Carnet 4 : Souvenirs de la nuit sur la plage ➼ Sakura

Tu t'approches de cette frontière, Agathe, sans la franchir pour autant. Ton souffle est mesuré, tu affiches un sourire sympathique. Immense louve au corps massif et aux coussinets durs comme les cailloux qui forment tes cornes et ta queue, tu aurais tout l'air d'une guerrière de chez eux.
Ça, si tu n'avais été bien trop respectueuse de la vie, et contre la mort inutile aussi. En végétarienne non-extremiste, tu acceptais que les autres chassent pour se substanter, tant qu'aucun gâchis n'était fait. Ton sang de Licorne se rappelait à toi, sinon, et ça faisait comme une boule dans ta gorge.

On t'avait dit qu'ils cramaient des gens dans leur prison, les Etelkrus. Tu espérais au fond de toi que Sakura te dirait que c'était pas vrai.
Parce que la mort d'un autre loup, c'était bien plus horrible que celle du lapin qu'on consommait. Parce que lui, on en faisait rien. Juste... On lui ôté la vie, sans autre but que de la lui prendre.

Tes babines s'étirent, ton museau te redresse.
Tu es venu plusieurs fois ici, explorant tous les environs des dents de roc. Pour sentir sa trace, une fois, et te dire qu'elle reviendrait sans doute.

Alors, quand elle a l'air de se faire plus forte, son effluve...
Tu hèles. Discrètement.

« Psst ! Saku', c'est toi ? »

Un sourire. Tu piétines sur place.

« C'est moi Agathe, tu te souviens ! »

Tu étais pas aussi immense, à cette époque. Tu avais pas non plus des cheveux si longs et des cornes si grandes. Tout avait poussés, chez toi.
Tu avais changé pour gagner l'adolescence, et elle... Tu avais hâte de voir ce qu'elle était devenue.

Si elle avait changé, autant que toi.
Si elle, elle se souvenait aussi, de cette nuit sur la plage.

De tes yeux d'émeraudes, pareil à ceux de Maman, tu observes sans un bruit les environs. Tu essaie de te jouer des ombres des pins et des buissons, ceux que forcent la position du soleil juste en biais de ceux-ci. Tu cherches, dans cette obscurité...La silhouette grise et familière.
La voilà !
La voilà, qui se découpe entre la végétation. Elle ne fait presque pas de bruit même si elle semble désormais aussi lourde que toi. Et elle te vient, là. Vous vous regardez en égales, avec votre haute taille, vos épaules larges et vos cornes qui se dressent sur votre crâne. Ton cœur fait un bond, dans ta poitrine, et l'excitation soudain envahit tes veines et pulse dans tes artères. Tu te sens... Tellement vivante, à cet instant précis !
Et si ta queue n'aurait été faite de matériau inerte, l'aurait sans doute agité dans ton dos.

Heureuse, de revoir Sakura.
Heureuse, de voir qu'elle te reconnaissait.

Tu prends brièvement une position de jeu, plaque soudain tes pattes au sol avant de te redresser vivement ; alors que ton amie remue haute sa queue dans un accueil qui te décroche un large sourire. Un coup de museau sur ton épaule, quand toi tu fronces le tien dans sa joue bien fournie. Un peu taquine, tellement contente.
Tu lui réponds enthousiasme. Sans crier pour autant ! Parce que même si tu restes bien sagement à la frontière, même si tu ne t'amuserais pas à la traverser... Tu ne voulais pas attirer d'ennui à ta pote, c'était un minimum.

« Je venais te revoir ! Et t'apporter un légume, ahah ! Bon, c'est plus la saison des courgettes, mais un potiron c'est chouette aussi. »

Tu glousses, en même temps que tu pousses vers elle le cucurbitacée. Lui, il a le droit de passer la frontière !
C'était donc exprès pour elle, et pas par un simple hasard, que tu te tenais si proche des terres de cette meute un peu méconnue de toi. Tu avais rencontré, des anciens loups de cette meute. Sous forme de fantômes. Tu te souvenais aussi des mots de Makuro, quand vous étiez enfant.
Finalement, tu avais décidé de ne forger ton avis que sur ce que tu verrais de tes propres yeux. Ou de ce qu'une vivante y...vivant... te dirais.
Tu piétines un peu sur place.

