Ni méchant ni gentil, pacifique [feat/Sushi]

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Encore en convalescence, par ordre de son mentor adoré, Saqqarah s’était couché à l’entrée de la tanière des Panseurs, le regard vagabondant sur les loups de la meute. Meshret était entrain de s’entrainer à chasser dans le vide et c’était assez ridicule à voir. Il sentait l’odeur de Leo, il ne devait donc pas être bien loin non plus. Il remuait lentement sa queue de reptile, les oreilles pointées vers l’avant, les yeux mis clos, un baillement lui échappa. Il avait abandonné un livre à quelques pas de lui. Saqqarah adorait la lecture, c’était tellement divertissant et agréable. Il avait demandé un livre sur les encens à Tawana pour s’occuper. Bien sûr son mentor lui avait amené. Mais le jeune loup réfléchissait en ce moment, il avait toujours l’encre magique. Et il ne savait pas encore à quoi il allait s’en servir. Il agitait parfois son flacon devant lui, les oreilles à l’horizontale.

Il posa sa truffe entre ses pattes, les yeux mis clos, l’esprit alerte tout de même. Saqqarah gardait un mauvais souvenir de sa dernière tentative de se sociabiliser… Finalement les idées de Ptah ne sont pas toujours les bonnes. Au final, sa relation amicale avec Leo et Alexandrine est largement suffisante. Il a aussi besoin de son mentor, et le reste, c’est potentiellement dangereux. Il était pourtant très perturbé, sa rencontre avec Sushi avait si bien débuté, pour si mal finir. Il passa une patte contre sa gorge, la sensation des crocs de Sushi dans son cou se rappelait à lui. Il poussa un soupir. Lui aussi n’avait pas été gentil ce jour là. Il devait s’excuser… Lui demander pardon pour son comportement et son arrogance. Il n’aurait pas du l’attaquer malgré ses mots blessants.

Mais la réalité c’est que Saqqarah avait beaucoup trop peur. Il craignait que Sushi soit un jeune loup qui joue double jeu. Qu’il se montre gentil, pour ensuite mieux assassiner. Il n’y a pas plus puissante blessure que d’être attaqué par un loup qui aurait pu être un ami… Il perdait sa confiance en autrui dans ce genre de cas. Heureusement il n’était pas proche du mâle et s’en méfiait désormais. Alors qu’il pensait à cela, il entendit le bruit d’un vêtement qui s’agite avec le mouvement, le plissement du tissu et l’odeur distinctif de son agresseur. Il rouvrit vivement les yeux, relavant la tête aussi vite avant de dévisager le mâle qui s’était approché pendant qu’il pensait.

« Su… Sushi… pardon tu… tu avais besoin de voir les panseurs ? »

Demanda-t-il vivement les oreilles en arrière, la queue entre les pattes et l’air soumis alors qu’il avait dégagé le passage, la peur courant dans ses veines. Pourvu que cette fois son comportement n’énerve pas le loup en face de lui.

Il n’avais pu oublier cette image de lui-même qui s’était fixé dans son esprit, l’image d’un être violent qui n’avait hésité à malmener un autre louveteau parce que celui-ci lui avait manqué de respect et pire encore avait osé piétiner ses précieuses fleurs. Cette image était bien différence de celle qu’il s’était fixé jusqu’alors. Cette dissociation de personnalité soudaine l’avait quelque peu chamboulé, il avait l’impression de ne plus se reconnaître lui-même. N’était-il point le louveteau efféminé et fragile qu’il faisait paraître alors qu’il traînait dans les couloirs du Grand Castel. N’était-il qu’un imposteur aussi assoiffé de bataille que pouvait l’être ses deux parents porteur de glowstick rouge. Lui qui pensait être moins fort que l’ombre d’un guerrier d’Aka.

Tant de question qu’il s’était posé sans vraiment parvenir à trouver une réponse unique. N’était-ce qu’une passe ? Un mauvais sort qui lui avait été lancé et qui finalement n’allait pas avoir d’autre conséquence ou était-ce l’âge qui le faisait changer ? Penser qu’il puisse être un vrai guerrier n’était pas réjouissant. Enfin cela l’était certainement pour son père, mais pas vraiment pour le louveteau qui préférait s’adonner aux arts dramatiques, à la poésie, mais surtout pas à la violence. La violence pouvait être une forme d’art certainement, l’art martial est une forme d’art, mais le jeune loup ne supportait pas l’idée de mettre à mort une forme de vie. Il éprouvait un profond dégoût à l’égard de la souffrance que ses propres actions pouvaient générer.

