incompris. Ils n'avaient sans doute pas le même langage, et si ce qu'eux prenaient pour des hostilités étaient en fait ... des actes amicaux ? Son regard était posé sur la bête qui était à présent au sol.
Il l'avait vu, l'orbe offert par Kerguelen. Il l'avait regardée sans comprendre, essayant de lire quelque chose dans son regard. Elle lui avait semblé déçue, comme si elle espérait qu'il se rattraperait. Daez ne comprenait pas.
Qu'avait-il fait ? Il se secoua rapidement la tête afin de chasser les pensées nocives qui commençaient à l'envahir. Cependant, alors qu'il approchait ses pattes de l'orbe, il aperçut Volstein de l'autre côté, ainsi qu'Ajani. Qui était le reste ? Il ne le savait pas. D'ici il pensait reconnaître le fossoyeur, en revanche, le reste lui était totalement inconnu. Ses oreilles se collèrent à son crâne. Il devait faire quelque chose. Peut-être que l'orbe serait utile dans cette situation ?

[Lancer de dé écho] > dé inutile mais je ne tiens pas à foutre un énième vent à Kerguelen

Voilà que la faille s'agrandit légèrement grâce à lui.

Ses oreilles se dressèrent subitement, réalisant qu'il n'avait rien suivi de ce qu'il s'était passé durant ce temps-là. Ses yeux étaient rivés sur la scène à présent, et malgré cela, il ne parvenait pas à comprendre comment les choses avaient pu évoluer si vite.

Il jeta un regard aux loups présents dans l'Upside Down, puis à ceux de l'extérieur. Un puissant mal de crâne fit son apparition. Il fallait dire qu'il était difficile d'y comprendre quelque chose, et Daez était perdu plus que jamais. Il n'entendait pas la douce voix rassurante de Yurai dans sa tête. Il voyait à présent, et sans cette sérénité intérieure, il n'arrivait pas à réfléchir. Il paniquait.
Non, il ne paniquait pas à l'idée de rester ici, coincé dans ce monde. Non. Il paniquait parce que la corruption le rongeait petit à petit. Il voyait. Il avait déçu la Corneille.
Il était perdu.

Sa tête se tourna à nouveau vers le monde rouge, vers ce monde inconnu peuplé de créatures intrigantes.
Il fit un pas en direction de la faille mais sa tête se tourna. Voulait-il vraiment partir ? Voulait-il vraiment laisser cette chose ainsi ? L'abandonnait-il en traversant la faille ?
Et si sa venue dans leur monde avait été un appel à l'aide ?

Les pensées se bousculèrent dans la tête de Daez et il ferma les yeux un instant. La voix d'Eva lui parvint finalement et il rouvrit calmement les yeux. Ce fut ensuite la voix de Volstein qui résonna dans ses oreilles.
De toute façon, il avait déjà échoué auprès de Yurai en se retrouvant corrompu par la vue. Il lâcha un soupir, réalisant que sa vie n'avait plus aucun but, désormais.

Il s'approcha de la faille d'un pas lent et commença à s'y engouffrer, cependant il trébucha sur la chose au sol. Ses oreilles s'agitèrent de honte mais, heureusement pour lui, il parvint à rejoindre les siens, sur les vraies terres de Punk Wolf.

Mais son regard était posé sur la chose. Il cligna lentement des yeux comme pour lui faire un dernier au-revoir.

Et si cette chose était en fait un des leurs prisonnier de cette horrible forme ?

La Corneille n'a pas réponse à tout, et elle ne te force pas à rester avec.
Cette chose doit sans doute rester dans son monde Daez, ne te sens pas coupable.

De la culpabilité ? Voilà ce que ressentait Daez en ce moment.

Alors que sa lourde masse s'écrasait sur la mâchoire du monstre, aidé par ses camarades, Ajani sentit la bête s'affaisser sous leurs efforts combinés. Il roula au sol, emporté par son propre élan et par l'effondrement de sa proie. Il puisa dans ce qu'il lui restait de forces pour se redresser, d'abord sur ses pattes avant. Son assaut avait défait une partie du cataplasme qu'Hannah avait déposé sur son oreille, et le sang coulait à nouveau dans ses cheveux, sur un côté de son visage. Un instant durant, la tête lui tourna tant qu'il crut qu'l allait choir de nouveau. Il ferma les yeux et déglutit. Mais il sentait autour de lui l'effervescence naissante provoquée par la chute du monstre, et cela suffit à lui donner l'énergie de soulever à nouveau ses paupières et de se redresser d'un bond pesant.

Ce qu'il vit devant lui dépassait l'imagination. Une véritable porte venait de s'ouvrir, déchirant un pan même de la réalité. Il voyait au travers les silhouettes de loups dont certaines étaient délicieusement familières. La première à en surgir fut celle de Moineau, et il sentit son coeur faire un bond. Il s'avança d'un pas dans sa direction, alors qu'elle venait se lover entre ses pattes. Il passa son museau sur son petit corps, pour s'assurer qu'elle allait bien. La vision des deux petites happées par les mâchoires du monstre continuait à hanter son esprit, et le ferait sans doute encore longtemps. Moineau quant à elle était.. étrangement calme. Mais il avait depuis un moment déjà remarqué combien elle était différente des louveteaux tapageurs qu'il avait l'habitude de côtoyer, et il se contenta d'en être ravi. Elle lui indiqua qu'Eva - elle aussi avait été emporté dans cet étrange monde - et Kerguelen étaient encore à l'intérieur. Elle n'évoqua pas Daez en revanche, alors qu'un instant plus tard le loup bleu surgissait à son tour de la brèche.

Alors qu'il posait une patte sur l'épaule de sa protégée, comme pour qu'elle ne soit pas à nouveau emportée par le monstre, il entendit Volstein appeler sa fille. Il fit signe à Gloria de reculer, et rejoignit leur Oracle sans un mot. De tout son poids, il s'appuya sur la tête de la Bête pour la maintenir au sol, et libérer le vieux loup de sa charge. Il était bien plus symbolique qu'il aille accueillir sa famille, et bien plus important qu'il réconforte Hannah et Kerguelen. Le cachemar prenait fin, mais laisserait sans nul doute de terribles séquelles. Appuyé sur la bête, il détacha d'un coup de crocs appliqué le bandeau de Daez, accroché autour de sa patte, et redressa la tête pour chercher à attraper le loup bleu du regard. Il n'avait pas la force de l'appeler, et marchait à ses ultimes ressources. Si l'adrénaline qui courait dans son corps le maintenait encore debout, il n'en serait sans doute pas de même dans quelques instants. Mais il fallait attendre, il n'avait pas le droit de s'effondrer tant que tout le monde n'était pas rentré sain et sauf.