« Papa doit être aux plaines savanes, avec Maman ! Enfin, là où on habitait tous ensemble quand on était encore des mômes. Et le tien, il a reprit sa route de solitaire ? »

Tes émeraudes se posent sur la lumière rouge qui s'affiche sur ton amie.

« Woah, et bravo pour ton glowstick ! C'est la force, lui, non ? »

Tu ne lui poses pas encore, des questions sur sa meute. Ça viendrait plus tard.

Tu souris et laisse échapper un petit gloussement malicieux, au regard qu'elle laisse tomber sur ton potiron. Ça semble tellement la surprendre, c'est si drôle ! Oh, non pas que tu te moques d'elle. Mais tu aimes voir cette curiosité, cette surprise, qu'elle éprouve à la vue de ce cadeau un peu spécial et pas vraiment sexy (sauf si on était fan des formes rondes et oranges d'un cucurbitacée, bien évidemment).
Mais elle finit par le toucher, se penchant au-dessus pour l'attirer à elle et...le croquer, paf ! Comme ça, à même sa peau toute dure et bien épaisse, où les crocs à peine parviennent à creuser un trou. Sans doute pas assez, pour goûter la chair délicieuse et pleines de bonnes choses ! Tes yeux brillent, en la regardant faire.
Tu te surprends même à sourire un peu plus, avec complicité et tendresse pour cette si curieuse amie, qui cesse de goûter au potiron pour préférer le tenir contre son ventre.

Ça te fait plaisir, qu'elle le traite de façon si précieuse ! Même si elle était pas obligé d'aimer ça, tu le sais bien ; après tout ce n'était pas dans l'habitude alimentaire des loups, que de manger de telles choses. P't'être en cas de famine, et encore.
C'était tout à son honneur de préférer manger de la viande fraiche, ce que tu ne pouvais, toi, absolument pas faire.

« Ahah, c'est vrai que les parents, ça continue à nous voir comme des bébés même quand on a fini de grandir ! Les miens aussi ont eu la larme à l’œil, quand on les a quitté, mes sœurs et moi. M'enfin ! Ça prouve à quel point ils nous aiment. ! »

Tes yeux se plissent, toujours aussi rieuse, toujours autant de bonne humeur. C'était vraiment dommage, cette frontière ! Tu aurais tant aimé la passer pour venir plus proche de la louve grise. Pour gesticuler autour d'elle, lu donner une petite tape sur l'épaule, ou bien glousser près de son museau. Mais il te fallait tenir cette distance, un peu frustrante.
Ce n'est pas à cause de toi qu'elle aurait des ennuies, ah ça...
Dommage ! Ce n'était pas l'envie de la prendre dans tes épaisses pattes qui te manquaient, pour mieux saluer son exploit. Un glouton t r o i s fois plus gros qu'elle !
Tu ouvres la bouche en o.

« Excellent !! Et il t'a pas blessé, t'a réussi à tout esquiver ? Wow, on a dû t'apprendre à te battre avant ça, c'est ton papa qui t'a tout transmis ? Ah ! Je veux tout savoir. »

Allez, Sakura, dis-moi en pluuus !
Si son père lui avait appris ses savoirs, c'était indirectement ceux de ton père, en plus. Tu voyais pas ton père se castagner, toi ; pourtant à ses dires il avait livré quelques impressionnantes batailles. Même si c'était peut-être un mensonge, ou un truc exagéré, comme quand il disait être le loup aux plus gros muscles de la Savane, tout ça tout ça.

« Oh ! Et ton pouvoir, parle-moi de lui aussi ! Enfin, si tu l'as découvert, j'sais pas comment ça se passe au début. »

Tu piétines sur place, impatiente d'entendre les récits de Sakura.

C'est ouf, à quel point elle paraissait tellement pleine d'assurance et de confiance ! C'est une réflexion qui te traverses et qui persiste dans ta tête, à chaque fois que tu poses sur elle tes yeux d'émeraudes. Elle en débordait, et c'est presque si contagieusement il ne te serait pas venu l'envie de redresser la tête et de faire comme papa. Être fière.
Tu te demandes si les loups dans sa meute sont ainsi.
Si confiant, dans cette force qu'ils dégagent...