S’il était honteux d’avoir ainsi blessé un camarade, il se félicitait de n’avoir pu poursuivre son geste. Même s’il l’avait certainement grièvement blessé, ce qui avait poussé l’autre à s’enfuir plutôt qu’à continuer leur affrontement, au moins, aucune mort ne planait sur sa conscience.

Après sa rencontre avec Tawana, il avait attendu longtemps de pouvoir recroiser le louveteau qu’il avait blessé. Mais sa convalescente semblait s’éterniser pour le jeune loup aux motifs d’écaille qui passait de temps en temps devant la grotte des panseurs sans jamais oser en franchir le seuil de peur que sa présence lui soit reprochée. Il se sentait pleinement responsable de son comportement, bien loin de se douter qu’un jet de dé l’avait conduit à se conduire ainsi. À forcé d’attendre, de faire les cents pas en dehors de la grotte, il avait fini par perdre patience et prendre son courage à deux mains afin d’affronter ses crainte. Il se saisit d’un petit fagot d’herbe médicinale qu’il avait cueilli plus tôt et l’emporta avec lui.

À peine eut-il le temps d’entrer qu’il fut accosté par le dit-jeune loup au pelage noir. Surpris, il ne pu empêcher le rouge de lui monter aux jours sous sa fourrure verte. Gène de se sentir rougeoyant, il baissa la tête tout en dissimulant sa face derrière sa patte. Il laissa tomber son précieux colis avant de lui répondre.

« Ha non, c’est toi que je venais voir » Il remue la queue amicalement en lui offrant son plus beau sourire, il ne voulait afficher un air trop éhonté devant se camarade. Aucune hypocrisie, bien qu’il ne savait comment son attitude pouvait être reçu par le louveteau au pelage foncé. « J’ai un cadeau pour toi, regardes, je t’ai cueilli quelques plans médicinaux. J’ai pensé qu’ils te seront peut-être utile dans ton état. »

Il évita précautionneusement d’évoquer le fait que c’était lui le responsable de cette situation. C’était gênant de l’avouer devant la victime même de ce comportement indésirable.
« Alors est-ce que ça va ? Tu ne m’en veux pas trop, j’espère ? »

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Il avait craint de se faire hurler dans les oreilles, ou dégager comme un malpropre. Mais il fut très surpris par la propre stupeur de Sushi. Il l’avait vu rougir, une étrange gêne se répandant dans son corps avant qu’il ne voit un bouquet de plantes médicinales tomber au sol. Curieux et surtout intrigué, Saqqarah hésita à aller renifler les plantes avant d’entendre le jeune loup mal à l’aise lui dire que c’était lui qu’il venait voir. Il plissa les yeux, reculant la tête en levant doucement une patte avant de s’asseoir.

Il vit le sourire excessivement joyeux et tendre de Sushi, il était complètement différent du louveteau agressif et violent, et ça réchauffait le cœur du mâle. Il avait eut peur qu’un loup de sa meute soit vraiment profondément violent. Mais il restait méfiant, Sushi pouvait très bien se faire passer pour un gentil pour mieux le blesser physiquement et le torturer moralement ensuite. Il observa les plantes en écoutant le loup, les reniflant et les triant instinctivement dans sa tête avant de secouer son court pelage en opinant du chef.

« Merci Sushi, tout les plants ne me serviront pas maintenant, mais ça ira dans les réserves. Et puis c’est l’intention qui compte comme on dit. »

A ses questions suivantes Saqqarah se trouva prit au piège. Incapable de répondre tout de suite. Il fixa longuement Sushi. S’il lui en voulait ? Non bien sûr que non, il n’arrivait même pas à en vouloir à qui que ça soit. Il agita les oreilles, mais il avait tellement peur que Sushi soit un manipulateur vicieux et pervers. Mais il pouvait bien lui donner une chance.

S’il allait mieux ? Son corps se portait mieux, son esprit était en conflit car il ne comprenait pas lui-même ce qui lui avait prit d’attaquer Sushi de la sorte. Il poussa un profond soupir.

« Je ne t’en veux pas Sushi, et puis je suis aussi responsable, c’est moi qui t’es mit la tête dans la terre et qui t’est sauté dessus pour attaquer. Et puis pour se battre il faut être deux alors je partage les responsabilités. »

Il fit un sourire timide au jeune mâle. Hésitant, il ne pouvait pas vraiment lui parler de son inquiétude ? Si ? Il hésitait, il craignait vraiment sa réaction et ne voulait pas le froisser non plus. Puis il était venu s’excuser avec de plantes et un beau sourire, alors c’est qu’il avait bon fond… Sans doute.

