Contes d'antan [ft Cassius]

Il y avait bien des lieux qu'elle n'avait pas encore vu et chaque jour en visitait. Parfois longuement et parfois vite fait si elle n'y trouvais pas d'intérêt ou alors si elle était prise dans une discussion avec un autre loup, ce qui, n'était jamais pour lui déplaire en vrai.
Mais ici, elle doutait de trouver des gens avec qui parler car cette terre était aride voir pire ; stérile.
Tout est mort même si il y avait des touffes d'herbes qui avaient réussi à pousser il n'y avait vraiment rien d'autre. L'atmosphère est lourde, il n'y avait aucun son non plus malgré que ses oreilles rondes tiquent machinalement à la recherche de tout bruit sortant de l'ordinaire.

Le vent soufflait entre les crevasses immense de la terre et le sol craquelait sous ses pas. Alors qu'est-ce qui l'amenait ici vous vous demandez ? Eh bien la seule chose qui pique son intérêt ; Les Ruines Blanches.
Une structure datant d'un autre âge qui se tient quand même bien debout depuis toutes ses années écoulées, alors elle y va à la hâte sans crainte de se faire attaquer. Et puis même si c'était le cas elle verrait la ou les créatures arriver ! Il n'y avait rien ni endroit pour se cacher de toute façon.

Bon depuis un bon moment elle court comme une dingue et maintenant elle avait chaud et avait envie de se reposer un peu. Alors sous un rocher qui était bien plus grand que son avenir, s'y place simplement et s'assoit, regardant l'inventaire dans sa sacoche pour contrer l'ennui qui l'envahit.

Elle espérait croiser quelqu'un ou quelque chose quand même ici, pour son propre bien mental.

L'été battait son plein et l'atmosphère se faisait lourde, étouffante : avoir grandi dans le Canyon avait certes rendu Cassius résistant aux températures élevées, mais ce n'était pas pour autant qu'il ne lui venait pas à l'idée de s'en abriter lorsque la situation lui était possible. Après tout, grandir dans un désert, c'était avant tout apprendre à y survivre, et pour cela, il fallait savoir se protéger de la chaleur.
Surtout quand on était un grand loup noir au poil particulièrement dru. Idéal pour se protéger des coups de soleil et des parasites, mais également très efficace pour attirer la chaleur.
Ces derniers jours une vague de chaleur avait rendu l'air désagréablement respirable. Cassius, n'ayant pas vraiment d'attaches, s'était mis en tête de monter vers le Nord des terres. Peut-être aurait-il fait un peu plus frais dans les failles qui couturaient les flancs des montagnes comme d'innombrables cicatrices.
Il en avait profité pour s'approcher des terres Nakhus. Y avait surtout trouvé beaucoup de désolation, comme les vestiges d'une catastrophe dont il ignorait tout, mais qui pourtant, semblait toute récente. Peut-être son père aurait-il su.
Et puis il avait vu ces étranges crevasses d'où s'échappait de la fumée blanche. Et comme il était un jeune loup mâle, dans la fleur de l'âge, avec un esprit aventureux et pas grand chose à perdre, et aussi quelques démons internes pour venir lui souffler des idées pas très healthy et globalement pas très respectueuses de lui-même, il avait décidé de s'en approcher. Il y avait de la curiosité, aussi.
Pas vraiment de peur.
Il ne la ressentait plus depuis quelques temps. En journée, en tout cas.
La nuit, c'était différent.
La nuit, il tournait encore et encore, peinait à trouver le sommeil, et quand enfin Morphée se dévoilait à lui pour lui tendre ses bras, d'affreuses visions détrempées de rouge le conduisait à se réveiller en sursaut, haletant, paniqué, et la gorge étonnamment rauque, comme s'il venait de passer de longues heures à hurler.
Cassius ne dormait pas beaucoup, et de profondes cernes commençaient à se creuser sous ses yeux, mais cela ne l'empêchait pas de rester fonctionnel. Dans l'ensemble.
Il n'empêche qu'il se trouvait désormais à rôder en silence entre les vestiges d'un monde bien différent du sien, et même si la zone avait un côté hostile, la curiosité que suscitaient en lui ses ruines le poussait à avancer toujours plus loin.
Les nombreux débris de vitraux brillaient de mille couleurs sous ses pattes, et il se demandait distraitement si Apparence en aurait sélectionné quelques uns, pour sa collection.
Mais comment le savoir.
Il ne l'avait pas vue depuis des années maintenant, et ne savait même pas si elle était encore en vie. Même s'il y avait une étrange certitude, au fond de lui, que si un jour sa presque-soeur en venait à quitter ce monde, alors il le saurait, à l'instant t. Impossible de savoir pourquoi. Mais il savait. Ou en tout cas, il en était convaincu.

Pas d'Apparence en vue, bien évidemment, mais voilà qu'une légère brise se leva et lui amena l'odeur de quelqu'un. Pas loin.
Une Solitaire.
Celle-là, comme bien souvent, il ne la connaissait pas.
Il leva le nez et cru apercevoir, un peu plus loin, une silhouette pâle qui attendait dans l'ombre d'une large pierre. Sans spécialement presser le pas, il dévia légèrement de sa trajectoire, et décida d'aller sans sa direction.