Tu gardas cette réflexion pour plus tard, écoutant plutôt le récit de ses exploits. Tu étais attentive, même si tu te retrouvais telle une vegan a qui l'on parle cuisson de steack. Tu voulais bien écouter, tolérante avec les idéaux contraires aux tiens mais... Tu avais du mal à tout comprendre, à tout saisir. T'imaginer était compliqué, toi à qui on avait pas appris à se battre, mais plutôt à courir vite pour mieux survivre. Pour dire, tu n'avais même jamais vu un combat de tes yeux, aussi les prouesses techniques étaient des choses que tu ne pouvais te figurer.
C'était ça, que d'être une louve contrainte à une vie de proie, inutilisant ses attributs de prédateurs pour..Bah, rester en vie.
Qu'importe !
Tu sais te saisir de la joie de ton amie, tu vois à quel point elle est heureuse de ce moment et de sa victoire contre ce glouton de trois fois sa taille !
Et ça, tu es capable de le lui laisser.

Quand elle penche sa tête pour mieux te montrer ses cornes, tu redresses un peu le cou et prend place davantage au-dessus d'elle. Roh, tu aurais aime les toucher, pour voir si leur texture était similaire à celle de tes cristaux ! Mais tu t'en abstiens, pour ne pas laisser sur elle ton odeur de louve extérieure.

« wOw j'avoue qu'elles deviennent super grandes !! Ça a vraiment dû être un truc de fou ton combat, avec un coup final comme ça ! Je suis sûre que ton dieu, il avait jamais vu ça avant toi. »

La mine radieuse, tu continues à lui sourire, à nouveau observe cette bague qui scintille d'un rouge puissant.

« La claaasse ! Le vent il est avec toi là, tu me ferais une petite démo ?! »

Tu n'avais pas de pouvoir, n'en convoiterait sans doute jamais un. Tu n'en restais pas moins curieuse, que de voir la façon dont ceux-ci se déployaient !
Puis te voilà un peu lutine, un peu taquine. Avec ta langue à demi-sortie et tes babines froissées.

« Puis ensuite... Je pourrais peut-être te faire une petite démo de mon don ponctuel, qu'est celui de voir les morts en cette saison et de pouvoir profiter de leurs pouvoirs. Enfin ! De un, surtout, qui m'a dit qu'il pouvait me transformer en p'tite bête. J'me dis que comme ça... Tu pourrais me faire visiter tes endroits préférés, me montrer où tu vis, le temple de ton dieu tout ça tout ça, sans avoir de soucis ! Enfin si tu veux of course~ »

Un p'tit clin d’œil.
Tu n'allais pas la forcer, peut-être tenait-elle à protéger ses terres et à garder confidentiel ce qui se trouvait derrière. Tu espérais cependant qu'avec cette opportunité (enfin, ce lot Punktober), tu découvrirais les terres Etelkrus et partagerais un moment spécial avec Sakura.

C'est pas tout les jours, qu'on pouvait balader une Agathe'souris sur son dos après tout !

Trop coool ! C'est que tu allais finalement le voir, son pouvoir. Et ça, c'était quand même super chouette. Tu te demandes si ses animaux de vents pouvaient être touchés, puisqu'ils étaient capables de blesser autrui. Et si par noir, elle entendait de la même couleur que les nuages d'orage, ou bien moins opaque. De nature curieuse, tu avais encore beaucoup de questions à assouvir !
Mais on verra ça plus tard, peut-être en même temps que cette rencontre dans les terres libres.
Oh !
Tu n'étais pas du genre à passer du moment avec les mêmes personnes, Agathe, souhaitant faire collection de rencontres plutôt que d'établir un lien véritable avec autrui. Mais c'était différent, avec Sakura. Elle était ta première copine, elle était spéciale. De toutes, elle était sûrement la seule, en dehors de ta famille, dont l'idée de revoyure était plaisante. Et chaque moment passé ensemble, satisfaisant.
Alors tu hoches la tête, vivement, à cette proposition. Oui, vous vous reverrez en terres libres ! Tu comptais remonter vers les terres désolées, alors... Elle pourrait sans doute t'y retrouver là-bas. Ainsi vous évolueriez en terrain neutre, et tu te doutais que sa meute là-dessus ne lui reprocherez rien (ou alors, c'est qu'ils étaient vraiment pas cools).