« Je vais mieux, ne t’en fais pas pour moi. Par contre j’ai pu admirer tes qualités de combattants, tu crois qu’on pourra s’entraîner un jour tout les deux ? »

Proposa-t-il en souriant doucement, sachant que le loup semblait être un bon combattant, sans oublier que ses parents étaient tout deux des disciples d’Aka.

.

Le jeune sushi se montrait timide face au louveteau qu’il avait blessé bien malgré lui, rougissant à outrance par gène d’avoir attenté à sa vie. Regrettant amèrement ce qui l’avait poussé à agir avec une telle violence, il l’avait blessé et il pensait peut-être à tort que celui-ci ne voudrait plus l’approcher désormais. Le jeune loup plissa un morceau de tissus entre ses pattes, nerveux malgré le sourire apparent. Il fut des plus surpris lorsque le louveteau au pelage foncé accepta son cadeau, ce qui le rendit heureux. Sushi remua la queue en jeune louveteau qu’il est, joyeux.

« Alors mon cadeau te plaît » lança-t-il joyeusement. « j’ai vu que tu aimais bien ces fleurs, tu avais passé beaucoup de temps à les observer alors, je les ai cueillit pour toi. »

Sushi se releva s’approcha du jeune loup, le regardant dans les yeux d’un regard doux toujours ensoleillé par son sourire qui ne le quittai que rarement, un sourire sincère car ne pouvait cacher que malgré les apparences et malgré les actes, il appréciait ce jeune loup et aurait aimé apprendre à mieux le connaître autrement que par la baston. Une question demeurait dans l’esprit du jeune loup, est-ce qu’il l’apprécierai lui ? Si le jeune sushi apparaissait comme quelqu’un d’excentrique, il n’en était pas moins sincère concernant ses sentiments, il était un jeune loup enjoué qui aimait la vie certainement plus que quiconque. Alors que le jeune loup sombre semblait bien moins enjoué, plutôt studieux concentré sur l’étude et la médecine. Sushi n’avait pu que constater ces faits, il aimait les plantes, mais pas de la même façon que lui, étaient-ils si différent que ça ?

«Ne te méprends pas, je ne suis pas un si bon combattant que mes parents, je ne suis pas sûr encore de vouloir aspirer à prendre ce chemin, celui qui me mènerai à devenir un disciple d’Aka, mais si tu veux que je t’apporte mon aide ce sera volontiers, on retiendra juste nos coups s’il te plait».

Il jeta un coup d’œil autour de lui pour s’assurer de ne pas être surpris par le panseur aux cheveux longs.

« Tu sais garder un secret. » Il lui fit un clin d’œil. « je n’enlève presque jamais mes vêtements si ce n’est lorsque je suis seul, alors ce que tu as vu, tu le garde pour toi, hein. » Il lui fit un clin d’œil.

« Juste après notre affrontement, un horrible panseur m’a désaper de force pour examiner mes blesses, j’espère bien ne pas le recroiser »

Il fit semblant de trembler mimant l’effort de façon tout à fait théâtrale. Il l’avait trouvé vraiment louche de lycaon, il n’avait pas du tout consenti aux soins que celui-ci lui avait apporté. Une horrible conclusion à cette histoire.

« Je l’ai trouvé vraiment louche ce type, je sais pas ce qui lui a pris ».

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Bien qu’un peu perplexe et surtout interloqué, Saqqarah observait son compatriote, les oreilles pointées vers lui. Il observait son comportement, cherchant une trace de mensonge, ou de manipulation quelconque. Mais le jeune loup semblait vrai, sincère, et sympathique. Il toucha presque le jeune mâle sombre qui le voyait hésitant dans son attitude avant de le voir agiter vivement la queue dans sa joie. Il semblait sûr de ses sentiments incapable de les falsifier, de jouer un rôle, ses yeux et sont sourire trahissaient cette sincérité frappante et presque touchante.