Coucher sur le sol craquelé, elle souffle.

La poussière s’envole dont quelques particules viendront se loger dans ses narines, Sienna éternue. D’une patte, gratte sa truffe avant de la reposer sur le sol meurtri. C’est qu’il n’y avait vraiment pas grand chose à faire, de son étonnement lui sera retourné dans un écho assez court, mais assez pour lui rappeler à quel point cet endroit est d’une ambiance bien trop calme. La jeune louve se redresse quand quelque chose attire son attention.
Une autre silhouette se dessine dans cet horizon déprimante et semble faire route vers elle. Ah ! Enfin de la compagnie !! Il ne semblait pas que ce soit une créature venue des enfers mais bien un loup même si elle ne distingue pas très bien son pelage. Il semble être foncer et semblait avoir ce qui ressemble à des plumes qui ajoutent quand même un peu de couleur. Des piques aussi grandes que son avenir aussi, elle perçoit ! Sans doute un collier des plus stylés !

Sienna le laisse venir à elle, tranquillement.
Les traits se précisent au fur et à mesure qu’il est plus près. Ses yeux sont d’or comme son père mais avec une lueur différente, plutôt calme pour ce visiteur. Oh ! Il a des traces blanches et rouges, la forme lui rappelle le feu quand il danse en pleine nuit. Peu sont les accessoires, mais constate qu’ils sont aussi foncés avec une couleur or comme ses yeux. Les cheveux sont légèrement ondulés, un peu en pagaille mais ajoute ce petit côté emo qui lui va bien.
En fait, Sienna le trouve superbe ! C’est le premier loup peut-être un peu plus âgé qu’elle, qu’elle rencontre.
Il n’a pas l’air hostile et c’est déjà un bon point ! Alors…

«_ Bonjour !!!
Que fais-tu ici bel étranger ? Ta présence me sauve la vie, je croyais devenir folle en ne voyant pas âme qui vivent haha !! »
Sa queue se balance de joie, et hop ! La voilà debout, s’avance un peu pour réduire le reste de distance.
«_ Je m'appelle Sienna ! Et toi ? »

Il ne fallut pas longtemps avant que sa présence ne soit remarquée. A mesure qu'il se rapprochait, il ne décelait ni hostilité ni crainte chez la femelle : c'était déjà positif. Quitte à se changer les idées, il aurait préféré que cela se fasse de manière apaisée et positive.
Lorsqu'il ne fut plus très loin la louve l'interpela avec un enthousiasme inattendu et peut-être finalement un peu trop positif pour un introverti solitaire comme lui. Pris de court et se sentant un peu comme un con, il ralentit pour se stoppa complètement, tandis qu'elle se rapprochait de lui en se présentant.
Peut-être pas si apaisé non plus. Elle était... étonnamment énergique par une chaleur pareille, mais peut-être était-ce aussi dû au fait qu'elle était posée à l'ombre juste avant qu'il n'arrive, tandis qu'il venait de se taper une formidable randonnée en plein cagnard.

— Je suis... Cassius. Je visite.

Ses yeux allèrent de la louve — Sienna – à l'espace ombragé qu'elle venait de quitter. Il faisait définitivement trop chaud : il avait le sentiment que son esprit tournait au ralenti, aussi ankylosé que le reste de son corps. Il prit la direction de l'ombre et expira lentement lorsqu'il s'y engouffra enfin. Bien. Il aurait toujours préféré quelques degrés de moins, mais c'était nettement mieux. Il pouvait enfin respirer.
Qu'avait-elle dit, déjà ?

— Je ne suis pas sûr que cet endroit soit le plus approprié pour croiser du monde, fit-il en regardant autour d'eux. Etonnant qu'elle ait choisi de venir dans les parages si elle était en mal de compagnie. Pourquoi es-tu là, toi ?

L’etranger arrive puis s’arrête avant de lui répondre.
Il se nomme Cassius et il visite - même si y’a vraiment pas grand chose à voir par ici- . Puis il se dirige sous l’ombre du rocher qu’elle avait quitté pour aller à sa rencontre, et naturellement le suit. Au lieu de se coucher cette fois-ci, s’assoit fixant le solitaire qui parle encore, pour sa grande joie.

«_ C’est vrai c’pas l’endroit pour.
Sauf si tu es vraiment au bord du gouffre c’est l’endroit idéal pour disparaître sans laisser de trace- »
C’est triste quand on y pense.
Mais bon, on ne devrait pas s’appitoyer de trop sur le sort des gens ou les épreuves de la vie. Sinon on ne s’en sortirait pas !

«_ En soit je suis venue ici pour voir les Ruines Blanches là-bas ! Mais j’avais quand même espoir de croiser quelqu’un !
C’est plus amusant d’être accompagné que seul ! Et toi ?
Je ne pense pas que tu fasses une promenade de santé, en plus qu’il fait hyper chaud ! »


Cela n’est pas souvent un avantage d’avoir un pelage sombre.