Face à ta demande, dont tu n'attendais pas grand chose au vu de sa spécificité et du fait que c'était un tout p'tit peu risqué sans doute, Sakura se fait alors joie et te contamine de celle-ci, dans votre enthousiasme commun. G E N I A L, comment t'étais trop contente !
Plus qu'à rappeler le fantôme qui pouvait transformer les autres en proies. En même temps que tes yeux émeraudes le guettent, tu répondis à ta pote.

« Merciii, j'ai si hâte !
Je peux voir n'importe qui, oui, et se sont eux qui viennent à moi souvent. N'importe quand, mmh on peut dire ça aussi ! Disons que je peux les voir de la première feuille orange des arbres, jusqu'à la dernière feuille tombée des branches dénudées. En automne, donc. Je te le dirais, si un me parle de toi, promis. Ça arrive souvent, que des fantômes surveillent leur famille !
C'est un don qui m'est venu durant mon voyage, durant une nuit passé sous un lampadaire un peu spécial. Mais il a peut être toujours été en moi, juste on était pas encore en automne... J'sais pas ! »

Tu hausses les épaules. Désinvolte.
Et puisque tu avais parlé de lui, tu surpris dans le coin de ton champ de vision le loup en question, celui que tu attendais pour te transformer, comme il l'avait promis !
Dans un ersatz de pouvoir qu'il lui restait, une envie de ressentir à nouveau cela. Un glowstick éteint mais une foi persistante, laissant cette magie exceptionnellement s'opérer...

Et paf !
De ta taille presque équine, te voilà petite souris.

Tu pousses des petits cris aigües, on dirait que tu ris comme ça. C'est le cas, tu trouves ça si drôle ces épines de pin qui soudain te chatouille !! Et voilà que tu gravis la patte de Sakura, court te percher entre ses cornes pour mieux murmurer à son oreille de ta toute petite voix.

« En avant, camarade !! »

C'est si drôle, si elle savait ! De voir la vie de ce point de vue nouveau !

Tout là haut perchée, tu observais les environs, cartographiant dans ta petite tête de rongeur tout ce que tu pouvais percevoir de tes billes émeraudes. Les terres de ce peuple, sans être hostiles, s'avéraient bien plus sèches que tout ce que tu avais pu voir jusqu'à présent, bien que loin de ressembler au désert. On y trouvait des plantes grasses et de l'herbe rouge et sèche, une grande pinède plutôt que des arbres feuillus. Des plantes adaptées à un climat méditerranéen, qui se faisant sentir par la douceur du fond de l'air.
Loin de l'humidité qu'on retrouvait en terres Nakhus, celle que tu devais encore visiter pour t'en faire ton propre avis.

Te redressant un peu, tu maintiens tes pattes devenues minuscules autour des cornes, celles dont tu pouvais enfin apprécier sans crainte la texture rugueuse. Tu ignoras ce petit pincement dans ton cœur gros comme un pois chiche, celui venu entre deux pulsations de ton sang de licorne en sachant qu'elles furent déjà armes. Tant que ce n'était pas toi, qui faisait la même chose.
Jamais une de tes sœurs ou toi-même n'auraient pu prétendre au glowstick du Grizzli, c'était évident...
C'est une couleur que tu pu d'ailleurs beaucoup surprendre, sur les membres de sa meute, une fois une grande porte passée pour rentrer dans ce qui ressemblait fortement à un château taillé à même les monts Célestes.
Ceux que vous ne cessiez de croiser, nombreux autour de vous. Tu te fais toute petite, t’aplatit sur les cheveux de ta copine, murmurant à son intention.
Puisqu'elle t'avait dit de ne pas hésiter, à lui poser des questions... Tu n'allais pas t'en priver !

« Vous êtes super nombreux, dis donc ! C'est ici que vous dormez tous ? »

Tes longues moustaches frémissent, tu sens toutes ces odeurs nouvelles. T'imprègne de celles des Etelkrus, toi qui te retrouvait dangereusement en leur cœur.
Sans savoir, que c'est l'une de tes sœurs, qui dormaient d'ailleurs en prison et vivait vie heureuse derrière les barreaux.
Tes oreilles rondes bougent, essayent de tout entendre. C'est si bruyant ! Toutes ces voix, qui clament aussi forts que celle de Papa. Il y avait aussi des loups avec des animaux, rendant Sakura et son Agath'ouris bien banale, finalement.
C'était une drôle de mode, tu trouves. Les familiers...
Pas trop ton truc, à toi !