« Il me plait oui, tu es vachement observateur dis donc. Je regardais ces plantes parce qu’elles sont toutes utiles pour la médecine. Merci de les avoir cueillis pour moi, vraiment. »

Le voyant approcher ainsi, Saqqarah recula la tête et fit un pas en arrière pour s’asseoir à distance raisonnable. Il n’aimait pas les contacts avec autrui. Ça n’avait pas changé, et ça ne changerait sans doute jamais. Il croisa le regard du jeune mâle, mettant les oreilles en arrière. Il cherchait quoi dans son regard ? Saqqarah avait toujours eus ce regard indéchiffrable et indifférent qui ne laissait pas passer ce qu’il pensait. Ses songes passaient par son corps qui transpiraient ces mots qu’il n’arrivait pas à formuler.

Il ne fallait pas qu’il se méprenne ? Il n’était pas un si bon combattant ? Même s’il ne voulait pas le voir, Sushi avait le combat dans le sang. Agitant lentement sa queue, le reptilien l’écouta avant d’agiter les oreilles. Oh oui il voulait bien profiter de ses conseils pour un entraînement, mais en retenant ses coups, ça lui allait très bien comme idée.

« ça marche. Je n’ai de toute façon aucune envie de te blesser ou qu’on se fasse du mal. »

Non, se blesser ce n’est pas son truc, son truc à lui c’est de soigner les autres. De les voir heureux et en forme. Il l’avait déjà dit à Léo d’ailleurs. Il vit Sushi s’approcher encore et agita les oreilles, avant d’entendre ses paroles et d’opiner de la truffe avant de souffler.

« Un secret, j’ai du mal quand les autres sont trop prêt… ça me met mal à l’aise comme toi quand tu n’a pas tes vêtements. »

Lui dit-il en approchant sa truffe de l’oreille du mâle avant de reculer et de l’observer. Il l’écouta alors le voyant mimer un tremblant tout en l’entendant parler de Tawana qui avait voulu le mettre à nu. A pauvre Sushi. Tawana n’avait pas le don lui, il ne localisait pas une blessure sans la voir. Il agita lentement les oreilles se recouchant en sphinx, gardant son cadeau entre ses pattes en l’écoutant.

« C’est mon mentor, il est un peu bizarre mais pas méchant. Faut pas t’en faire. »

Oui, il avait toujours trouvé Tawana un peu spéciale en soit. Mais s’il n’avait pas été spéciale, il ne lui aurait jamais demandé de devenir son apprenti. Si Tawana avait été ordinaire, il l’aurait sans doute ignoré, l’aurait oublié, et il serait devenu un loup fantômes de plus dans la meute.

Sushi l’observa, il se saisit de l’étendue de sa perplexité en voyant l’autre cligner des yeux un peu comme l’on chasse les dernières ébauches d’un rêve ou d’une hallucination. Peut-être se montrait-il un peu trop resplendissant pour les pauvres yeux du jeune loup qui semblait souvent plongé dans des souvenirs sombres. Trop excentrique pour sa fragile pensée. Ou bien est-ce qu’il le jauge ? Suite à leur dernière rencontre, cela n’aurait pas été très étonnant. Sa queue continue à battre joyeusement alors qu’il détaille le jeune guérisseur de son regard émeraude. Il s’agite penche la tête et continue à l’observer sous un autre angle. Qu’y avait-il d’étonnant à ce qu’il se montre observateur ? Il aurait été bien sot de ne pas remarquer que le jeune loup s’intéressait plus à ces plantes là qu’aux autres, elles étaient loin d’être les plus belles fleures du petit carré d’herbes où il l’avait conduit afin d’en cueillir un bouquet exquis.

« L’observation est l’une des qualités des véritables artistes. Il faut avoir l’œil pour pouvoir toucher son public, là. » Il désigne de la patte la poitrine du jeune loup noir. « Elles ne feraient pas un très joli bouquet de fleur si tu veux mon avis, alors autant qu’elles servent à quelque chose d’autre. »

Il sourit de nouveau de toutes ses dents sans quitter des yeux le jeune apprentis, écoutant ce qu’il avait à lui dire avec autant d’attention qu’il pouvait en donner. Il est vrai qu’il n’était certainement pas le jeune loup le plus posé du castel, mais il était quand même capable de faire preuve d’un peu de concentration.

« Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise, j’aime juste beaucoup la compagnie des autres, c’est tout. J’ne veux aucun mal à personne, je te l’assure. Je t’assure, c’est pas si mal, c’est même réconfortant parfois. Une patte sur l’épaule, un museau enfoncé dans une fourrure chaude, et hop, tous les ennuis ont disparus. » Il hausse les épaules tout en parlant, c’était bien la première fois qu’il se voyait expliquer des choses aussi simplistes, ne comprenant pas trop ou était le problème, car il était dans sa nature de se montrer trop amical même avec les étrangers.