Bien trop indépendante, pour trouver le temps de t'en occuper.
Déjà que tu avais oublié ton yucca du casino chez Maman et Papa, et qu'il devait être tout sec maintenant... Il n'y avait que le caillou, pour savoir rester en vie sous ta tutelle !!

« Après avoir vu ta chambre, j'aimerais bien monter au sommet du château ! C'est possible tu penses ? »

Tu profitais de chaque instant, grappillant des images, prenant plaisir à te tenir sur la tête de ton amie. C'est sans doute l'unique fois, que tu pourrais faire ça alors... Il faut en profiter, du plus possible !

Tu les regardes, passer tous ces visages que tu ne connais pas et sans doute ne connaitrais jamais, et tu ne t'en lasses pas toi petite bestiole curieuse.
Le pas de Sakura, lent et marqué, te laissant tout temps à cette contemplation discrète, ne laissant jamais supposer à ces Etelkrus qu'une Solitaire s'introduisait à même leur logis et regardait de ses yeux ronds leur visage si sérieux.
Oh ! Que tu découvrais avec plaisir, cartographiant avec la discrétion induite par ta condition !
Et tu souris, toi la souris ! Ça étire tes babines, et tes longues moustaches en viennent presque à chatouiller tes yeux.
On t'aurait dit que c'était une idée folle, que de vouloir voir leurs terres.
Mais tout ce qu'on te disait impossible devenait chose à tenter, pour toi. Âme libre un peu crazy, aventurière intrépide qui n'avait peur de rien et comptait bien visiter l'intégralité des terres de Punk Wolf, qui ne voyait là aucun risque...
Ah, si, peut-être un :

« Et c'est vrai que vous brûlez vos prisonniers, comme des brochettes ? Ou c'est une légende de solitaire qui sentent le sel ? »

T'avais besoin de savoir, si la petite louve rencontrée jadis avait rencontré des bêtises d'enfant, ou si ces faits étaient fondés ! Et qui de mieux que Sakura, pour t'en apprendre davantage à ce sujet ?
Elle te montra d'ailleurs sa chambre, et voilà que tu descendis de sa tête pour te faufiler entre les orbites vides d'un crâne jonché. Tu apposes tes minuscules griffes contre le rebord osseux, tire ta langue et reprends un petit rire.
Kikiki.
Tout doucement, pour ne pas trop te faire entendre non plus. Ce même mot d'ordre, que de ne pas attirer d'ennuis à ton amie !
Il te fallut d'ailleurs retourner sur sa tête, pour mieux lui murmurer quelques petits mots à l'oreille.
Là, tout au creux de celle-ci...

« Elle est très jolie, ta chambre...même si ça manque de couleurs ! Je t'offrirais une pierre de ma queue pour arranger ça, elle ira bien entre deux crânes. »

C'était un grand privilège, qu'elle avait là Sakura !
Parce que ta queue, tu la cassais pas pour n'importe qui. A peine pour tes sœurs ! Bien qu'une ne s'était jamais gêné pour te les prendre sans ton avis, la sorcière. En tout cas... Oui, c'est une façon de lui promettre puis de ne pas revenir sur ta décision. Elle en aurait même un gros morceau, assez pour ajouter la touche nuancée qu'il manquait à son chez-elle.
De toute façon, elle finissait toujours par repousser, ta queue.

Accrochée à ses cheveux, vous vous remirent en route. Si l'on ouvrait le plan mental de ton circuit touristique, c'est sur le toit du Castel que vous vous rendiez maintenant. Et tu avais hâte ! De sentir le vent dans tes poils et les cheveux de Sakura, de voir sous tes yeux l'intégralité des terres de sa meute, ce dans un panorama éclatant que tu n'aurais chance de voir tous les jours.
Tu t'y attendais déjà.
A quelque chose de grandiose.

Et les muscles puissants de la disciple vous mèneraient incontestablement vers ce sommet.