« Alors tu vas devenir guérisseur comme le lycaon ? »

Le jeune loup se retint d’avoir des gestes amicaux envers le loup noir, si celui-ci ne les appréciait guère alors autant s’en passer. Mais c’était compliqué, il était plutôt du genre amical et collant, plus que distant et froid. Alors il s’agite encore. Il prend un air un peu espiègle.

« Tu sais qu’il y a bien un moment où tu vas devoir te tenir très proche de tes patients ? » Il ricane quelque peu taquin.

› Saqqarah
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Saqqarah restait perplexe, bien que joyeusement surpris par Sushi. Il était un louveteau qu’il trouvait pour ainsi dire agréable. Le jugement n’étant pas dans ses habitudes, il ne se fiait qu’à une seule chose, ce qu’il se passait actuellement entre eux. Il l’écouta alors, souriant à peine, un sourire fugace qui eut vite fait de disparaître. Saqqarah n’était pas expressif, et lire correctement en lui était un art plus qu’une connaissance.

Avoir l’œil était aussi utile dans le cadre de la médecine. Mais c’était un œil différent qu’il fallait. Le jeune mâle remuait doucement la queue en l’écoutant, reculant instinctivement à son mouvement avant de continuer à l’écouter. Peut importait qu’elles ne fassent pas un jolie bouquet. Le beau était relatif, et c’était le domaine des artistes comme Ely, ou comme Sushi du coup.

« La meute va avoir un Ely deux »

S’amusa-t-il doucement, pas moqueur du tout. Il admirait Ely et sa capacité à exploiter la beauté des choses pour exprimer une pensée et mettre en avant les valeurs de la meute. Ainsi donc il aime la compagnie des autres. Intéressant, Saqqarah était pour ainsi dire tout l’inverse. Il aimait être loin des autres et observer sans parler et sans s’approcher. Il ne voulait pas créer de lien et il refusait vivement les contacts, ne les comprenant pas. En fait il ne comprenait jamais ce que l’on attendait de sa personne. Il hocha la tête aux paroles de Sushi, prenant une leçon gratuite.

« Je n’ai jamais expérimenté le contact alors… même si ça me gène, continue a être naturel avec moi. Je finirais sans doute par comprendre le bien que ça peut m’apporter. Mais je ne saurais comment te soutenir du coup… »

Observa-t-il, légèrement désolé. Oui, si Sushi aimait le contact, comment Saqqarah pourra le soulager de ses peines, l’aider, ou le soutenir moralement s’il refusait lui-même le contact. A c’était difficile. Les liens demandaient de s’adapter, des adaptations qu’il n’avait pas encore forcément acquises. A sa question beaucoup plus terre à terre et simple Saqqarah agita les oreilles.

« C’est ce que je voudrais, tu penses que je ferais un bon Panseur ? »

Saqqarah l’écouta avant de gonfler les joues en le fixant, avant de lui tirer la langue.

« Je m’adapterais écoute ! »

Il ne pouvait de toute façon pas faire autrement. En le voyant se dandiner sur place l’apprenti Panseur roula des yeux en levant la truffe vers le plafond du Castle avant de s’approcher de Sushi, venant s’asseoir à côté de lui avant de lui donner un coup d’épaule amical et doux.

« Arrête de trépigné, j’ai pas dis interdit de me toucher, j’ai dis que ça me mettais mal à l’aise, t’es drôle toi. »

Ouai, il était drôle, Saqqarah était parfaitement capable de s’adapter. C’est ce qu’il voulait de toute façon. Grandir, évoluer, faire les choses comme il faut. Réussir à se sociabilisé plus que son père du moins.

Le jeune sushi était assis mollement sur sa croupe ronde de louveteau. Il l’observe un instant,, figé c’était à son tour de se montrer perplexe d’être comparé à un autre. C’était bien la première fois qu’il se trouvait confronté à un semblable et non à ce qu’il n’était pas, un panseur, une épée, un bouclier. Quelqu’un comme lui ? Jamais il ne l’aurai imaginé. Il penche la tête un peu plus encore, alors qu’une de ses oreilles retombes sous son propre poids. Finalement, même s’il ne comprend pas tout, il sourit de nouveau, les yeux mi-clos, enchaînant avec un amas de question afin de mieux comprendre où l’autre jeune loup sombre voulait en venir.

« Ely ? Qui est Ely ? Et pourquoi la meute devrait en avoir un second ? La meute éprouve-t-elle le besoin ? »

Est-ce que la meute avait besoin de lui et de toutes ses excentricités ?
Le louveteau émeraude était bien au dessus de ces considérations morales, il ne cherchait à être utile qu’à ceux dont il était un minimum proche. Servir les siens n’était peut-être pas une préoccupation chez lui aussi prenante que chez le jeune Saqqarah. Vouloir servir, vouloir soigner, voici de grandes ambitions. Admirables, elles l’étaient pour le louveteau couleur de menthe, lui dont le destin n’était alors pas fixé. Et ne le serait peut-être jamais. Être sensible et perméable, rivalisant à la fois de faiblesse et de grandeur d’âme, peut-être que jamais il ne se trouvera à même de faire ce choix qu’avait fait le louveteau sombre. Prendre une décision, s’inscrire dans un rang et dirigeant sa vie selon les préceptes liés à ce même rang. Il était comme l’eau. Imprévisible. Changeant. Ce qui rendait pour lui difficile de ne devoir faire qu’un seul et unique choix de carrière. Alors il ne prenait aucune décision pour l’instant. C’est à peine si cette idée effleurait son esprit naïf.

Quel drôle de loup que celui qui ne sait apprécier les contacts physiques avec les membres de sa propre meute. Cela dépassait un peu le jeune Sushi bien plus spontané. Qui parfois même oublié totalement de demander l’avis de quelqu’un avant de lui taper sur l’épaule ou de se coller à côté de lui. Un tort certes, qui finirait bien par lui jouer quelques tours.

Néanmoins, s’il pouvait rendre service, il le ferai et même s’il devait pour cela se contenter de donner son avis quant aux choix d’un autre louveteau. Il passa son poids d’un patte à l’autre, pensif un instant. Puis il lâcha dans un souffle.

« Je pense que tu ne devrais pas trop t’inquiéter pour cela. Si tu fais preuve de suffisamment de volonté, tu finiras bien par y faire ta place. »

Il hausse les épaules bien hautes. Une évidence pour lui, quoi qu’il advienne tout lui semblait possible. Le souhait du jeune loup après tout n’avait rien d’irréalisable, c’était une décision assez banale si l’on omet sa difficulté avec le contact lupin. Il s’agite encore, passant d’une patte à l’autre. Puis il se laisse tomber à ses côtés, flanc contre flanc. Et il est heureux.

› Saqqarah
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Saqqarah l’écoute faire un défilé de question, avant de mettre les oreilles à l’horizontal. Une pensée le traversant. Ne te soucie pas de ce que te demande la meute, tu n’es pas né pour lui plaire. Tu es né sans rien demandé à personne, tu mouras sans le vouloir, alors qu’on te laisse vivre ta vie comme tu l’entends au moins… Mais il n’ouvrit pas la bouche pour répondre ça. Il était trop sage, et trop bien élevé, éduqué dans l’idée d’être là pour la meute, né dans les règles d’un tournois qui le forçait inconsciemment à être une chose qu’il ne supportait pas d’être. Il souffla longuement.

« Ely est un artiste, mais c’est quelqu’un de bien. Toi aussi tu es un artiste, et tu as énormément de qualité, même si tout le monde ne les vois pas. »

Saqqarah était tout de même satisfait de la réponse qu’il avait pu donner. Parce qu’il avait été sincère, tout en ne disant pas tout ce qu’il avait pu penser. Il détestait mentir. Mais ne pas dire toute sa pensée n’était pas tout à fait la même chose. Il observait le jeune loup trépigner avant de l’écouter et de sourire.

« J’espère que tu as raison… »

Il l’espérait oui, il le voulait vraiment, être Panseur, être utile à quelqu’un aussi… Il rêvait parfois d’être vraiment utile à quelqu’un. Pas juste pour une seconde… Mais… A c’était tellement compliqué ce qui le traversait. Il ferma les yeux avant de sentir Sushi se caler contre lui. Il rouvrit les yeux, soupirant avant de poser sa truffe sur les omoplates de Sushi.

« T’es bizarre… mais je t’aime bien »

Conclusion claire et précise. Il le trouvait très étrange, mais aussi très agréable. Il l’aimait bien ce jeune loup. C’était clairement son ami. Et il était content de l’avoir rencontré au final, même si leur premier rencontre laissait clairement à désirer.

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